Aller au contenu principal

Comment sécuriser ses prix d’achat de tourteaux

La volatilité des prix des matières premières est devenue structurelle. Pour mieux s’en prémunir, les éleveurs peuvent commander leur tourteau plusieurs mois à l’avance à un prix garanti. Mode d’emploi des contrats à livraison différée.

À défaut d'acheter du tourteau en direct sur le marché à terme, les éleveurs peuvent passer des contrats pour
fixer leur prix d’achat. Des économies sont à la clé.
À défaut d'acheter du tourteau en direct sur le marché à terme, les éleveurs peuvent passer des contrats pour
fixer leur prix d’achat. Des économies sont à la clé.
© J-C. Gutner

De plus en plus d’éleveurs laitiers emboîtent le pas des éleveurs de porcs et font le choix d’acheter leurs tourteaux en passant des contrats sur le long terme. Cette stratégie porte généralement sur des commandes de camions complets (30 tonnes), mais peut aussi s’envisager sur de plus petits volumes. Elle repose sur le principe de couverture. « Se couvrir consiste à acheter plusieurs mois à l’avance du tourteau ou d’autres matières premières à un prix garanti », explique Clarisse Bonhomme, de la chambre d’agriculture de la Vienne.

L’intérêt est double. « Le simple fait d’anticiper ses commandes permet d’abord de bénéficier d’un prix d’achat plus attractif que celui du cours du jour. Ces dernières semaines, l’écart entre les cotations de tourteau de soja disponible et celles à échéance 2 de juin ou 6 de novembre s’élevait autour de 40 euros par tonne. » D’où des perspectives d’économie non négligeables. « Le second intérêt réside dans la sécurisation du coût de l’approvisionnement, poursuit la conseillère. En anticipant, on se donne les moyens de mieux gérer ses achats et de moins subir le marché. Cela laisse plus de latitude pour choisir le moment et le prix le plus opportun. »

Cette stratégie d’approvisionnement implique un changement de posture de la part de l’exploitant et la volonté de prendre véritablement la main sur ses achats pour mieux maîtriser le risque prix.

Les contrats ne se limitent pas à des camions complets

Avec les contrats à livraison différée, l’exploitant s’engage sur une quantité donnée, pour une période et un prix fixés, plusieurs mois à l’avance (jusqu’à un an et demi). Des cotations indiquent quotidiennement l’évolution des cours des matières premières (tourteaux, céréales, drêches, pulpes, etc.). Pour les tourteaux, le plus souvent, il s’agit de « 6 de mai » ou de « 6 de novembre ». En clair, cela signifie que l’éleveur pourra se faire livrer la quantité contractualisée dans les six mois, à partir du mois de mai ou dans les six mois à partir de novembre, à échéance connue. Le paiement s’effectue à la livraison. « Il y a toujours un risque à prendre une position sur le long terme ; le marché peut aussi bien monter que descendre… Mais ce qui compte, c’est de se garantir un prix d’achat. Il convient de se fixer un prix-objectif au-dessous duquel on estime pouvoir acheter sans regret, quelle que soit l’évolution des cours, encourage Clarisse Bonhomme. C’est la condition sine qua none pour être en mesure de pouvoir arbitrer ses choix.»

Des perspectives d’économies à la clé

C’est l’envie d’autonomie qui a guidé Franck Pelletier, en Gaec à Queulaines Saint Gault en Mayenne, à passer des contrats pour l’achat des tourteaux de colza de l’élevage. « C’est nous qui suivons les cours et qui contrôlons nos décisions d’achat. Nous n’attendons pas d’être au pied du mur pour commander. » Avec soixante-dix laitières, le Gaec achète deux à trois camions complets par an. « Jusqu’à présent, nous avons réussi à prendre position avec un tourteau de colza sous la barre des 250 €/t rendu ferme. Je regarde une fois par semaine les tendances sur les journaux et je demande les cotations au courtier si cela commence à devenir intéressant. Je préfère commander un seul camion à la fois pour limiter les risques en cas de chute des cours. Nous sommes couverts avec neuf mois d’avance. »

Les plus lus

<em class="placeholder">Jerzy Wawrzynczak, éleveur laitier polonais</em>
Éleveur laitier en Pologne : « Je vends mon lait 480 euros les 1 000 litres »

En Pologne, l’élevage laitier de Jerzy Wawrzynczak ressemble beaucoup à un système français. Il partage les mêmes…

<em class="placeholder">Christine et Pascal Garnier, éleveurs laitiers.</em>
Revenu : « Notre système laitier économe est loin d’être ringard »

Le Gaec de la Planture, en Meurthe-et-Moselle, limite la productivité de ses vaches à 6 200 l de lait avec un…

<em class="placeholder">Céline et Julien Foureau, éleveurs dans la Sarthe</em>
« Faire vêler nos génisses laitières à 25 mois avec du pâturage est rentable »

Le Gaec du Petit Moulin, dans la Sarthe, allie vêlage précoce et pâturage des génisses. Un objectif atteint notamment grâce au…

<em class="placeholder">Robin Marie, éleveur de vaches laitières dans la Manche</em>
Revenu : « Nous consolidons la ferme avec plus de lait par vache, par travailleur et par hectare dans la Manche »

Le Gaec 2 l’oiselière, dans la Manche, est passé depuis la fin des quotas de 800 000 litres à 2,7 millions de litres…

<em class="placeholder">corvidés dans un champ </em>
Corvidés : les solutions cette année pour protéger vos semis de maïs

Les corvidés trouvent dans les parcelles fraîchement semées en maïs de quoi contenter leur appétit. Entre pratiques…

<em class="placeholder">Agro-tourisme avec visite d&#039;une ferme pédagogique en lait avec un groupe scolaire.</em>
Diversification : « En plus du lait, nous tirons un revenu de 15 000 euros par an avec notre ferme pédagogique dans le Morbihan »

Dans le Morbihan, Tiphaine Chatal et son conjoint Mathieu ont créé, il y a cinq ans, une ferme pédagogique qui assure un…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 96€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière