Au Gaec des Rabais : une stabulation bien pensée pour faciliter la reproduction
La conception d’un bâtiment joue sur les résultats de reproduction. Dans leur nouvelle stabulation, les associés du Gaec des Rabais, dans les Côtes-d'Armor, ont tout mis en œuvre pour fournir de bonnes conditions à leurs 112 vaches.
La conception d’un bâtiment joue sur les résultats de reproduction. Dans leur nouvelle stabulation, les associés du Gaec des Rabais, dans les Côtes-d'Armor, ont tout mis en œuvre pour fournir de bonnes conditions à leurs 112 vaches.
Depuis le 4 janvier 2017, les associés du Gaec des Rabais ont installé leur troupeau dans un bâtiment neuf. Quand, en 2015, Gabrielle Le Dantec a rejoint Yves et Pascal Durand, son père et son oncle, leur référence laitière a été confortée de 400 000 litres. « Construit en 1994, notre bâtiment en logettes de 62 places était en bon état. Mais c’était impossible d’y travailler correctement avec 90 vaches et nous devions augmenter l’effectif pour produire notre référence », explique Yves Durand. Pour loger tout le cheptel et travailler dans de bonnes conditions, la question se posait : agrandir ce bâtiment ou en construire un neuf. Au-delà de la saturation de la salle de traite en 2x6, un agrandissement aurait été compliqué, car le site présente des contraintes : le terrain est en pente, soumis à la loi Littoral… « Nous avons préféré partir sur un bâtiment neuf de 130 places, fonctionnel et durable, tout en réaménageant l’ancien pour les génisses, les taries et les taurillons », expliquent les trois associés et Yohann Le Dantec, le mari de Gabrielle, qui va prochainement rejoindre le Gaec. Un an de réflexion, de nombreux échanges avec Hervé Josselin, conseiller bâtiment à BCEL Ouest, et quarante visites plus tard, les éleveurs ont conçu un bâtiment répondant à leurs attentes en termes de conditions de travail, de performances et de confort des animaux.
Une conduite en deux lots
Dans cette réflexion, les éleveurs se sont attachés à repenser ce qui « péchait » dans l’ancien bâtiment : réduire le temps de traite qui arrivait à cinq heures par jour et améliorer la détection des chaleurs qui devenait compliquée. Le choix de l’installation de traite a été le point de départ de la conception du bâtiment. « Nous sommes trois, bientôt quatre, la traite n’est pas une contrainte mais on voulait qu’elle ne dépasse pas une heure à une heure et quart à deux », explique Gabrielle. Leur choix s'est porté sur une 2x18 simple équipement. La salle de traite est installée au cœur du bâtiment, qui est quasiment carré avec ses 40 par 42 mètres. Les 120 vaches sont conduites en deux lots, installés de part et d’autre de la salle de traite. Chaque lot a son couloir d’alimentation, ses trois rangées de logettes et son accès au pâturage. « Cette conduite, souligne Pascal Durand, nous permet de travailler avec deux rations et de nous passer de DAC, pour lequel il aurait fallu quatre stations. Cette économie nous a permis d’investir dans une pailleuse suspendue, pour réduire les poussières et le temps de paillage. » Comme la pailleuse circule sur un rail au plafond, les six rangées de logettes ne posent pas problème.
Clarté et confort
Avec sa charpente en bois et ses filets, le bâtiment du Gaec des Rabais est bien ventilé et particulièrement clair. « D’ailleurs, depuis le 1er mars, on n’a plus besoin d’allumer pour traire, apprécie Gabrielle. C’est agréable. » Cette lumière naturelle est également bénéfique à l’expression des cycles des vaches. Dans l’ancien bâtiment, assombri par la détérioration des translucides, la détection des chaleurs était compliquée. « Ici, les vaches circulent plus, les chaleurs se voient facilement », souligne la jeune éleveuse, qui se charge des inséminations. L’amélioration des résultats de reproduction, qui sont passés de 2,5 IA fécondantes dans l’ancien bâtiment à 1,7 IA fécondante, en atteste. Autres facteurs de bien-être et de bonne expression des chaleurs, des brosses et des points d’eau sont installés à différents endroits, ce qui encourage la circulation des vaches. Pour éviter les glissades, le béton a été taloché et scarifié. « On a eu quelques soucis avec le racleur, regrette Pascal Durand. Pour éviter les accidents, ça reste un point à travailler, peut-être avec des tapis ou en équipant le racleur de brosses. »
Dans ce nouveau bâtiment, bien penser la reproduction va jusqu’aux bonnes conditions de vêlage, avec deux box, équipés de contention. Ces box sont côté entrée pour que les intervenants n’aient pas à traverser tout le bâtiment pour les rejoindre. Ils sont sous l’œil d’une caméra. « Si tout se passe bien, on peut surveiller le vêlage de chez nous », apprécie Gabrielle
Aujourd’hui, 112 vaches sont traites. Quand Yohann s’installera, il amènera 250 000 litres et l’effectif se calera entre 120 et 140 vaches. Après deux ans d’utilisation, les associés apprécient la fonctionnalité et les performances de leur stabulation. « Dans sa conception, nous avons veillé à améliorer tout ce qu’on ne voyait pas dans l’ancien, comme les chaleurs. Cela nous permet d’obtenir de bonnes performances technico-économiques, même avec l’augmentation d’effectif, tout en travaillant dans de bonnes conditions », apprécient les quatre éleveurs. Objectif atteint, donc.
Un an de réflexion et de visites, un an de travaux, un bâtiment conçu pour 40 ans
Favoriser l’expression des chaleurs
Élément clé pour la bonne maîtrise de la reproduction, l’expression des chaleurs peut être impactée par la conception d’une stabulation.
Bien détecter les chaleurs est le point de départ d’une reproduction maîtrisée. La qualité du bâtiment joue sur l’expression des chaleurs. Pour les exprimer, notamment par le chevauchement, la vache a besoin de se déplacer. S’il lui faut de l’espace, c’est surtout à la qualité et à la propreté du sol qu’il faut veiller. Un sol glissant augmentera le risque de glissades et d’accidents. Les chaleurs s’expriment mieux en grand lot car il y a plus de chance que plusieurs vaches soient en chaleur en même temps.
C’est entre 1 h et 7 h du matin que les vaches expriment plus leurs chaleurs. Pour faciliter l’observation avant la traite, la lumière peut être allumée une demi-heure avant grâce à un programmateur. En effet, la lumière a un rôle clé sur le cycle des vaches. Avec plus de seize heures d’éclairage, on augmente de 10 % le nombre de femelles cyclées 90 jours après vêlage. Un bon éclairage facilite aussi la lecture des boucles. Pour l’expression des chaleurs mais aussi pour l’ambiance dans le bâtiment, autant favoriser la lumière naturelle, avec des translucides en nombre suffisant (12 à 15 % de la surface du toit pour un bâtiment fermé), des filets propres.
Une fois les chaleurs bien exprimées, encore faut-il permettre à tous les intervenants de l’élevage de bien suivre les cycles. Que l’on choisisse un calendrier, un planning ou un outil de gestion informatisé, il ne faut pas oublier de le tenir à jour et de le laisser accessible et lisible pour tous.
Avis d'expert : Hervé Josselin, conseiller bâtiment BCEL Ouest
« Penser à la reproduction dans la conception du bâtiment »
« Dans la conception et l’aménagement d’une stabulation, favoriser de bonnes conditions de reproduction doit être un fil conducteur. Une bonne reproduction débute par des chaleurs bien repérées. Il faut aussi prévoir de bonnes conditions d’insémination, pour la vache comme pour l’inséminateur, avec une contention adaptée, le respect des mesures d’hygiène. Le bâtiment devra permettra deux phases dans la gestion des taries, avec le tarissement puis, trois semaines avant la date de mise bas, une préparation au vêlage. Le box de vêlage est un autre élément clé pour améliorer la reproduction de son troupeau. Facilement nettoyable et désinfectable, il doit faire 12 m2 au minimum, dont 4 m de long s’il y a besoin d’utiliser la vêleuse. La vache devra y disposer d’eau et d’aliment. Le sol devra être confortable. Il faut y prévoir de la contention. La nurserie viendra compléter l’installation. »