Des outils pour contrer la hausse des prix des protéines
Des éleveurs commencent à utiliser des outils
de gestion du risque de volatilité pour faire face à la hausse
des prix des protéines.
«De 2005 à 2012, le prix du tourteau de soja est passé de 150- 200 €/t à 550 €/t, constate Emeline Bergeron, directrice de l’agence Ouest de Offre et Demande Agricole (ODA), structure de conseil en gestion du risque des prix agricoles. En six mois, il a augmenté de 250 €/t, ce qui pour un éleveur laitier utilisant 40 tonnes de soja par an représente un surcoût de 10000 €. »
Face à la volatilité des cours, des éleveurs commencent donc à suivre de près les cours des matières premières pour pouvoir acheter leurs aliments, et notamment les protéines, au meilleur prix. « En France, environ 900 éleveurs laitiers, qui sont souvent aussi céréaliers, participent aux clubs organisés par Offre et Demande Agricole pour suivre l’évolution des cours des matières premières » indique Emeline Bergeron.
La solution la plus simple est la contractualisation sur 6, 9 ou 12 mois de l’achat de correcteur azoté ou d’aliment complet.
Une autre solution est l’achat de tourteaux physiques aux deux périodes clés d’arrivée du soja, en novembre (soja des États-Unis) et en mai (soja d’Amérique du Sud), avec livraison sur les six mois qui suivent.
Il est également possible de poser des options d’achat du tourteau de soja sur le marché à terme de Chicago (CBOT). « Une option d’achat revient à prendre une assurance pour couvrir la hausse éventuelle su soja, explique Emeline Bergeron. Le prix est fixé définitivement. Si au moment où l’on a besoin du soja, les cours ont augmenté, c’est le prix fixé précédemment qui est appliqué. Le gain réalisé sur le marché à terme permet alors de réduire le prix d’achat des tourteaux sur le marché physique. Et si les cours ont baissé, on achète sur le marché physique à un prix inférieur, en payant seulement le coût de l’assurance. »
Une assurance pour couvrir la hausse possible
Selon la durée et la volatilité des cours, le coût de la transaction s’élève en général à 20-25 €/t. Pour être intéressante, il faut donc que le gain réalisé soit supérieur à ce montant.
Enfin, sur le même principe, il est possible de poser une option d’achat de graines de colza sur le marché à terme Euronext, pour couvrir la hausse possible du tourteau. L’achat sur les marchés à terme nécessite de passer par un courtier, par l’intermédiaire en France du Crédit Agricole, du Crédit Mutuel ou de Agricote Futures.
« Aux États-Unis, tous les agriculteurs sont formés à ces outils lors de leurs études, indique Emeline Bergeron. En France, ce n’est pas le cas et il est indispensable de se former un minimum sur les marchés à terme avant de s’y lancer. C’est toutefois le premier pays en Europe à utiliser ces outils. » En pratique, le suivi des cours des matières premières demande aussi d’y passer un peu de temps. Mais il est possible de réduire ses coûts d’achat des protéines de 10-15 voire 25 %.
Situation délicate jusqu’en mai 2013
Actuellement, le seul soja disponible sur les marchés est le soja américain. Or, du fait notamment de la sécheresse, la quantité de fèves disponibles jusqu’en mars 2013, est en forte diminution par rapport aux années passées et aux prévisions.
En Amérique du Sud, les perspectives de production sont très optimistes. Mais le Brésil a pris du retard sur ses semis. Et les problèmes de logistique en Amérique du Sud font que le soja de ces régions pourrait n’arriver qu’en mai 2013. « De mars à mai 2013, la situation pourrait donc être très tendue » prévoit Emeline Bergeron.