"Je ne comprends pas. Je n’ai rien changé à la ration et le lait chute dans le tank. » « C’est bizarre, les taux ont décroché par rapport au dernier contrôle, sans raison apparente. » Deux grands classiques en exploitations laitières, qui n’ont pas fini de donner du fil à retordre aux éleveurs. L’alimentation est à l’origine d’une bonne partie des troubles observés en troupeau laitier, même si d’autres facteurs comme le bâtiment ou les pathologies infectieuses peuvent intervenir.
Pour trouver la source du problème et rectifier le tir, rien de tel qu’un oeil neuf et objectif. C’est l’enjeu des diagnostics d’alimentation. Ils aident parfois à prendre du recul et à ne pas tomber dans la routine. « L’éleveur a l’impression qu’il n’a rien changé à la ration, mais peut-être y a-t-il eu une modification de pratique dont l’enchaînement a pu provoquer un dysfonctionnement alimentaire... », avance Philippe Brunschwig, de l’Institut de l’élevage.
« En nutrition, on parle de l’équilibre énergie-protéines et du bon taux de fibres et minéraux. Mais ne perdons pas de vue non plus l’ensemble des facteurs qui influencent le comportement alimentaire d’une vache », souligne Thierry Hétreau, rompu à l’observation des Signes de vaches. Sur la même longueur d’ondes, Obsalim, diffusé par les vétérinaires du GIE Zone Verte, part du constat que tout problème alimentaire se reflète sur les animaux à travers leur comportement, leur état et leurs résultats. Les éleveurs qui savent repérer et décrypter les signes émis par les animaux disposent d’un outil intéressant pour piloter l’alimentation au quotidien.
Aucune ration calculée ne correspond exactement à ce que la vache ingère en pratique. Un calcul de ration sert seulement de base, mais il doit être vérifié et adapté aux condition réelles. DiagAlim, l’audit proposé par l’Institut de l’élevage, se décline à la façon d’un « tour de ferme » exhaustif et sans concession pour réviser plus largement les conditions d’alimentation, sans occulter l’observation des animaux.
L’outil Visiolait, conçu par Valorex, procède, quant à lui, à un cheminement inverse. Au lieu de regarder les vaches et ce qu’elles mangent, on regarde ce qu’elles produisent. C’est l’analyse de la composition fine du lait qui détermine si la ration est bien valorisée. ■ Emeline Bignon
Sommaire du dossier
Page 80 : L’audit alimentation de l’Institut de l’élevage, Diag Alim, décortique vos pratiques
Page 88 : Avec Obsalim, des vétérinaires du GIE Zone verte, ajustez l’alimentation en observant les vaches
Page 92 : La vérité sort aussi de la bouse des vaches - Guide « Signes de vaches»
Page 94 : L’efficacité de la ration se lit aussi dans le lait - Visiolait, de Valorex