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Soja non déforestant - Les importateurs européens étaient prêts, selon le Synacomex

Les importateurs opérant dans l’UE avaient pour l’essentiel mis en place des investissements pour répondre dès le 31 décembre 2024 aux contraintes de la règlementation européenne, pour l’achat des graines comme dans leurs process industriels et logistiques. Les incertitudes règlementaires ont perturbé les marchés tout l’automne.

Raphael Latz, président du Synacomex (Syndicat National du Commerce Extérieur des céréales, graines oléo-protéagineuses, légumes secs et produits dérivés).
Raphael Latz, président du Synacomex (Syndicat National du Commerce Extérieur des céréales, graines oléo-protéagineuses, légumes secs et produits dérivés).
© Yanne Boloh

« Les marchés n’aiment pas les incertitudes comme celle que nous avons connu avec le report de l’entrée en application de la règlementation européenne sur sur la déforestation importée et la dégradation des forêts (RDUE) », résume Raphael Latz, président du Synacomex (Syndicat national du commerce extérieur des céréales, graines oléoprotéagineuses, légumes secs et produits dérivés). 

Lire aussi : Soja non déforestant : le report du règlement européen bientôt finalisé

« Nous ne nous attendions certainement pas tous de la même manière au report de la date butoir du 31 décembre 2024. Nos sociétés ne pouvaient pas attendre la dernière minute pour mettre en place une ségrégation à l’origine dans l’achat de graines de soja qui répondaient aux contraintes de la règlementation européenne et toute la structure logistique : silo, chargement des bateaux », explique le président. 

Le surcoût lié au soja non déforestant varie selon les origines et les opérateurs.

Le surcoût varie selon les origines et les opérateurs. Les importateurs ne pouvaient prendre aucun risque pour janvier 2025 au regard du montant des éventuelles non-conformités (4 % du chiffre d'affaires de l’opérateur).

De gros investissements industriels perdus avec le report du RDUE

La rumeur d’un report a commencé à prendre de l’ampleur en Europe à partir de mi-septembre : « cela nous a sincèrement tous pris un peu de court car la plupart d’entre nous avaient mis en place de gros investissements aussi bien dans l’engagement vis-à-vis des agriculteurs, en payant leurs graines plus cher, que du point de vue industriel pour nos process. Or, cet investissement là est totalement perdu puisque la rumeur s’est transformée en réalité ».

Mais les marchés n’étaient pas pour autant sereins à l’automne puisque, autre incertitude, les conditions du report n’étaient pas encore claires. « Or, je le rappelle, les marchés n’aiment pas les incertitudes qui entraînent des investissements et génèrent des dépenses exceptionnelles », martèle le président du Synacomex.

Les industriels ont constitué de stocks de soja dédouanés avant le 1er janvier 2025.

Bâtir des stocks à la destination supérieurs en fin d’année 2024 à ceux des années précédentes a été une des réponses des opérateurs puisque c’est la date de dédouanement qui comptait. « Mais évidemment, ils ne pouvaient répondre qu’à quelques mois de consommation et encore selon les pays, car il n’existe pas partout des capacités de stockage portuaire importantes », pointe Raphael Latz.  

« Un pas en avant - un pas en arrière, il n’y a rien de pire au niveau des marchés », indique Raphael Latz, président du Synacomex.

Pour lui, c’est la première fois qu’un tel changement de dernière minute se produit au niveau européen : « et cela n’inspire pas confiance. J’espère qu’il s’agit de la dernière fois qu’on connaît comme cela un pas en avant - un pas en arrière car il n’y a rien de pire au niveau des marchés ».

De possibles distorsions de concurrence

Quant aux aménagement possibles des conditions d’entrée en application dans les douze mois qui viennent, ils font de nouveau peser des incertitudes : « les marchés aiment des règles claires. Nous ne sommes pas  là pour les juger en tant qu’entreprise, mais pour les appliquer avec les coûts qu’elles génèrent ». 

Reste posée la question d’éventuelles distorsions de concurrence entre Etats membres. « Les règles ne seront en rien différentes entre Etats membres, mais il faudra être vigilants pour que tout le monde soit logé à la même enseigne concernant les contrôles. En France encore plus qu’ailleurs, les marchés sont matures et les fabricants d’aliments pour animaux ont pris en main leurs autocontrôles avec des dispositifs qui fonctionnent. Ce n’est pas partout pareil. Il faudra voir comment cela se met en place », conclut Raphael Latz.

Les contrôles prévus par le RDUE doivent couvrir au moins : 

  • 1% des opérateurs dont les pays viennent de pays ou de partie de pays à risque faible, 
  • 3% pour les zones à risque standard, 
  • 9% des opérateurs, 
  • 9% des quantités de produits venant de pays ou parties de pays à risque élevé. 

Les modalités de contrôle ne sont pas encore concrètement connues.

En France, l’autorité compétente désignée est conjointe, composée du ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoire et du ministère de l’Agriculture et de la souveraineté alimentaire. Mais les modalités de contrôle ne sont pas encore concrètement connues.

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