COT'Hebdo Céréales
Régression des prix du blé tendre, sous la pression de la concurrence internationale
L’évolution hebdomadaire des prix des céréales (blé tendre, blé dur, orge fourragère, orge de brasserie et maïs) et des coûts du fret fluvial sur le marché physique français entre le 20 et le 27 novembre 2024, expliquée par La Dépêche Le petit meunier.
L’évolution hebdomadaire des prix des céréales (blé tendre, blé dur, orge fourragère, orge de brasserie et maïs) et des coûts du fret fluvial sur le marché physique français entre le 20 et le 27 novembre 2024, expliquée par La Dépêche Le petit meunier.
Les prix du blé tendre se sont effrités entre les séances du 20 et du 27 novembre sur Euronext et le marché physique français.
Le marché est sous pression de la concurrence russe, avec un blé qui s'affiche encore aujourd’hui à des prix inférieurs à 220 $/t. Le rythme des expéditions s’affaiblirait légèrement mais reste soutenu. Les Ukrainiens sont également agressifs, en blé de qualité fourragère surtout. Enfin, les Roumains et les Bulgares disposent d’une excellente qualité cette année, et sont également compétitifs à l’exportation. Ajoutons à cela l’Algérie qui continue de boycotter l’origine française. Ensuite, les récoltes s’annoncent bonnes en Argentine et en Australie. Il semble que l’Argentine soit compétitive sur le marché mondial. Le Kazakhstan dispose également d’importants volumes à l'exportation. Enfin, les conditions de semis se sont très nettement améliorées aux États-Unis, et s’améliorent en France, avec des semis d'automne en orge d'hiver, en blé tendre et blé dur qui ont rattrapé leur retard par rapport à l'an dernier. Pour toutes ces raisons, les prix ont décroché ces dernières semaines. Notons toutefois que, selon diverses sources privées, la Russie n’accorde qu’un quota de 10 Mt environ à l'exportation sur la période février-juin, contre… 29 Mt l’an dernier sur la même période. Sur le marché physique français, l’activité portuaire reste assez réduite, malgré la conclusion de quelques affaires. Toutefois, l’essentiel des échanges reste concentré sur le marché intérieur. Les meuniers se positionnent sur l’actuelle et la prochaine récoltes, comme c’est le cas depuis plusieurs semaines. Les FAB français procèdent à des achats de compléments sur le rapproché. La nutrition animale belgo-néerlandaise se positionne de manière plus franche de son côté.
Chômage technique dans les terminaux céréaliers portuaires
Les coûts du fret fluvial ont évolué à la marge entre le 20 et le 27 novembre, en hausse sur le trajet Arques-Anvers et en baisse sur le trajet Pont-Saint-Maxence-Rouen. D’un côté, le renchérissement du transport s’explique par un réveil de l’activité sur le grand gabarit dans le Nord de la France à destination des pays limitrophes, avec des exécutions qui ne s’effectuent pas dans les temps, et, de l’autre, la dépréciation du fret fluvial sur l’Oise est la conséquence d’une absence de chargements persistante sur le bassin de la Seine. On notera que les livraisons de blé meunier sur les moulins franciliens se portent bien, évitant toute rupture d’approvisionnement des usines. En revanche, si la récolte de maïs est annoncée abondante, sa qualité dans certaines régions au nord de la Loire n’est pas satisfaisante pour l’amidonnerie, d’où un déclassement en qualité fourragère qui oblige les collecteurs à lui trouver d’autres débouchés, en le dégageant sur le port de Rouen.
Sur le Rhin et la Moselle, les précipitations de ces derniers jours ont permis le maintien des niveaux d'eau.
Kévin Cler et Karine Floquet
Maïs
Repli des valeurs
Les prix du maïs ont reculé entre les 20 et 27 novembre, le marché continuant de s’inquiéter de l’instauration de nouveaux tarifs douaniers par le dirigeant états-unien Donald Trump. De plus, les récoltes sont bonnes aux États-Unis, et les semis se déroulent bien en Amérique du Sud. En France, les échanges dans le Sud-Ouest se maintiennent, grâce à un certain intérêt de la part de la nutrition animale espagnole. Néanmoins, le manque de camion continue de peser sur les échanges. On note un petit courant d’affaires en portuaire, pour du maïs dit vert. Notons également des achats émanant des FAB belges et néerlandais. Les consommateurs hexagonaux procèdent également à quelques couvertures. En termes de récolte, les volumes sont au rendez-vous, mais la qualité fait parfois défaut dans certains secteurs, au vu du retard des récoltes. Reste à connaître l’ampleur du phénomène.
Les analystes notent que si la récolte de maïs du Brésil a augmenté d’un an sur l’autre, elle ne peut pas compenser la croissance de la consommation intérieure, notamment à destination de la production d'éthanol, ce qui a entraîné une réduction des exportations, selon des propos rapportés par un trader états-unien. Bien que le Brésil ait récemment dépassé les États-Unis en tant que premier exportateur mondial de maïs, les rôles pourraient bientôt s'inverser, et le pays pourrait même se classer au troisième rang des exportateurs mondiaux de maïs derrière l'Argentine. La campagne prochaine, la sole de maïs brésilienne devrait s’établir à 52 millions d'acres (contre 55 millions d'acres l'an dernier). Dans ce contexte, des tensions sur le marché du maïs sont attendues sur les campagnes 2024-2025 et 2025-2026.
Orge fourragère
Indolence globale
Les cours de l’orge fourragère ont cédé du terrain d’une mercuriale à l’autre, à l’image du blé tendre. Les primes portuaires repartent à la baisse, faute d’intérêt acheteur marqué. De façon globale, le marché de l’orge fourragère, que ce soit en portuaire ou sur l’intérieur, est jugé très calme. Le produit manque de compétitivité en formulation. Seule une demande italienne permet de soutenir les bases dans certaines régions. Dans le Sud-Est, la prime est évaluée aux alentours de -10 indexée mars, mais des valeurs bien supérieures ont été entendues, jusqu’à -3.
Orge de brasserie
Marché erratique
En orge de brasserie, les valeurs sont stables sur l’actuelle récolte, mais montent sur la prochaine. Des transactions sont rapportées mais à le rythme assez saccadé.
Blé dur
Cours stables
Les prix du blé dur sont quasi inchangés entre le 20 et le 27 novembre, faute d’élément réellement nouveau. L’achat tunisien de 100 000 t le 27 novembre est jugé stable à baissier au vu des prix pratiqués. Sur le marché physique hexagonal, les vendeurs ne se précipitent guère aux achats.
La rédaction
À surveiller
Blé tendre
- Déroulement du conflit en Ukraine.
- Prix au départ de la Russie, très compétitifs pour le moment.
- Informations potentielles sur les quotas d’export russes lors du premier semestre 2025.
- Dynamique des échanges portuaires en France.
- Maintien d’un certain intérêt des meuniers.
Orge
- Dynamique des échanges portuaires dans l’Hexagone.
- L’orge est actuellement peu attractive en formulation, cela va-t-il continuer ?
- Niveau des surfaces d’hiver en France.
Maïs
- Fin des récoltes en France, les échos de rendements semblent bons.
- Niveau de la récolte aux États-Unis.
- Prix au départ de l’Ukraine.
- Niveau des surfaces en Argentine.
Kévin Cler