Aller au contenu principal

Les producteurs de blé dur attendent la mise en place d’un marché à terme

Volatilité - Le contexte de marché survolté ravive la question, régulièrement évoquée, de la création d’une place électronique européenne pour le blé dur

« Le projet de marché à terme en blé dur doit se mettre en place », a estimé Jean-François Gleizes, président du Comité de pilotage blé dur à l’occasion de la Journée de la filière organisée à Marseille le 20 janvier. Avec des prix qui se sont envolés cette année et affichant une volatilité importante, la question d’un marché à terme dédié pour arbitrer ses ventes ou ses achats commence à faire son chemin. « Il nous faut de la visibilité et de la lisibilité », a fait savoir Serge Vialette, président de l’association Blé dur Méditerranée. Et, même si le marché à terme est également synonyme de spéculation d’opérateurs extérieurs au marché physique, les représentants des producteurs de blé dur semblent très attachés à sa création, quitte à renforcer la volatilité des cours.

Le marché à terme, « un outil complémentaire » pour la filière
    Alors que la contractualisation a également été abordée et présentée comme le meilleur rempart pour sécuriser les ventes des producteurs et les achats des semouliers ou des pastiers, en s’affranchissant des aléas de la volatilité du physique, la création d’un marché à terme n’apparaît pas contradictoire pour Jean-François Gleizes. « Le marché du blé dur est très qualitatif et il faut répondre à cette diversité de demandes. La contractualisation est importante, c’est un volet majeur. Néanmoins, deux tiers des volumes échangés en blé dur sont destinés à l’exportation vers les pays tiers. Pour cela, nous avons besoin d’un marché à terme. C’est un outil supplémentaire pour la filière. Il nous faut un bouquet d’instruments. »
    Si ce marché venait à naître et affichait une bonne activité, la volatilité des cours du blé dur risquerait de s’accroître, comme le relèvent certains courtiers. « Le marché à terme ne régule pas, mais il apporterait plus de transparence », argue Jean-François Gleizes. « La régulation des marchés, on en parle beaucoup mais je n’y crois pas un instant », a pour sa part lâché François Pignolet d’Axéréal, intervenant spécifiquement sur cette question du marché à terme. « Nous devons plutôt nous intéresser à la volatilité et à sa gestion au travers d’outils car elle va être amenée à progresser », a-t-il estimé.

« Pas avant un à deux ans en travaillant vite et bien »
    « Le marché à terme blé dur, ce n’est pas pour demain. Il faut compter un à deux ans au moins en travaillant vite et bien», estime François Pignolet. De nombreux points sont à définir, comme la qualité du produit et le ou les points de réception de la marchandise. «La qualité doit être la plus basse possible» pour attirer un maximum d’opérateurs, explique-t-il. Le Rendu Foggia semblerait être un bon choix comme point de livraison, mais «un deuxième point serait nécessaire» pour limiter les risques d’insuffisance de liquidité sur le marché à terme.

Des industriels plus mesurés sur l’avenir d’un marché à terme blé dur
    Pour qu’un marché à terme fonctionne, il faut pouvoir attirer un grand nombre d’intervenants, physiques mais aussi extérieurs au marché traditionnel pour trouver des contreparties. « Sur le principe et sa capacité d’être un outil d’arbitrage, le marché à terme pourrait nous intéresser. Mais pour fonctionner, il faut de la profondeur et de la liquidité. Si ce marché à terme existait, il apporterait de la visibilité et plus de sérénité pour trouver des volumes », estime Geoffroy Gaillard, responsable Achats/Ventes, chez Pastacorp. Pour Jean-Victor Bregliano, directeur général de la semoulerie Bellevue de Panzani, le marché à terme du blé dur aura du mal à fonctionner. « Le marché du blé tendre fonctionne, mais celui du maïs, plus restreint, est moins actif. Qu’en sera-t-il en blé dur où les volumes sont encore nettement plus faibles ? » Certains courtiers pointent aussi ce risque de manque de fluidité. Comme le rappelle Jean-Victor Bregliano, « la question est de savoir comment sécuriser les débouchés pour les producteurs et l’approvisionnement de l’industrie dans un contexte de forte volatilité. Il existe déjà d’autres éléments que le marché à terme pour sécuriser les échanges. La contractualisation, très utilisée, est de plus en plus demandée par les producteurs. »

Les plus lus

Moisson 2024 : en blé tendre, la plus faible récolte en 40 ans

Une actualisation de la récolte en cours vient d’être publiée par le service des statistiques du ministère de l’Agriculture.…

Ternoveo rejoint l'union de commercialisation Ceremis

Ternoveo, filiale du groupe coopératif Advitam, collecte annuellement environ 1 Mt de céréales.

Moisson 2024 : les pertes des céréaliers dépasseraient 1,6 milliard d'euros, selon l'AGPB

L'Association générale des producteurs de blé (AGPB) réclame un soutien accru de l'Etat, à la suite d'une récolte française…

Moisson 2024 : les conditions de cultures en maïs se dégradent en France, selon FranceAgriMer

Le développement des cultures de maïs prend du retard, selon le bulletin Céré'Obs de FranceAgriMer. Mais la situation n'a pour…

Du petit épeautre cultivé en bio pour la boulangerie - champ de céréales sur le plateau de Valensole
La filière céréales biologiques à l’épreuve des déclassements

La baisse de la demande à la fois en alimentation animale et en meunerie, conjuguée à une collecte plus dynamique en 2023-2024…

Bunge peut racheter Viterra sous conditions

Le négociant de céréales et d'oléagineux Viterra a promis de céder ses activités en Hongrie et en Pologne dans le cadre du…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 352€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne