Santé animale - Huvepharma, le géant bulgare se lance dans les vaccins et vise la neutralité carbone en 2030
Outre ses investissements de 269 M€ sur cinq ans pour atteindre l’autonomie énergétique et ainsi son indépendance par rapport au gaz russe, l’entreprise vient de lancer son premier vaccin contre l’entérite nécrotique des volailles.
Outre ses investissements de 269 M€ sur cinq ans pour atteindre l’autonomie énergétique et ainsi son indépendance par rapport au gaz russe, l’entreprise vient de lancer son premier vaccin contre l’entérite nécrotique des volailles.
Firme privée présidée par Kiril Domuschiev, Huvepharma est spécialisée dans la production par fermentation d’une gamme de produits (antibiotiques, probiotiques et enzymes) destinés aux productions animales dans ses trois usines de Bulgarie. Elle a notamment repris les activités de santé animale de Neovia en 2018. L’entreprise se place désormais au 9e rang international dans le domaine pharmaceutique et poursuit ses investissements dans la R&D mais aussi les énergies renouvelables afin de se désengager totalement du gaz russe et d’atteindre la neutralité carbone en 2030.
Vers une production énergétique de 317 mégawatts
« Nous investissons 269 millions d’euros sur cinq ans dans l’installation de panneaux solaires, la géothermie et la production d’hydrogène, en ligne avec le Green Deal. La guerre en Ukraine nous a incité à accélérer les investissements qui étaient prévus sur plus longtemps », résume le Belge Eddy Piron, vice-président en charge des ventes et du marketing d'Huvepharma. La production totale au pic sera de 317 mégawatts (MW) sachant que les besoins des trois sites bulgares, qui travaillent 24/24, 7/7 et 365 jours par an, sont de 45 à 47 MW.
200 M€ sont consacrés aux seuls panneaux solaires qui couvriront à terme 300 hectares (toits des bâtiments, ombrières sur les parkings, panneaux sur des terres rocheuses, non exploitables par l’agriculture).
La production d’hydrogène (19 M€) va utiliser une partie de cette production d’énergie solaire pour l’électrolyse de l’eau (10 MW) et sera destinée à réduire voire remplacer l’utilisation de gaz pour produire la vapeur nécessaire aux process.
L’unité de géothermie devrait quant à elle être construite à partir de 2024 (50 M€). Les sites réutilisent également les coproduits de leurs fermentations dans leurs unités d’incinération qui produisent désormais 30 % de leurs besoins en vapeur.
Le groupe travaille par ailleurs sur les batteries et sur le développement d’accumulateurs pour lisser les approvisionnements de ses sites. En attendant, les excès d’énergie seront envoyés sur le réseau électrique local.
Des phytases préparées directement chez le fabricant d’aliments pour animaux
L’une des particularités de l’entreprise est de produire l’intégralité de la chaîne : des souches bactériennes utilisées dans ses fermenteurs à la commercialisation.
C’est le cas des enzymes destinées à valoriser au mieux les nutriments des céréales, notamment la phytase. En raison de la sensibilité à la température, les enzymes sont appliquées sous forme liquide après la granulation. Outre la question des volumes donc du transport et du stockage, les enzymes sont moins stables sous forme liquide qu’en poudre. D’où le développement de forme d’enzymes solubles rapidement dans l’eau (WSP enzymes) pour une préparation sur le site même du fabricant d’aliments pour animaux. « Nous avons développé un équipement spécifique, l’Huvematics, qui assure la pesée et la préparation de la forme sprayable même avec de l’eau froide et dure », précise Lydia Harrison, responsable marketing d'Huvepharma.
Des investissements importants pour les vaccins
Le premier vaccin d’Huvepharma, contre l’entérite nécrotique des volailles, a été lancé en 2022 aux Etats-Unis et au Canada. « Il s’agit d’une première mondiale rendue possible car nous avons identifié la souche bactérienne à l’origine de cette pathologie », pointe Verlee Hautekiet, en charge du soutien technique aux équipes d'Huvepharma. « Nous avons une quinzaine de projets de vaccins à différents stades de développement mais il est difficile de donner une date de mise en marché car après la phase de R&D, il y a le temps de l’enregistrement règlementaire », complète Eddy Piron qui confirme que l’entreprise travaille sur un vaccin contre la fièvre porcine africaine.