Conservateurs : quel est l’intérêt économique pour l’ensilage d’herbe ?
Selon les premiers éléments dont dispose Arvalis, les conservateurs à base de bactéries lactiques homofermentaires diminuent les pertes de 4% sur l’ensilage de graminées, ce qui permet en moyenne d'amortir l'investissement.
Selon les premiers éléments dont dispose Arvalis, les conservateurs à base de bactéries lactiques homofermentaires diminuent les pertes de 4% sur l’ensilage de graminées, ce qui permet en moyenne d'amortir l'investissement.
« La question de la rentabilité du recours à un conservateur pour l’ensilage d’herbe n’est pas simple à appréhender, avance Anthony Uijttewaal d’Arvalis. La réponse dépend de l’économie de pertes de fourrages permise par les additifs, mais aussi du respect des conditions d’application du conservateur, notamment de la dose employée. » L’institut technique manque encore de références pour parvenir à mieux établir les domaines d’intérêt technico-économiques, mais une récente méta-analyse portant sur des ensilages de graminées donne de premiers éléments de réponse. « Nous avons compilé les données de 52 publications issues de la littérature scientifique internationale et indépendante. Menées dans des contextes climatiques tempérés proches du nôtre, ces essais ont étudié différents paramètres en comparant un ensilage témoin à un ensilage avec conservateur biologique. » L’échantillon moyen de l’étude correspond à un ensilage à 27 % MS, entre un réessuyé et un préfané.
Un retour sur investissement de un pour un
Il ressort de l’analyse que les bactéries lactiques homofermentaires ont un effet important sur la qualité de la conservation en réduisant de 4 % les pertes non visibles (pertes de matière organique digestible qui s’échappe sous forme de CO2 sous la bâche). « Avec un coût de l’herbe rendue silo entre 120 et 140 €/tMS, l’économie de la perte permise par un conservateur homofermentaire serait ici comprise entre 4,7 et 5,5 €/tMS, poursuit Anthony Uijttewaal. Avec un ensilage d’herbe à 30% MS et un prix des conservateurs entre 2 à 3 €/tMS brute, cela permet un retour sur investissement d’un pour un. » L’approche ne tient pas compte des effets sur la qualité sanitaire (butyriques et mycotoxines) ni d’un éventuel impact zootechnique. « Cela étant, une autre étude n’a pas révélé d’amélioration particulière des performances laitières avec l’inoculation. »
Quant aux bactéries lactiques hétérofermentaires et au mélange mixte (hétéro et homofermentaire), ils n’ont pas permis de réduire les pertes de façon significative dans l’analyse. Leur effets sont attendus pour limiter les échauffements au front d’attaque, en particulier pour les ensilages d’herbe à teneur en matière sèche élevée (supérieures à 40 %MS), ce que n’a pas quantifié l’étude.
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Pas si simple dans la pratique
L’application de « la bonne dose » d’additifs lors des chantiers de récolte n’est pas évidente. D’une part, les recommandations se font en cfu (bactéries)(1) ou en litre (acides) par gramme de fourrage frais. Et d’autre part, les réglages machine se font en litres par heure. Ces contraintes nécessitent de connaître le rendement et la vitesse d’avancement de l’ensileuse, ce qui n’est jamais évident pour les fourrages préfanés ! « Quelques conseils peuvent s’appliquer, recommande Anthony Uijttewaal. Comme préparer la dilution de sorte à se faciliter les calculs en termes de multiples, remplir la réservation de l’ensileuse par demi-journée de travail maximum et enfin estimer le rendement sur pied, le taux de matière sèche, ainsi que le débit de chantier de l’ensileuse. »