La vision laitière du monde a changé positivement
Au-delà des soubresauts conjoncturels, l’avenir laitier reste positif. Les entreprises françaises misent sur l’exportation vers les pays émergents.
sans souffrir d’un écart de compétitivité.
« La détérioration de la conjoncture laitière de ces derniers mois ne remet pas en cause les fondamentaux du marché », a rappelé Benoît Rouyer, économiste au Cniel, lors d’une conférence au Sommet de l’élevage. Le déséquilibre actuel résulte du fort dynamisme de la production chez les deux principaux fournisseurs du marché mondial (Nouvelle-Zélande, UE) et de l’embargo russe qui provoque un jeu de chaises musicales parmi les fournisseurs de la Russie. S’il faut désormais composer avec la volatilité des marchés, la vision laitière du monde est bien plus positive qu’il y a dix ans et la France détient davantage d’atouts, assure Benoît Rouyer. Il y a dix ans, les opérateurs français estimaient qu’il fallait « renoncer progressivement à tous les produits fortement exportés sur les pays tiers (avec des restitutions) et se recentrer sur les produits de grande consommation vendus sur les marchés français et européen. "
Aujourd’hui, l’avenir laitier ne se dessine pas uniquement dans les zones les plus compétitives, comme en attestent les investissements des grands industriels laitiers mondiaux.
« Des investisseurs étrangers croient à notre avenir laitier »
Depuis 2010, les exportations françaises se développent nettement plus vite que les ventes sur le marché de détail français. « L’écart de compétitivité avec l’Océanie tend à se resserrer. Les entreprises françaises, pour une large gamme de produits, peuvent exporter toute l’année sur le marché mondial sans souffrir d’un écart de compétitivité. » Le coût de production a été multiplié par trois en Nouvelle-Zélande depuis douze ans, à cause notamment du prix de la terre qui a quintuplé.
Les entreprises laitières européennes ont désormais les yeux rivés sur les pays émergents fortement déficitaires en produits laitiers et ont la conviction de pouvoir s’y implanter durablement. Les importations de produits laitiers secs notamment se développent très rapidement. « Cette demande est structurelle et va s’amplifier », prévoit Benoît Rouyer. Ces pays sont dans l’incapacité de pourvoir à leurs besoins en produits laitiers car ils sont confrontés à de graves problèmes de ressources (eau, terres…) et à des modèles de production hors sol très coûteux et très dépendants d’intrants importés. Le prix du lait en Chine est nettement plus cher qu’en France (500 €) et cet écart se maintiendra. Ce n’est pas pour rien que des industriels chinois investissent en Europe et plus particulièrement en France.