Vivescia veut réduire son empreinte carbone de 25% d’ici 2030
Le groupe coopératif a déjà diminué de 26 % ses émissions de gaz à effet de serre entre 2015 et 2020.
Le groupe coopératif a déjà diminué de 26 % ses émissions de gaz à effet de serre entre 2015 et 2020.
La feuille de route du groupe coopératif Vivescia fixe un engagement à long terme de contribution à la neutralité carbone en 2050, avec une première étape d’ici 2030 de réduction de 25 % de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) sur l’ensemble de sa chaîne de valeur, correspondant au Scope 1 (émissions directes liées aux activités), Scope 2 (émissions indirectes liées à l’énergie) et Scope 3 (émissions induites par les acteurs, fournisseurs et clients, et activités du territoire), et ce, par rapport à l’année de référence 2021.
« La révolution carbone est en marche, le groupe Vivescia s’y engage avec sérieux et ambition. Réduire nos émissions, adapter nos cultures, nourrir nos puits de carbone… Les enjeux du climat sont systémiques et appellent à renouveler nos schémas de pensée, à innover et à penser de nouvelles formes de coopération au sein de nos chaînes agricoles et agroalimentaires », a déclaré Christoph Büren, président du groupe Vivescia, dans un communiqué en date du 5 avril.
Link, la démarche RSE du groupe Vivescia
« Très vite dans nos réflexions engagées en 2021, dans le cadre de notre démarche RSE Link, nous avons adressé l’enjeu climat sous trois angles :
- la pédagogie et la sensibilisation, au travers d’initiatives comme les fresques climat pour nos collaborateurs et le diagnostic carbone simplifié pour les agriculteurs-coopérateurs Vivescia. Ces démarches continues sont indispensables pour conduire efficacement le déploiement de stratégies de lutte contre le réchauffement et les aléas climatiques ;
- l’atténuation, avec des objectifs ambitieux à 2030, alignés sur le référentiel international SBTi* : 25 % de réduction des émissions de GES sur les Scopes 1, 2 et 3 dont 38 % de réduction des émissions sur les scopes 1 et 2, par rapport à l’année de référence 2020-2021. Il est important de souligner que nos efforts en matière de réduction de notre empreinte carbone ont démarré il y a déjà plusieurs années. Entre 2015 et 2021, nous avons réduit de 26% nos émissions de GES en volume ;
- l’adaptation, avec l’initiation d’une vaste étude sur les territoires de la coopérative pour identifier les impacts du changement climatique sur les productions agricoles à 2030.
L’atténuation et l’adaptation sont deux piliers interdépendants », énumère Valérie Frapier, directrice de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) du groupe Vivescia.
Des leviers et des objectifs spécifiques à chaque métier
La stratégie climat Link concerne tout le groupe coopératif et l’ensemble de ses métiers. Chaque société s’engage dans un plan de décarbonation ambitieux à horizon 2030 et chacune possède des objectifs spécifiques, fonction de son activité et de ses enjeux. « Les plans d’actions sont en cours de précision afin d’affiner ces objectifs d’ici la fin de l’année, en vue de la certification SBTi », indique Valérie Frapier. L’engagement auprès du SBTi permet au groupe Vivescia d’affirmer que ses trajectoires sont sérieuses et robustes, bien en cohérence avec l’Accord de Paris et la nécessité de contenir le réchauffement climatique. La certification SBTi apporte au groupe coopératif l’assurance d’être sur la bonne voie pour apporter une contribution appropriée et à la hauteur des enjeux climatiques auxquels tous sont confrontés.
Chaque métier du groupe Vivescia – coopérative (travail du grain), première transformation (malterie, meunerie, maïserie, alimentation animale, boulangerie-viennoiserie-pâtisserie) et transport – a identifié les leviers appropriés en fonction de ses propres enjeux. « Ces derniers nous permettent de projeter de manière ambitieuse, robuste et réaliste nos objectifs. Ainsi, une première étape nous a permis d’identifier les postes d’émissions les plus significatifs en termes d’impact sur notre empreinte carbone, et ainsi de diriger nos réflexions sur les leviers les plus pertinents. Chaque métier travaille maintenant à la construction de plans d’actions précis, sur la base des leviers identifiés, pour contribuer, à la hauteur de son impact, aux objectifs du Groupe », explique la directrice RSE.
Le déploiement des leviers communs est ainsi adapté à chaque métier. « Parmi les leviers communs, on peut citer ceux autour de l’énergie ou le fret (efficience énergétique, recours à des énergies renouvelables, optimisation des schémas logistiques, éco conduite, etc…) et autour du grain (enjeux relatifs à la fertilisation azotée) », détaille la dirigeante de Vivescia.
Expérimentation d’engrais décarbonés
Le groupe Vivescia expérimente sur 200 hectares des engrais décarbonés de Fertiberia, spécialiste hispanique de la nutrition végétale. Il s’agit d’un fertilisant azoté, de l’ammoniac en l’occurrence, fabriqué avec de l’hydrogène vert, provenant de l’électrolyse de l’eau et non de gaz naturel, et d’électricité, issue d’énergies renouvelables. Grâce à la solution technologique C-Pro, cet ammoniac dépollué possède également l’avantage de « réduire les émissions d’oxyde nitreux » – un gaz à effet de serre 265 fois plus puissant que le dioxyde de carbone – mais aussi d’ « optimiser l’utilisation des unités fertilisantes apportées et de réduire le lessivage des nitrates », précise Bernard Boulanger, directeur commercial de Fertiberia Tech & spécialités de fertiberia France. Si les engrais décarbonés « peuvent très facilement se substituer aux engrais de synthèse classiques », « leur coût est actuellement un frein à leur déploiement à grande échelle », tempère Savine Oustrain, directrice de la recherche et de l’agronomie de la coopérative Vivescia.
Poursuite des efforts en termes d’efficience énergétique et d’énergie verte
Le groupe Vivescia a déjà réduit de 26 % ses émissions de gaz à effet de serre sur le périmètre Scopes 1 et 2, entre 2015 et 2020. « Le groupe s’est mis en mouvement depuis plusieurs années déjà. Deux leviers ont principalement été activés : de l’efficience énergétique et des premiers projets de recours à de l’énergie verte (chaudière biomasse, panneaux photovoltaïques, biocarburant) », précise Valérie Frapier.
Ces actions se poursuivent, se renforcent et se généralisent dans le cadre du nouvel objectif de réduction de 38 % des émissions à 2030 sur les Scopes 1 et 2.
Adaptation des cultures au changement climatique
A l’automne 2022, le groupe Vivescia, avec ses équipes agronomiques, a décidé d’engager une vaste étude sur les territoires de la coopérative avec un collectif d’experts pour projeter les impacts du réchauffement climatique sur les productions agricoles à l’horizon 2030, sur la base des scenarii du Giec. « L’étude vise à comprendre et à mesurer l’impact de l’évolution de trois facteurs cruciaux (la température, la pluviométrie, le rayonnement) sur une quinzaine de cultures », indique le communiqué.
« Nous sommes sur des territoires du Nord Est de la France qui ont développé des productions agricoles très diversifiées. La majorité des cultures ont été intégrées à cette étude prospective, comme le blé, l’orge d’hiver et de printemps, le colza, le maïs, le pois, la betterave, etc. Nous avons pris le soin aussi de cartographier le territoire de la coopérative en dix-huit zones pédoclimatiques (interaction sols/climat) », commente Valérie Frapier.
Pour la partie adaptation, le groupe Vivescia travaille avec un collectif d’expertises, « à la fois externe (des climatologues pour l’expertise de l’évolution climatique par exemple, des spécialistes en matière d’analyse de données avec AXA Climate) et interne autour de vingt experts agronomes », précise la responsable RSE.
Cette étude, dont les premiers enseignements seront connus avant l’été, va permettre au groupe coopératif d’objectiver des évolutions observées depuis quelques années déjà. Elle va en évaluer les risques économiques et penser des schémas d’adaptation robustes sur les dix prochaines années, qui se matérialiseront par un accompagnement et des conseils adaptés aux agriculteurs-coopérateurs Vivescia, qui pourront concerner les dates de semis, les assolements, les rotations, les pratiques agronomiques, etc. « Cette étude permet aussi de monter en compétences nos agronomes avec la science climatique et le data management, démarche clé pour le futur », ajoute la dirigeante.
* Créé au lendemain de l’Accord de Paris et issu d’une collaboration entre plusieurs institutions au niveau mondial, dont l’ONU, le Science Based Targets Initiative (SBTi), fait aujourd’hui référence en matière de trajectoire carbone des entreprises (https://sciencebasedtargets.org/).