Philippe Chotteau
Avec l´entrée de la Bulgarie et Roumanie dans l´UE, « la France pourra exporter sur des niches »
Philippe Chotteau
Philippe Chotteau, de l´Institut de l´élevage, a conduit une étude sur les filières laitières bulgares et roumaines. Il nous expose quelles peuvent être les conséquences de leur entrée dans l´Union européenne.
La consommation augmentera t-elle ? Y a t-il des opportunités pour nos exportations ?
Philippe Chotteau - La consommation en produits laitiers est déjà très élevée dans les deux pays et elle profite encore beaucoup de la vente directe et de prix très bas. Mais avec la hausse du niveau de vie, elle se diversifie et va aller vers plus d´importations. Il y aura des marchés pour des spécialités laitières d´Europe de l´Ouest, mais il s´agira de niches.
Jusqu´à présent, le prix des produits laitiers a augmenté moins vite que les revenus ; le pouvoir d´achat s´est donc accru. Mais la tendance semble s´inverser. Tout pousse à une hausse des prix des produits laitiers. Les aides européennes y contribuent en valorisant l´activité agricole et les terres, la hausse du prix de l´énergie n´est pas compensée par l´État comme en France. Tout est plus cher : intrants, matériels, génétique. Leur seul avantage comparatif est le prix de la main-d´oeuvre. Mais elle tend à se raréfier dans les campagnes. Je pense que les achats via la vente directe vont baisser, et que le report sur la grande distribution ne sera que partiel en raison des prix des produits laitiers. En volume, la consommation risque de baisser, mais elle peut augmenter en valeur grâce à la diversification des achats.
Que change leur entrée dans l´UE pour la France ?
P. C. - Les échanges commerciaux entre la France et ses deux pays étaient déjà très réduits, ils ne risquent pas d´exploser. Ils ne vont pas développer l´export étant donné leurs quotas fixés assez bas ; ils chercheront des niches à l´export, notamment pour leurs fromages de chèvre et de brebis. Ils vont plutôt importer davantage, notamment de la poudre de lait (importations déjà en hausse en Bulgarie), plus simple à traiter que le lait local.
Transformer du lait là-bas pour exporter en France n´est pas d´actualité. Il n´y a plus de place à prendre dans la transformation. Par contre, il en reste en génétique, en matériel et dans l´alimentation. Avec l´arrivée des aides européennes et la hausse du prix du lait, le pouvoir d´achat des éleveurs va s´améliorer.