La fromagerie Dischamp investit significativement
Spécialiste des AOP du Massif central, Fromageries Paul Dischamp a investi en interne et externe. Elle poursuit son soutien des jeunes installés et sur la revalorisation du prix du lait.
Spécialiste des AOP du Massif central, Fromageries Paul Dischamp a investi en interne et externe. Elle poursuit son soutien des jeunes installés et sur la revalorisation du prix du lait.
À Saint Flour, dans le Cantal, l’entreprise familiale Fromageries Paul Dischamp a inauguré en octobre un atelier de transformation et d’affinage tout neuf dédié au cantal au lait pasteurisé et au cantal au lait cru, ainsi qu’une boutique de vente directe. Il s’agit d’une modernisation et d’une optimisation des activités (remplacement de deux unités distantes de près d’une demi-heure, récupération d’une fabrication jusque-là sous-traitée), mais aussi d’une augmentation des capacités d’affinage.
« C’est la première fois de notre existence (épopée familiale démarrée en 1911) que nous construisons une fromagerie toute neuve !, affirme Arnauld Dischamp, vice-président de l’entreprise. C’est un investissement majeur, de l’ordre de 9 millions d’euros. Nous le faisons pour doubler notre capacité d’affinage de cantal AOP de 550 à 1 100 tonnes, car nous croyons fortement à l’avenir de notre fromage local. »
Rentabiliser l’outil dans un contexte d’inflation
Néanmoins, cet investissement s’achève dans un contexte inflationniste difficile à gérer pour l’entreprise. « Tous nos coûts augmentent (énergie, emballage, salaires), or nous avons du mal à faire passer des hausses de prix à nos clients. Les tarifs de vente ont augmenté de l’ordre de 8 % (moyenne toutes gammes de produits) après deux phases de négociation achevées en juillet 2022. Nous préparons une hausse plus significative pour 2023, compte tenu aussi du besoin marqué et continu de revalorisation du lait. »
Diversifier les débouchés
La principale interrogation est le comportement du consommateur face à ces prix. « Nous commençons à voir un recul des ventes sur certains produits avec des prix de vente consommateurs plus élevés, comme des saint nectaires fermiers par exemple. Mais nous n’avons pas le choix. Il faut répercuter les hausses de coûts », insiste Arnauld Dischamp.
Pour être plus solide, l’entreprise travaille à diversifier son portefeuille clients. « Nous développons l’export et la notoriété de notre marque en dehors de l’Auvergne. » Tout cela répond au défi d’améliorer encore le taux de transformation du lait sous cahier des charges AOP.
Une croissance externe en 2022
L’entreprise Dischamp investit aussi dans son usine à saint nectaire avec une hausse des capacités d’affinage et une rénovation des caves existantes. Des panneaux photovoltaïques ont été installés sur les sites industriels pour réduire sa consommation d’énergie et sa dépendance aux énergies fossiles. L’entreprise a également opéré une croissance externe en achetant une fromagerie sur les contreforts des Pyrénées, qui affine des fromages au lait de vache, brebis et chèvre. « Cela permet de développer des synergies commerciales. »
Chiffres clés
Environ 270 exploitations laitières, dont des producteurs fermiers
Près de 57 millions de litres de lait collectés, dont 90 % sous cahier des charges AOP cantal, saint nectaire, fourme d’Ambert, bleu d’Auvergne ou salers. 10 % sont du lait de montagne.
Une politique de soutien aux éleveurs
Le défi de Fromageries Paul Dischamp est de maintenir une dynamique laitière sur sa zone de collecte. « Malgré la baisse du nombre de fermes laitières ces dix dernières années, notre collecte s’est à peu près maintenue, car nous avons une politique d’accompagnement des jeunes installés et des investisseurs, explique Arnauld Dischamp, vice-président de l’entreprise. Pour eux, nous garantissons un prix du lait sur sept ans. Cela peut représenter une revalorisation entre +30 et +50 €/1000 l selon les différents laits AOP ou conventionnel et selon les années. Le prix garanti est négocié chaque année avec nos représentants de producteurs en OP. » En Gaec, ce prix s’applique sur le volume correspondant aux parts sociales détenues par le jeune.
« Pour l’attractivité du métier, nous voulons aussi permettre aux producteurs d’accéder à un service de remplacement de qualité, en y participant avec un service géré en interne. C’est à l’état de démarche, qu’il faudra mettre en pratique », ajoute-t-il.
Fromageries Dischamp a aussi accompagné l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits des hangars et stabulations agricoles. Pour participer au "verdissement de la filière", mais aussi comme un soutien à la rentabilité et donc à l’attractivité des élevages de montagne.