Comment les éleveurs s'adaptent-ils à la flambée des protéines?
Les organismes de Conseil élevage du Sud-Est ont
mené une enquête sur les pratiques des éleveurs en termes
de stratégie d'approvisionnement et de complémentation
en protéines. Une centaine d'éleveurs ont répondu.
RHÔNE-ALPES, trois éleveurs sur dix
envisagent de réduire la quantité de
correcteur azoté distribué aux laitières.
1 - S'équiper pour stocker
48 % des correcteurs azotés achetés sont des matières premières, contre 52 % de correcteurs élaborés. Le prix moyen des premiers est de 288 EUR/t avec 38 % de MAT, contre 480 EUR/t et 41 % de MAT en moyenne pour les correcteurs du commerce.
L'achat de matières premières, en quantité plus importante, permet une économie de plus de 120 EUR/t, soit pour un troupeau de 50 vaches, près de 5000 EUR par an.
Investir dans un silo ou une cellule de stockage semble vite rentabilisé. Ceux qui achètent par 25 tonnes et plus payent leurs correcteurs en moyenne 238 EUR/t, contre 403 EUR/t pour ceux qui achètent par 5 tonnes et moins. A noter que les éleveurs achetant de gros volumes n'étaient pas encore tous impactés par la hausse des cours au moment de l'enquête (été 2012) car ils utilisaient les stocks constitués.
2 - Se regrouper pour économiser
44 % des éleveurs non équipés se disent prêts à acheter en plus grande quantité. Pour les petits troupeaux, l'achat de gros volumes n'est pas facile à gérer (trésorerie, stockage, conservation), mais ils peuvent se regrouper avec des voisins. 60 % des éleveurs souhaitent se regrouper avec d'autres exploitants afin d'acheter de plus grandes quantités. Actuellement, 13 % des éleveurs le font déjà.
3 - Suivre les cours pour anticiper
45 % des éleveurs achètent lorsque leurs stocks sont épuisés, quels que soient les cours. Ces éleveurs payent en moyenne leurs correcteurs 397 EUR/t, soit 62 EUR/t de plus que les autres éleveurs.
Seulement 23 % des éleveurs suivent régulièrement les cours. En premier lieu auprès de leur fabricant d'aliment (62 %), dans les journaux et sur internet (40 % chacun). 22 % achètent le correcteur azoté en passant des contrats à livraison différée, en lien avec le marché à terme ; et 13 % de ceux qui ne le font pas se disent prêts à le faire à l'avenir.
4 - Baisser les correcteurs sans conséquences sur le lait
29 % des éleveurs envisagent de diminuer la quantité de correcteur azoté pour les vaches. Parmi ceux-là, la moitié l'a fait en augmentant la part d'herbe dans la ration. L'autre moitié l'a fait sans compensation. Pour diminuer les achats de correcteurs, 63 % des éleveurs envisagent d'acheter d'autres aliments, et notamment du corn gluten (27 %), des drêches (21 %) et de la luzerne déshydratée (20 %).
Pour les génisses, seulement 13 % des éleveurs envisagent une réduction des correcteurs azotés. Ils misent sur un renforcement du pâturage, un calcul au plus juste des besoins et des croissances compensatrices.
5 - Piloter l'azote par le suivi du taux d'urée
Le pilotage de l'azote de la ration est suivi principalement via le taux d'urée du lait (87 % des éleveurs) et par l'aspect des bouses (84 %). Viennent ensuite le suivi des quantités de lait du tank, du TP et l'état d'engraissement des vaches. Un quart des éleveurs ont encore des taux supérieurs aux repères classiques, et pas toujours pour des productions laitières élevées.