Tempête Ciaran : la nutrition animale à l'arrêt
Pas d’électricité, pas d’eau, pas de réseau de communication et pas de camion : le 2 novembre restera dans la mémoire de la nutrition animale bretonne comme un jeudi noir en raison de l’ampleur exceptionnelle de la tempête Ciaran. Si le courant est progressivement revenu à partir de jeudi après-midi, certaines usines ne l’ont vu revenir que vendredi soir. Les choses ne sont revenues totalement à la normale que lundi soir.
Pas d’électricité, pas d’eau, pas de réseau de communication et pas de camion : le 2 novembre restera dans la mémoire de la nutrition animale bretonne comme un jeudi noir en raison de l’ampleur exceptionnelle de la tempête Ciaran. Si le courant est progressivement revenu à partir de jeudi après-midi, certaines usines ne l’ont vu revenir que vendredi soir. Les choses ne sont revenues totalement à la normale que lundi soir.
Les entreprises de nutrition animale ont été très fortement concernées par les conditions météo exceptionnelles en Bretagne et en Normandie. La tempête Ciaran, d’une violence inédite a durement frappé dans la nuit du 1er au 2 novembre, notamment le Finistère. Ce sont surtout les coupures d’électricité qui ont malmené la production, les fabricants remontant peu de dégâts sur leur outil de production lui-même, hormis quelques bardages arrachés et des arbres tombés sur les voies d’accès.
« Côté fabrication, la remise en condition opérationnelle est aujourd’hui quasi avérée. Cela dit, les professionnels de la nutrition animale ont besoin de plus de recul sur cet épisode, notamment pour identifier les impacts du côté des éleveurs, parfois lourdement impactés par la tempête : toitures ou clôture arrachées, abattoirs fermés générant des blocages ... », listait Hadrien Lavielle, responsable communication du Snia (syndicat des industriels de la Nutrition animale), le lundi 6 novembre au soir.
Dès la nuit de mercredi 1er novembre les coupures d’électricité et de réseaux de communication ont donc été nombreuses. Si le courant a été remis pour certaines usines dès le jeudi après-midi, certaines ont dû attendre vendredi soir, comme celle de Tromelin Nutrition basée à Plounéventer (29). « Quand l’électricité est revenue, nous n’avions toujours pas d’eau et donc pas de vapeur ce qui empêche la granulation », ajoute Pascal Durot, responsable qualité de Tromelin nutrition.
Les entreprises ont également souffert de la coupure des réseaux de communication perturbant leurs liens avec leurs clients, la gestion des commandes ainsi que la production elle-même. Leur retour a été progressif, d’abord en mode dégradé, avant un plein retour à la normale ce début de semaine. « Nous n’avons donc pas produit pendant trois jours puisque le mercredi était férié. Pour honorer notre programme de production qui était donc chargé sans compter le stress des éleveurs dont les abattoirs ne pouvaient venir enlever les animaux, nous avons travaillé la nuit de vendredi ainsi que samedi tard. Mais, surtout, nous avons mis en place dès le jeudi des solutions de remplacement en actionnant la charte de dépannage avec nos collègues fabricants des autres départements qui ont été moins touchés, notamment l’Ille-et-Vilaine ».
Le mécanisme de solidarité entre usines même celles qui n’appartiennent pas au même groupe a donc fonctionné.
Interdictions de circulation
Les restrictions de circulation ont été un autre des points noirs, que ce soit pour les salariés empêchés de rejoindre leurs postes en raison des interdictions de circulation ou de l’état des routes ou, surtout, pour les livraisons en élevage.
« Malgré des livraisons difficiles, les impacts du fait de la nutrition animale sur les élevages ont été limités, grâce à un élan de solidarité et la bienveillance entre les fabricants et avec les éleveurs. La réorganisation des livraisons ou le déblaiement des accès pour les camions ont pu être fait rapidement grâce à l'aide des éleveurs et leur compréhension », résume Hadrien Lavielle.
Chronologie bretonne
La demande collective d’ouverture exceptionnelle du port de Lorient pour répondre à une demande d’aliments potentiellement accrue en raison de la rupture de la chaine agroalimentaire n’a finalement pas été nécessaire. « Lorsque les abattoirs ne peuvent enlever les animaux en raison de restrictions de circulation comme nous les avons connues jeudi, notamment dans le Finistère, les éleveurs commandent de manière urgente de petits volumes pour alimenter leurs fins de lots, une demande qui a contribué à perturber un peu plus les programmes de fabrication mais à laquelle le collectif a su répondre », résume Sébastien Tauty, directeur de l’association des fabricants d’aliments bretonnes.
Les interdictions de circulation jeudi à partir de 5h ont particulièrement touché les livraisons en élevage car, dès le midi, laiteries et abattoirs pour les animaux vivants ont pu avoir des dérogations alors que la nutrition animale n’a été réautorisée à circuler que jeudi à 19h30.
« Le Finistère a été le plus touché, mais les usines des Côtes d’Armor et du Morbihan ont aussi subi des coupures d’électricité et des réseaux de communication avec un retour très progressif pour les premières à partir de jeudi après-midi. Le redémarrage a été souvent effectué en mode dégradé, le fournisseur d’énergie n’ayant pu fournir toute la puissance contractuelle. Vendredi, nos adhérents avaient souvent 1,5 à 2 jours de retard dans leur planning ce qui constitue un risque de rupture dans les élevages et qui est techniquement impossible à rattraper sur une seule journée de samedi. Nous avons pu travailler avec la Préfecture de région pour obtenir des dérogations de circulation dimanche de 5h à 15h. Ces dérogations ont été octroyées par nos interlocuteurs qui ont compris l’urgence pour les éleveurs. La fenêtre était toutefois contrainte en amont par l’arrivée de la seconde tempête, Domingos, sur une zone fragilisée par Ciaran et, en aval, par la circulation prévue des retours de vacances, à la hausse en raison des trains à l’arrêt sur certaines lignes », précise le responsable.