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LD-LPM : Dans quelle mesure votre projet permet-il de soutenir l’agriculture française ?

Marine Le Pen : Il faut d’abord préciser le contexte général de notre projet, marqué par un axe clair qui est la révolution de la proximité. Celle-ci comprend le renforcement des communes et des départements, et donc une modification institutionnelle avec la suppression des intercommunalités et des conseils régionaux, et le retour à une proximité démocratique. Dans ce cadre, on trouve des mesures qui touchent à l’agriculture et à la ruralité.

LD-LPM : Quel modèle agricole revendiquez-vous ?

M. L.P. : Je suis la candidate de la défense du modèle agricole familiale français. Pas des gros qui ont profité de la Pac, de l’Europe et de la mondialisation pour se développer. Dans cette course folle au bas de gamme qui pousse au gigantisme des structures et à l’absorption des structures familiales, on est perdant dans tous les domaines. L’agriculteur doit rester libre de ses investissements et de ses choix de production.

LD-LPM : Vous défendez le patriotisme économique, au sein d’une France hors UE ?

M. L.P. : Le patriotisme alimentaire est un des grands axes de notre projet, avec la priorité de la production française dans les appels d’offres des collectivités, aujourd’hui interdits par l’UE. Ce patriotisme alimentaire s’appuie sur la coopération avec les consommateurs, aujourd’hui impossible sans transparence suffisante sur les produits. Nous souhaitons un étiquetage obligatoire pour les denrées vendues en France, indiquant les pays d’origine et de transformation. Enfin, il faut lutter contre le dumping, auquel sont confrontés les agriculteurs. On ne peut autoriser l’import en France de productions ne respectant pas les normes imposées à nos producteurs.

LD-LPM : Pour les producteurs, les relations commerciales inéquitables sont également une explication à la faiblesse de leurs revenus. Que proposez-vous à ce sujet ?

M. L.P. : Je suis un adversaire des abus et excès des GMS. Tout a été fait, ces dernières années, pour les autoriser et leur permettre de se développer. Une idée serait de mettre en place un coefficient multiplicateur et de l’appliquer sur les produits alimentaires pour fixer une marge à la grande distribution. On éviterait de laisser le producteur face au géant de la distribution. On nous explique que les producteurs peuvent utiliser la loi à l’égard de la distribution. Ils le peuvent, certes, mais ce sera la dernière fois.

LD-LPM : Pourtant la contractualisation et les organisations de producteurs peuvent changer le rapport de force…

M. L.P. : La contractualisation est un désastre. Elle a officialisé la loi du plus fort, celle des multinationales de la distribution et de l’agroalimentaire au détriment des agriculteurs qui n’ont pas le droit de s’organiser de manière efficace pour percer dans les négociations. Nous souhaitons une négociation de prix et de volume tripartite par filière entre producteurs, transformateurs et distributeurs. Nous y sommes attachés, notamment au sein des interprofessions. L’État, présent dans ces négociations, sera garant de la transparence.

LD-LPM : Quel avenir donnez-vous alors aux aides Pac ?

M. L.P. : La Pac, et notamment le projet 2014-2020, ne remplit aucun de ses objectifs, d’où l’idée de la transformer en Politique agricole française. La fin des mesures de régulation des prix et des volumes, la diminution des aides directes aux agriculteurs, le découplage des aides, on a vu ce que cela a donné ! Nous souhaitons maintenir le niveau des aides car la situation de l’agriculture française est la conséquence d’erreurs politiques. Il n’y a aucune raison pour que les agriculteurs, seuls, en payent le prix. Mais ces aides doivent contribuer à l’équilibre des filières, au maintien d’un prix correct pour le citoyen et d’un revenu correct pour l’agriculteur. Je crois à la différenciation des filières. Nous réfléchissons aussi à mettre en place un système de stockage par l’État pour faire face aux crises de surproduction.

LD-LPM : Votre programme est protectionniste alors que la France exporte beaucoup…

M. L.P. : On plaide pour un protectionnisme intelligent. Encore plus en matière agricole car il préserve la sécurité et la qualité du produit qui sont des atouts primordiaux à l’export. On ne nie pas la mondialisation en elle-même, mais le mondialisme, qui refuse toute régulation de la mondialisation. Je reviens à l’idée de l’État stratège. La souveraineté alimentaire d’un pays est un élément essentiel de notre indépendance et de notre bien-être. L’État a son rôle à jouer, y compris dans la reconstitution des éléments d’une filière. De plus, produire au plus près et retraiter sur place, c’est aussi notre vision de l’écologie. Concernant l’export céréalier, le marché mondial est demandeur de céréales et le restera. Nous avons en face de nous une bombe démographique, l’Afrique du Nord notamment, qui a besoin de sécuriser ces approvisionnements alimentaires.

LD-LPM : Souhaitez-vous toujours interdire l’utilisation de marchés à terme sur les produits agricoles ?

M. L.P. : Les marchés à terme n’ont plus de justification. Avant, ils étaient utilisés pour les échanges d’excédents de matières premières agricoles, les marchés à terme permettant de fixer un prix dans le futur. Aujourd’hui, ils contribuent à la financiarisation de l’agriculture et ne remplissent donc plus ce rôle. Avec les méthodes que l’on souhaite mettre en œuvre, les produits financiers basés sur les productions agricoles n’auront plus d’utilité.

LD-LPM : Y a-t-il dans votre programme un volet en faveur des TPE et PME ?

M. L.P. : Dans le même état d’esprit qui anime notre projet, l’accompagnement des TPE et des PME fait partie du plan de réindustrialisation de la France. Aujourd’hui, tout est fait pour une poignée de géants. Nous voulons rééquilibrer les soutiens en faveur des petites entreprises, en allégeant la complexité administrative et fiscale qui les étrangle, abaisser les charges sociales ou libérer l’accès au crédit.

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