Courants parasites : « Les vaches laitières s’expriment quand quelque chose ne va pas »
Il n’existe pas de symptôme caractéristique induit par des courants parasites. Néanmoins, Jean-François Labbé, vétérinaire et intervenant pour le GPSE (1), donne une liste d’indices à considérer quand tout le reste est OK.
Il n’existe pas de symptôme caractéristique induit par des courants parasites. Néanmoins, Jean-François Labbé, vétérinaire et intervenant pour le GPSE (1), donne une liste d’indices à considérer quand tout le reste est OK.


Comment se manifestent les courants parasites sur un troupeau de vaches laitières ? Quels sont les signaux d’alerte ?
Jean-François Labbé - « Il n’y a pas de symptôme spécifique des courants parasites. Une vache qui lape quatre ou cinq fois avant de boire, c’est normal. On peut suspecter des courants parasites quand elle lape durant une partie de la buvée, car du courant peut traverser l’animal (tension de contact). Les autres symptômes peuvent être une baisse de production de lait, une hausse de mammites et/ou de cellules. En revanche, les taux ont tendance à augmenter car la production diminue. Mais là non plus ce n’est pas une certitude. Les animaux peuvent aussi moins valoriser la ration : ils mangent mais ils maigrissent. Mais ce n’est pas forcément vrai pour tous les animaux. Ou avoir des comportements apathiques. On observe aussi des refus systématiques d’aller dans certaines sorties de champ ou passage du bâtiment. J’ajoute aussi les boiteries car les courants parasites modifient les périodes de coucher/debout des vaches. »
Quel est votre protocole d’intervention ?
J.F. L. - « Quand un éleveur m’appelle, je commence par vérifier les données zootechniques classiques : la ration, le sanitaire, la gestion du troupeau etc. Si je ne trouve rien, je peux évoquer le risque de courants parasites. Je fais intervenir les personnes habilitées pour réaliser un diagnostic électrique. Quand on suspecte un problème électrique, quelque chose dans le comportement des vaches est modifié. Elles s’expriment quand quelque chose ne va pas. Mais pas toutes de la même façon. Il ne faut pas surestimer ni sous-estimer l’impact des courants parasites. Les animaux n’y ont pas tous la même sensibilité. »
Lorsque la fuite de courant est identifiée et résolue, combien de temps faut-il compter pour un retour à la normale ?
J.F. L. - « Le retour à la normale peut se faire en deux à huit jours, ça peut être plus long pour certains animaux. Les robots augmentent la présence de composants électriques et électroniques dans l’exploitation et donc les risques des effets des courants parasites. Le corollaire, c’est que les données qu’ils fournissent permettent de détecter les problèmes rapidement. »
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Si la grande majorité des courants parasites sont internes à l’exploitation, il y a aussi aussi les courants externes. Faites-vous une différence ?
J.F. L. - « C’est beaucoup plus compliqué, car les mesures de tension de pas ou de contact ne mettent pas toujours en évidence des mesures anormales. Quand les ouvrages sont à l’arrêt, on peut parfois observer des changements dans le troupeau. Dans ce cas, nous pouvons avoir de fortes suspicions de relation de cause à effet mais nous n’avons aucune mesure pour le prouver et, donc souvent, pas de diagnostic de certitude. Il faut, de toute façon, commencer par résoudre les problèmes internes au troupeau avant d’incriminer un ouvrage électrique. Il est également essentiel d’avoir mis en place un bon suivi des données de l’élevage en amont d’une phase d’arrêt pour objectiver les effets sur le troupeau.
Les symptômes induits sont les mêmes que ceux des courants internes à l’exploitation mais ils durent dans le temps. Le problème, quand on m’appelle au titre du GPSE, c’est que la situation est déjà dégradée. Il est difficile alors de savoir d’emblée d’où vient le problème et de faire la part des choses. Le suivi mis en place a pour objectif de nous aider. »
À retenir
• Faire réaliser un contrôle annuel de son installation électrique, entretenir les fils de raccordement des masses, réagir rapidement quand il y a suspicion.
• Être observateur, tout noter : la qualité de la ration, les périodes humides, les circonstances météo. Ce sont autant d’indices qui aident à mener l’enquête quand la situation est dégradée pour établir une éventuelle relation de cause à effet.