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Huit points pour un meilleur confort de traite

Les troubles musculo-squelettiques, dus à des mauvaises postures, sont fréquents chez les trayeurs. Améliorer le confort de traite en installant des équipements appropriés n’est pas du luxe !

Selon la Mutualité sociale agricole, 15 % des accidents du travail des éleveurs de bovins surviennent en salle de traite. Des glissades sur le sol, des chutes dans des escaliers… À ces accidents déclarés s’ajoutent des douleurs qui apparaissent au fur et à mesure des années : troubles musculo-squelettiques des membres supérieurs (syndrome du canal carpien, épicondylite du coude, tendinopathies de l’épaule), lombalgies. « Pratiquement toutes les personnes qui interviennent régulièrement en salle de traite classique ont des problèmes aux épaules », constate Estelle Leibundgut, conseillère en prévention à la MSA Ain-Rhône. En cause, un travail trop fréquent au-dessus du niveau des épaules. Les équipements inadaptés qui génèrent de mauvaises postures, les mouvements répétés du poignet et de la main, les ports de charges, les aménagements dangereux… sont autant de facteurs de risques. Lors d’un nouveau projet, c’est bien évidemment dès la conception qu’il faut penser au confort de traite. Mais, dans des salles de traite existantes, des aménagements peuvent être réalisés pour l’améliorer.

1 Travailler dans la zone de confort

L’accessibilité à la mamelle est un élément déterminant pour maintenir une bonne posture tout au long de la traite. « Le principe est de rapprocher le plus possible la mamelle du trayeur. Tout doit être mis en œuvre pour dégager un espace optimal d’au moins 70 cm autour de la mamelle », indiquent les MSA et les organismes d’élevage de Bretagne dans une brochure technique. L’accessibilité dépend à la fois de la hauteur du quai de traite et de l’emplacement du matériel : faisceaux trayeurs, plateaux de lavage, boîtier de commande du décrochage…

 

 
La bonne posture : buste droit, les bras sous le niveau des épaules, en évitant de les mettre en extension. © MSA Ain-Rhône

 

Le trayeur doit travailler le buste droit et éviter de lever les bras au-dessus du niveau des épaules, de les mettre en extension ou de se pencher parce que le champ visuel est masqué par des équipements. La hauteur du quai doit être adaptée à la taille du trayeur qui intervient le plus souvent (80 cm pour 1,70 m ; 90 cm pour 1,80 m et 10 cm de plus en TPA). Les trayons doivent se situer à une hauteur comprise entre les coudes baissés et les épaules. Quand plusieurs trayeurs de tailles très différentes interviennent dans la salle de traite, il faudrait envisager l’installation d’un plancher mobile. En salle de traite épi 30°, les quais et stalles sinusoïdales améliorent la posture (moins de torsion du bassin) et donnent une bonne visibilité de l’ensemble de la mamelle.

2 Des équipements à portée de main

Pendant la traite, l’objectif est de supprimer les mouvements nocifs pour le corps, notamment les flexions et torsions du dos. Ce qui signifie avoir tous les équipements et boutons de commande à portée de main, notamment ceux pour la fermeture des portes. Dans le cas d’un système pneumatique, multiplier les interrupteurs et les placer dans la zone de confort (au niveau du quai). Avec une ouverture manuelle, placer la commande de sorte à diminuer l’angle de sollicitation de l’épaule et installer un système de démultiplication ou contrepoids pour réduire l’effort de traction. S’équiper aussi d’une servante sur rail ou roulettes positionnée au milieu de la fosse pour avoir les produits, les lavettes ou la paille de bois à bonne hauteur. Installer le support du dérouleur de papier plus haut que la tête pour ne pas se cogner et dérouler le papier pour que les feuilles ne soient pas plus hautes que les épaules.

3 Préserver les mains et les poignets

Premier jet, prétrempage et désinfection des trayons, essorage des lavettes… Par ses mouvements répétitifs (640 pressions par traite pour 80 vaches), la préparation de la mamelle sollicite énormément les mains. Pour les préserver, privilégier des gobelets souples avec récepteur coudé et à niveau constant ainsi que des produits fluides. Si on fait le choix d’un pulvérisateur, préférer un modèle à bouton plutôt qu’à gâchette et l’accrocher dans la zone de confort (rive de quai). Ajuster leur nombre à la largeur de la fosse et au nombre de postes. Il y a aussi la solution du faisceau trayeur avec trempage automatique des trayons. Quant aux lavettes, plutôt que de les mettre à tremper dans un seau, ce qui nécessite de les essorer, utiliser des lavettes lavables en machine.

4 Alléger les faisceaux et placer les commandes à bonne hauteur

S’il est une tâche répétitive qui peut occasionner des lombalgies ou des TMS, c’est bien la pose et dépose des faisceaux trayeurs. Le décrochage automatique, qui équipe désormais de nombreuses salles de traite, est un progrès indéniable à condition que la commande n’impose pas des mouvements d’extension des bras et des cervicales. Leur positionnement doit être judicieusement étudié et la cordelette ne doit pas se situer dans l’axe de vision.

Le poids des griffes est aussi un élément essentiel du confort. Rémi Berthet, d’Acsel Conseil élevage (Ain) organise avec la MSA des formations sur le confort de traite. « Un des élevage visités a gagné 900 grammes par griffe, soit 34 % du poids initial. Il a composé le faisceau en choisissant pour chaque élément le meilleur compromis entre légèreté et robustesse. La différence est saisissante quand on les prend en main. » Quand ils sont mal positionnés, les plateaux de lavage provoquent des sollicitations excessives du dos. Escamotables ou non, ils doivent être installés dans la zone de confort du trayeur.

5 Porter le moins possible

L’évacuation des laits non commercialisés dans des pots génère beaucoup de manutention et ports de charges. Pour y remédier, plusieurs solutions : déplacer les bidons sur un chariot, s’équiper d’un taxi à lait ou installer un lactoduc secondaire. Et, quand il faut porter, adopter la bonne posture : charge collée au corps, colonne vertébrale droite, plier les genoux pour atteindre la charge.

6 Prévenir les chutes et glissades

 

 
Douchettes et seaux suspendus, rouleaux de papier à portée de main, escalier sécurisé... Une salle de traite fonctionnelle et ergonomique. © MSA Ain-Rhône

Un escalier mal fixé, sans rambarde, mal positionné, trop abrupt, glissant… et la chute n’est jamais loin. « Tous les éleveurs nous disent avoir chuté un jour ou l’autre dans leur salle de traite, sans forcément se faire très mal », relève Estelle Leibundgut. Un escalier fonctionnel et sécurisé doit avoir deux mains courantes fixées à 90 cm de hauteur par rapport aux marches. Les dimensions de marche recommandées sont 18-20 cm de hauteur, 23-25 cm de longueur, 60 cm de largeur (au moins 80 cm si on passe avec des seaux). À proscrire les surfaces lisses et les juxtapositions de matériaux différents. Un chien électrique, barrière poussante ou chien de troupeau permet de moins les emprunter. On peut aussi chuter ou glisser de plain-pied. Attention à la nature et à l’usure des revêtements de sols, au type de chaussure portée, à la vitesse de déplacement, aux souillures et objets entravant la circulation… Installer un enrouleur pour éviter de laisser traîner les tuyaux d’eau au milieu de la fosse.

7 Une éclairage d’au moins 200 lux

« Un éclairage approprié favorise un environnement de travail plus sûr, plus efficace et plus agréable, recommandent les MSA et organismes d’élevage de Bretagne. Les zones d’ombre diminuent la visibilité et imposent au trayeur de se pencher pour mieux observer et intervenir sur les mamelles. » Ils préconisent un éclairage minimal de 200 lux en salle de traite et de 400 à 500 lux au niveau de la mamelle. Pour cela, prévoir d’installer des spots dans le sol ou dans les rives de quai quand on réalise une nouvelle installation. Utiliser de préférence des tubes fluorescents protégés dans des boîtiers étanches, les installer dans l’axe de la fosse entre 2,20 et 2,50 m de hauteur mais sous les structures pour éviter les zones d’ombres. Et, bien évidemment, les tenir propres.

8 Silence, on trait

L’exposition au bruit entraîne des pertes d’audition et divers troubles de santé. Des mesures ont montré une intensité moyenne de bruit en salle de traite de 83 décibels (dB), niveau qui se situe dans la limite basse de la zone dangereuse. La réglementation prévoit le port obligatoire de protections individuelles à partir de 85 dB (et la mise à disposition à partir de 80 dB). Mais les premières mesures de protection consistent à réduire le bruit à la source. Éloigner par exemple la pompe à vide en l’installant dans un local avec isolation acoustique.

Échauffez-vous avant l’effort

S’échauffer avant la traite permet de limiter les risques d’accidents

 

 
Échauffement pour le haut du dos. © MSA Ain-Rhône

 

La traite sollicite fortement les muscles, les tendons et les articulations. Les sportifs pratiquent échauffements et étirements pour éviter les accidents. Il n’est pas ridicule pour un trayeur d’en faire autant. La MSA Ain-Rhône propose des exercices d’échauffements et d’étirements appropriés aux travaux agricoles. L’échauffement est indispensable pour préparer l’organisme à l’effort, surtout quand on démarre le travail tôt le matin par des températures basses. Il ne prend que quelques minutes et peut même être réalisé en rassemblant les vaches. Tant pis si le voisin vous surprend dans des postures bizarres ! « Quel que soit le travail, les accidents ont souvent lieu lors de la première heure de prise de poste », constate Estelle Leibundgut.

Pour un échauffement efficace, cumuler les trois exercices suivant en prenant soin de bien respirer :

1 - pour le cœur et les jambes : effectuez 20 flexions des genoux ;

2 - pour le haut du dos : mettre les mains derrière la nuque, tourner le corps à droite puis à gauche en gardant les pieds fixes (durée : deux minutes) ;

3 - pour les bras : écartez les bras à l’horizontale puis rapprochez-les en veillant à les garder bien tendus (durée : deux minutes).

En savoir plus

Brochure sur les risques en salle de traite des MSA et organismes d’élevage de Bretagne : https://bit.ly/33o9w4A

Vidéos des exercices d’échauffement et d’étirement de la MSA Ain-Rhône : https://bit.ly/2KUkj0f

Avis d’éleveur : Stéphane Bonne, Gaec de Mont de Mangue, dans l’Ain, 900 000 litres de lait

« Un confort de traite satisfaisant »

 

 
Stéphane Bonne, Gaec de Mont de Mangue, dans l’Ain, 900 000 litres de lait. « Maintenant, le confort de traite est satisfaisant. » © MSA Ain-Rhône

« Notre salle de traite TPA 2x8 postes, créée en 2004, est équipée d’un plancher mobile avec une course de 20 cm. Nous étions cinq associés avec une différence de taille de presque 20 cm entre le plus petit et le plus grand. La traite est effectuée par une seule personne. En 2015, nous avons changé les griffes en choisissant les plus légères chez DeLaval. Elles ne pèsent que 1,7 kg, contre 2,7 kg pour les anciennes. Avec 110 vaches, cela représente 80 tonnes de moins à manipuler par an. Nous avons pris le dispositif Comfort Start : il suffit de donner une petite impulsion sous la griffe pour qu’elle descende. Nous avons investi 9 800 euros pour les 16 griffes et les plateaux de lavage. Nous avons également mis des tuyaux à lait en silicone, un peu plus légers, et des manchons en forme de trèfle, ce qui nous fait gagner 10 minutes de traite. Pour l’hygiène de traite, nous utilisons des lingettes lavées en machine pour ne pas avoir à les essorer. Nous les mettons dans deux seaux suspendus par une chaînette réglable pour les avoir à la bonne hauteur. Nous utilisons le même produit avant et après la traite avec un gobelet par seau pour éviter les allers-retours. Tout cela donne un confort de traite satisfaisant. Quelques petits points pourraient encore être améliorés. Pour ouvrir la lisse avant, il faut appuyer pendant 30 secondes sur l’interrupteur. L’ajout d’une temporisation serait un plus. Il faudrait également remettre à neuf les plastiques des néons. Depuis la formation avec Acsel et la MSA, j’essaie de faire des échauffements le matin, surtout des bras et des épaules, pendant que je donne les croquettes au chien. »

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