Concilier efficacité économique et faible impact environnemental
Dans la Manche, la ferme expérimentale de la Blanche Maison suit deux systèmes représentatifs de la région en cherchant à renforcer leur autonomie et le recyclage des fertilisants.
Dans la Manche, la ferme expérimentale de la Blanche Maison suit deux systèmes représentatifs de la région en cherchant à renforcer leur autonomie et le recyclage des fertilisants.
L'objectif de l’essai engagé à la ferme expérimentale de Blanche Maison dans la Manche est d’améliorer les performances technico-économiques des systèmes représentatifs de la production laitière normande tout en limitant leurs impacts environnementaux. Deux systèmes basés sur deux systèmes fourragers différents sont suivis avec deux troupeaux de 34 Normandes. Ils sont basés sur deux périodes de vêlage (deux mois en automne et deux au printemps) pour obtenir une collecte laitière plus régulière. Aucune fertilisation azotée minérale n'est utilisée. Chacun des systèmes vise à obtenir une autonomie fourragère maximale. Le premier est basé sur l'ensilage de maïs et 15 ares d'herbe par vache; la quantité de concentré est fixé à 1200 kg de tourteau de colza par vache et par an. Le deuxième est un système tout herbe avec 42 ares par vache; la quantité de concentré est fixée à 800 kg par vache et par an, avec un tiers de tourteau de colza et deux-tiers de maïs grain. Les résultats portent sur trois campagnes, sur les lactations de l'automne 2011 au printemps 2014.
Aucune fertilisation azotée minérale
« Avec des performances techniques différentes, les deux systèmes conduisent à des performances économiques et environnementales semblables », constate Lucie Morin de l’association de la ferme expérimentale de la Blanche Maison. Dans les deux systèmes, les performances des vaches vêlant à l'automne sont meilleures que celles vêlant au printemps (+250 kg lait en système maïs et + 400 kg de lait en système herbe, plus de TB) (1). Il y a eu davantage de mammites en vêlage d'automne et davantage de boiteries en vêlage de printemps liées aux conditions d’accès au pâture.
Au niveau bilan azote, celui du système herbe est inférieur à celui du système maïs : 62 kg d’azote/ha contre 113 kg d’azote/ha. « Les entrées d’azote y sont moins importantes (moins de correcteur azoté) et les sorties sont quasiment identiques. » L’efficacité de l’azote est plus importante pour le système herbe : 44% de l’azote entrant est converti en azote contenu dans les productions (contre 38% pour le système maïs).
Les impacts environnementaux des deux systèmes sont assez proches lorsqu’on raisonne aux 1000 litres de lait, notamment pour ce qui est de l’empreinte carbone nette (0,91 kg éqC02/l pour le système herbager contre 0,92 kg éqCO2/l pour le système maïs après déduction du stockage du carbone). Le système maïs a un impact un peu plus important sur l’eau (azote lessivé et phytos), mais le système herbager consomme davantage de surface (+250 m2/1000 litres).
Une empreinte carbone et une marge nette quasi-identique
Quant à la marge nette (produit moins charges), elle est quasi-identique avec un très léger avantage pour le système herbager (+1300 E). Le système maïs dégage un produit lait et viande supérieur (+ 18 000 E) mais il engage des charges opérationnelles et de mécanisation supérieures.
Le système herbager est plus impacté par les épisodes climatiques comme en 2013 où le printemps a été très pluvieux et l’été très sec (52 jours de pâturage en moins par rapport à 2012). À noter que le système maïs a atteint 100% d’autonomie fourragère en 2014.
(1) 6 520 kg/VL/an pour les vêlages d’automne du système maïs, 5650 kg/VL/an pour les vêlage d’automne du système herbe.