Reproduction des bovins
La fertilité se dégrade rapidement en Prim´Holstein
Reproduction des bovins
La sélection poussée sur la production laitière a nettement dégradé le taux de réussite en première insémination en Prim´Holstein alors que la fertilité s´est maintenue en Montbéliarde et en Normande.
Entre 1995 et 2001, le taux de réussite en première insémination en race Prim´Holstein a baissé d´environ 5 points pour s´établir à 40-45 % selon le rang de lactation. Le phénomène est d´autant plus marquant que sur la même période, la fertilité s´est maintenue autour de 50 à 55 % en race montbéliarde et normande.
Cette tendance a été décrite par Didier Boichard, directeur du département de génétique appliquée à l´Inra, à l´occasion de la journée Reproduction, génétique et performances organisée à Paris le 6 décembre par l´Association pour l´étude de la reproduction animale (AERA).
Orientaton de la sélection en cause ?
La moitié de la dégradation des performances de fertilité est imputable aux orientations de la sélection dans cette race. « La corrélation génétique entre le taux de réussite en première insémination mesurée en début de lactation est défavorable (-0,3 à - 0,5) de sorte qu´une sélection orientée uniquement vers la productivité laitière dégrade probablement le taux de réussite de - 0,3 à - 0,5 point par an. »
L´augmentation de la consanguinité (+ 0,2 %/an ) aggrave le phénomène. « Les caractères peu héritables comme le taux de réussite en première insémination (h2 = 1 à 2 %) sont plus sensibles à la consanguinité. »
Ce scientifique explique par ailleurs « que contrairement à l´idée couramment répandue, héritabilité faible ne signifie pas absence de variabilité génétique. L´écart-type génétique est d´environ 5 points de réussite à l´insémination artificielle, ce qui offre des possibilités importantes d´amélioration et surtout de dégradation. »
Des propos que Pascale Le Mézec, ingénieur Institut de l´élevage, illustre avec le cas du trop utilisé Mascot dont « l´index fertilité moyen des 74 fils agréés est de - 1,2. »
Les petites filles de ce taureau ont donc en moyenne une probabilité plus forte que les autres femelles de la race d´avoir une moins bonne fertilité. Mais la faiblesse de son index fertilité n´était pas connue à l´époque.
Des anomalies génétiques telles que le CVM ont également participé à cette dégradation de la fertilité.
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Fertilité minimale en hiver
Les effets non génétiques ne sont pas en reste. Didier Boichard note l´influence du rang de lactation. «La fertilité décroît quasi linéairement avec le numéro de lactation -1 à - 2 %/ lactation)».
Plus ennuyeux, parce que correspondant à la période maximale d´activité des centres d´insémination, «la fertilité est généralement minimale en hiver avec un creux d´environ - 2 à - 5 % suivant les régions.»
Le taux de réussite baisse de 2 à 4 points le lundi quand l´activité du dimanche est réduite.
De là à tout mettre sur le dos de la sélection sur la production laitière, sur la période d´insémination. il n´y a qu´un pas à ne pas franchir comme l´attestent par exemple les très bons résultats obtenus par certains élevages à très haut niveau de production laitière.
Jean-Michel Philippot, responsable reproduction à l´Urcéo souligne que depuis 1997, le taux de non retour à 75 jours ne s´est pas dégradé sur la zone d´activité de cette unité de sélection, et « qu´il a même tendance à s´améliorer pour les génisses ».
Une tendance qu´il explique entre autre par la mise en place d´actions concrètes sur le terrain (suivi d´élevages, formation des éleveurs. menées conjointement par l´Urcéo, les contrôles laitiers et les Chambres d´agriculture d´Ille-et-Vilaine et du Finistère.
Enfin, ne perdons pas de vue que depuis juin 2001, l´Isu a intégré des caractères fonctionnels tels que la fertilité. Ce critère pèse pour 1/8 dans la valeur globale de l´Isu d´un taureau.
Cette nouvelle orientation devrait porter ses fruits dans les élevages d´ici 6 à 10 ans selon Didier Boichard.