Michel DUMONT, de l’EARL Dumont, dans le Calvados
« Je cultive du méteil grain, un concentré économe et équilibré »
technique
facile et
économique »
« Je suis toujours à la recherche d’un maximum d’autonomie sur notre élevage de 60 vaches à 9 300 litres et 90 truies naisseur-engraisseur.
Je cultive depuis plusieurs années déjà divers protéagineux (lupin, pois…), du colza que je presse à la ferme, ainsi que de la luzerne.
L’année dernière, j’ai semé fin octobre 9 ha de méteil que j’ai récolté en grain début août. Le mélange se constitue pour 50 % de céréales et 50 % de protéagineux. J’ai utilisé du triticale (Joyce, 70 kg/ha), de la féverole (Diva, 40 kg/ha), du pois fourrager (Assas, 10 kg/ha) et du pois protéagineux (Enduro, 29 kg/ha).
Je sème en deux temps : d’abord la féverole avant labour, et le reste, après labour, à 2-3 cm de profondeur. Je préfère enfouir davantage la féverole (15 cm) car elle est sensible au gel (-12 °C). Juste après le semis, je passe un herbicide de pré-levée ; c’est le seul apport d’intrant.
L’intérêt du méteil tient à sa rusticité et à la complémentarité entre les cultures de céréales et légumineuses.
Pour la récolte, je me base sur la maturité de la féverole. Cette année, quand j’ai récolté (première décade d’août), les pois étaient déjà mûrs depuis un mois, mais ils ne sont pas égrainés. La moissonneuse est réglée comme pour de la féverole. Pour éviter les bourrages, mieux vaut positionner une scie à colza au niveau des diviseurs. Il n’y a pas eu de pertes derrière la machine. Contrairement aux mélanges qui contiennent de la vesce, rien n’avait versé. Le rendement s’est élevé à 50 q/ha. Visuellement, le triticale semblait prédominant ; il a représenté 51 % du rendement dans la trémie, les pois 18 %, et 31 % pour la féverole.
EN CAS D’ANNÉE DIFFICILE, LE MÉTEIL SERT AUSSI DE FOURRAGE D’APPOINT
Les analyses réalisées par la chambre d’agriculture indiquent des valeurs alimentaires de 1,06 UFL/kg MS, 109 PDIN et 89 PDIE.
Le méteil grain est conservé dans une cellule de stockage comme une céréale classique, puis broyé avant la distribution ; les fanes sont utilisées comme litière.
Cet automne, j’en ai semé 13 ha, mais en réduisant cette fois un peu la part du triticale par rapport à l’ensemble des protéagineux (40/60). Avec une part de féverole plus importante dans le mélange, celle-ci surmontera plus facilement l’écran végétatif créé par le triticale.
L’autre intérêt que je vois à cultiver du méteil est de pouvoir le récolter en fourrage, si on craint un manque de stock. Nous sommes situés en zone sèche, plutôt qu’ensiler des céréales immatures au printemps en cas de pénurie, autant miser sur le méteil, qui ramènera davantage de protéines dans la ration. »