Valorisation céréalière
Renforcer le volet biodiversité, le nouvel enjeu de la filière CRC
Un cahier des charges qui devient plus exigeant afin de répondre aux attentes croissantes des consommateurs.
LE CONCEPT CRC (Culture Raisonnée Contrôlée), né en 1989, bénéficie depuis le 18 janvier 2012 du parrainage du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. La filière représente aujourd’hui une production de 150.000 t de céréales (une majorité de blé tendre, un peu de blé dur et de seigle), 23.300 ha emblavés et plus de 1.000 agriculteurs. C’est également 20 organismes collecteurs et stockeurs de céréales, 27 moulins, une dizaine d’industriels et de distributeurs, ainsi qu’un nombre croissant d’artisans boulangers.
Après avoir obtenu une CCP (Certificat de Conformité Produit) sur le blé tendre et le blé dur en 1990, et crée un GIE en 2001, la filière CRC s’attaque aujourd’hui au renforcement de ses exigences en matières de biodiversité. Il faut que soient reconnus les efforts environnementaux des agriculteurs adhérents. Il s’agit d’« une démarche originale et unique en France », selon Etienne Henriot, président du GIE CRC. « Tout ce qui est mis en place doit apporter un plus à notre produit ». Les engagements portent sur la faune et la flore avec notamment l’entretien et conservation des points d’eau, la préservation d’habitats naturels, la mise en place de bandes enherbées, les rotations des cultures etc. La filière étant présente sur l’ensemble du territoire français, cela implique une gestion différente selon les régions (différents écosystèmes etc.).
Une plan de développement limité par un positionnement haut de gamme
Ce nouvel enjeu Biodiversité vient s’ajouter à un cahier des charges déjà très contraignant. Les agriculteurs peuvent utiliser des produits phytosanitaires, mais uniquement d’une liste positive. Tous les produits pouvant présenter un risque de contamination par la présence de résidus sont éliminés et l’on cherche à minimiser les potentiels impacts environnementaux. Les intrants sont donc souvent plus onéreux et peuvent entraîner un surcoût de production. Les insecticides de stockage sont proscrits. Certains additifs dans les farines sont également interdits. Le suivi à différents niveaux de la filière passe notamment par 300 analyses à 40.000€/an et 90 jours de contrôles et d’audits à 100.000 €/an. Selon Jean-Luc Billard, directeur de la coopérative Capserval, « le maître mot de la démarche est la traçabilité ». Au niveau du stockage, « c’est un travail de petites fourmis qui est demandé à tous les responsables de silo ».
La production pourrait aller jusqu’à 200-250.000 t, mais on reste dans un positionnement haut de gamme. N’adhère donc pas qui veut à la filière CRC. L’avantage pour les agriculteurs CRC réside dans une production contractualisée à 100 %. Ils valorisent en moyenne 5 à 10€ de plus leur tonne de céréales par rapport à la filière normale, et bénéficient d’une prime versée à la tonne par an.
Pour l’instant il n’y a pas d’objectif de valorisation à l’export, à l’exception de la meunerie japonaise qui est très intéressée par la démarche CRC. L’ambition est plutôt de rester sur le marché français, voire sur les marchés régionaux, avec l’idée de développer les circuits courts.
Un débouché porteur pour les industriels
Pour Vincent Migniac, directeur marketing de Biscuits Saint-Michel, le plus important dans l’approvisionnement de farine, c’est d’avoir une régularité dans la qualité. La certification CRC permet, le cas échéant, de retracer le lien avec la parcelle de production. Un tiers de leur chiffre d’affaire provient de produits traités avec de la farine CRC, utilisée depuis trois ans.
De son côté, Vandermoortele Bakery, a crée la gamme Pain Pérène il y a une dizaine d’années en 100 % CRC, explique Laurence Couton, manager pains et viennoiseries. À l’époque il était difficile de trouver du pain de qualité en grande et moyenne surfaces. Cette gamme a été élue saveur de l’année 2012 et représente 10 % de leur CA. La prochaine étape consistera à développer des gammes pour GMS plus abordables que celle du Pain Pérène.