COT'Hebdo Oléoprotéagineux et coproduits
Régression des prix du colza, suivant l'ensemble du complexe oléagineux
L’évolution hebdomadaire des prix des oléagineux (colza, tournesol, soja), des protéagineux (pois, féverole), des coproduits de l’alimentation animale (tourteaux, issues de meunerie, coproduits de l’amidonnerie, coproduits laitiers, farine de poisson, produits déshydratés, pailles et fourrages) et des légumes secs sur le marché physique français entre le 13 et le 20 novembre 2024, expliquée par La Dépêche Le petit meunier.
Les prix de la graine de colza ont régressé entre les séances du 13 et du 20 novembre sur Euronext et le marché physique français, suivant la baisse de ceux du soja sur le CBOT à Chicago, du canola à Winnipeg et de l'huile de palme à Kuala Lumpur.
Du côté du soja, la baisse des valeurs est liée à la bonne récolte états-unienne, aux bonnes conditions de semis en Amérique Latine et aux craintes d'un nouveau conflit commercial entre la Chine et les Etats-Unis. Les représentants de l'industrie des oléagineux au Brésil, Abiove, table sur une récolte brésilienne à 167,7 Mt pour la campagne commerciale 2024-2025. Du côté du canola canadien, les perspectives de production au Canada déçoivent, mais les marges des triturateurs ne sont pas au mieux, pénalisant la demande intérieure. Ensuite, la concurrence à l'export s'annonce rude avec l'Australie. Enfin, les exportations ukrainiennes de colza semblent dynamiques. Du côté de l'huile de palme, l'effritement des valeurs à Kuala Lumpur est justifié par des exportations d'Asie du Sud-Est pour le moment décevantes. Les autorités malaisiennes ont décidé de relever le niveau des taxes sur les exportations nationales. Notons que le report d'un an de la réglementation européenne sur la déforestation importée (RDUE) a été confirmé par le Parlement européen, rapportent nos confrères d'Agra. Cela rassure les acheteurs européens de matières premières agricoles, incluant les oléagineux.
Sur le marché physique français, les primes ont quelque peu reculé en colza par rapport à la semaine précédente, notamment dans l'Est. Le marché est calme sur l'échéance février. Sur Le Mériot, il n'y a plus d'activité sur les échéances janvier - mars. En tournesol oléique, les prix commencent à plafonner et le marché est calme. On note en revanche quelques évolutions de prix en tournesol classique.
Kévin Cler et Adèle d’Humières
Protéagineux
Renchérissement
Les cours du pois fourrager gagnent 5 €/t en rendu Pontivy entre le 13 et le 20 novembre, et gagnent 1 €/t sur les autres places de cotation. Les prix de la féverole ont perdu 2,5 €/t en rendu Pontivy. On constate toujours un courant d'affaires en pois fourrager vers la Belgique. En rendu Pontivy, quelques affaires se traitent.
Tourteaux
Baisse tarifaire
Les prix des tourteaux, toutes graines oléagineuses confondues, ont de nouveau cédé quelques euros sur le marché physique français entre le 13 et le 20 novembre, suivant la tendance baissière du contrat tourteau de soja sur le CBOT à Chicago sur la semaine (importante production de soja au Brésil en perspective). L'intérêt acheteur continue de se manifester, principalement en tourteau de soja et, dans une moindre mesure, en tourteau de colza et tournesol. À noter que les États membres ont confirmé le 20 novembre leur position sur le report d’une année de la législation sur la déforestation importée (RDUE) sans y apporter d’amendement au contraire du Parlement européen. Les ambassadeurs ont cependant refusé les amendements du Parlement, qui visaient à créer une nouvelle catégorie de « pays à risque insignifiant ».
La prime en tourteau de soja non-OGM a évolué à la baisse d'une semaine sur l'autre, sur l’ensemble des échéances, pour atteindre +170 €/t sur novembre-décembre, +169 €/t sur janvier, +167 €/t sur les 3 de février et les 3 de mai.
Issues de meunerie
Évolution contrastée
Les prix des issues de meunerie en région Île-de-France ont évolué de façon contrastée entre le 12 et le 19 novembre : en hausse en son fin farine (+4 €/t) et en remoulage demi blanc (+1 €/t) ; sans changement en son fin pellet et farine basse. Le marché se caractérise par une plus grande liquidité en termes de logistique et par une reformulation des recettes d'aliments par les professionnels français de la nutrition animale, faisant la part belle aux issues de meunerie, et ce, au détriment des céréales (maïs notamment) et du tourteau de tournesol moins disponibles en ce moment.
À noter que le prix de la farine basse cotée sur le marché francilien correspond dans les faits à trois sous-marchés que sont la farine basse en benne, la farine basse en citerne et le gruau de blé dur. Aujourd’hui, la majeure partie des volumes s’effectue en farine basse en benne et en gruau de blé dur, qui sont deux coproduits moins bien valorisés que la farine basse en citerne (que l’on pourrait coter aux alentours de 200 €/t).
En Bretagne, les prix des sons fins ont grimpé de 7 €/t entre le 13 et le 20 novembre, soit de façon plus marquée que sur le marché francilien. La demande se réveille à un mois de la trêve des confiseurs. En départ Isère, les prix ont progressé de 5 €/t d'une semaine sur l'autre, tandis qu'en région Toulouse ils ont perdu 10 €/t. Sur la région de Marseille, les cours sont reconduits.
Coproduits de l’amidonnerie
Évolution contrastée des prix
Les cotations des drêches de blé ont perdu 7 €/t entre le 13 et le 20 novembre. En drêche de maïs, le repli des cours est moins marqué, allant de -1 €/t à -2 €/t selon les échéances. Ces deux produits ont suivi la tendance baissière de leurs concurrents dans les formules d'aliments pour animaux, à savoir les tourteaux de colza et de tournesol, afin de rester compétitif. L'activité s'est focalisée sur la drêche de blé en fin de semaine dernière.
Les cotations du corn gluten feed ont progressé de 20 €/t entre le 13 et le 20 novembre, après avoir perdu 13 €/t la semaine précédente. Cette volatilité des cours limite les velléités acheteuses.
Coproduits laitiers
Cours sans changement
Le prix de la poudre de lactosérum à destination de l'alimentation animale est nominalement reconduit en disponible sur le marché physique français entre le 7 et le 14 novembre, faute de nouvelle affaire traitée. En poudre de lait, des contrats ont été conclus au même niveau de prix que celui des réservations de novembre.
Farine de poisson
Évolution contraire des cours
La baisse de la parité euro-dollar entraîne la montée du prix des origines sud-américaines sur le marché physique français entre le 6 et le 13 novembre. A l'inverse, les cours des farines scandinaves baissent.
Produits déshydratés
Cours baissier en pulpe de betterave
Les prix de la luzerne déshydratée n'ont pas évolué entre le 13 et le 20 novembre. En pulpe de betterave, les prix cèdent 3 €/t en départ Marne. Le marché est calme, même si quelques affaires se réalisent sur d’autres départs moins liquides.
Dans sa note de conjoncture mensuelle publiée le 12 novembre, Agreste estime que la production de betteraves industrielles en 2024 pourrait atteindre 33,7 Mt, en hausse de 4,3 % par rapport à la moyenne quinquennale. La progression atteint même 6,4 % d’une récolte sur l’autre, en raison d’une hausse de la sole de 31 000 ha. Cependant, « de fortes incertitudes persistent sur le rendement final de la campagne [exprimé à 16°S] en raison d’une teneur en sucre dans les premiers prélèvements moins riche qu’attendu », alerte l’agence gouvernementale. Exprimé en tonne par hectare, le rendement est estimé au 1er novembre à 82 t/ha, contre 83,3 t/ha en 2023.
Pailles et fourrages
Statu quo
Les prix des pailles (de blé et d'orge) et du foin de Crau (cotations commerciales et de référence) sur le marché physique français n’ont pas évolué entre le 13 et le 20 octobre. L'activité est limitée.
Selon la note agroclimatique de l’Idele paru le 20 novembre ( Présentation PowerPoint ), « contrairement à une année « normale », la pousse de l’herbe est restée relativement constante toute l’année. […] Pour autant, l’herbe n’a pas été facile à exploiter : la portance des sols a retardé la mise au pâturage ce printemps, compliqué les chantiers de récolte en juin et limité le pâturage et les récoltes, particulièrement sur la moitié Nord à l’automne ». Il n’en reste pas moins que les agriculteurs ont pu engranger d’importants stocks qui présente néanmoins une qualité moindre qu’habituellement. « Moins riches, plus encombrants et moins appétants », les foins devront être complémentés » par des concentrés », avec à la clef des baisses potentielles de production « voire des décalages de reproduction si la complémentation est insuffisante », s’inquiètent les analystes de l’Idele.
Par ailleurs, selon une information rapporté par nos confrères d’Agra, dans une décision d’exécution du 21 octobre, la Commission européenne a approuvé la version révisée pour la campagne 2024 du PSN français (déclinaison nationale de la PAC). Concernant la BCAE 1 (bonnes conditions agricoles et environnementales relatives au maintien des prairies permanentes), le ratio de référence sera abaissé dans sept régions afin de prendre en compte le recul du cheptel, ce qui doit leur permettre d’échapper aux régimes d’autorisation/interdiction des retournements de prairies. Les régions concernées sont la Bretagne, la Bourgogne-Franche-Comté, le Grand-Est, les Hauts-de-France, la Normandie, les Pays de la Loir et la Corse. Concernant la BCAE 9 (gestion des prairies sensibles), deux dérogations permettent de labourer certaines prairies pour lutter contre les campagnols et de convertir une part de prairies sensibles dans les exploitations majoritairement herbagères. Les autres assouplissements demandés portaient sur l’obligation de jachère (BCAE 8), sur les définitions d’agriculteur actif et de nouvel agriculteur et sur les cahiers de charges de plusieurs Maec (mesures agro-environnementales et climatiques).
Karine Floquet
À surveiller
Soja
- Récoltes aux Etats-Unis, jugées abondantes.
- Que va faire la nouvelle administration états-unienne au sujet de la Chine ?
- Bon déroulement des travaux d'emblavement au Brésil et en Argentine.
Colza
- La récolte de canola au Canada déçoit, quid de nouvelles prévisions ?
- Niveau de la production australienne de canola.
- Dynamique des exportations ukrainiennes de colza.
- Niveau des surfaces en France en colza.
Tournesol
- Potentielle escalade de la guerre en Ukraine.
- Les prix sur le marché physique français semblent marquer une pause, quid de la suite ?
- Les prévisions de récoltes hexagonales pourraient encore être revues à la baisse.
Kévin Cler