Compétitivité
Pourquoi un biodéchet devient-il un coproduit ?
Entreprises de la nutrition animale et de l’agro-alimentaire ont leur propre logique industrielle.
« les deux extrêmes existent concernant le devenir des biodéchets de l’industrie agroalimentaire », explique Christian Roques d’Akiolis, le spécialiste des solutions industrielles de valorisation des coproduits issus de la chaîne alimentaire. Ils relèvent soit d’un circuit court de recyclage de proximité, comme les pâtes à pain crues déclassées qui partent en exutoire chez l’éleveur voisin, soit de l’intervention d’un opérateur en DIB (déchets industriels banaux) qui va détruire les produits emballés invendus. « Notre métier consiste à leur faire prendre conscience que leurs coproduits ont une valeur qui mérite qu’on les recycle, notamment en nutrition animale », poursuit-il. Pour entrer en formulation, le coproduit doit présenter un prix d’intérêt compétitif, qui va être comparé aux coûts des matières premières nobles – telles que céréales et/ou oléoprotéagineux – qu’il va substituer. À cette réflexion pécunière s’ajoutent, pour les industriels de l’alimentation humaine et animale, des considérations réglementaire, qualitative et quantitative.
Les fabricants d’aliments pour animaux, à cheval sur la régularité des coproduits
Contrairement aux coproduits issus de la première transformation, comme les issues de meunerie, les tourteaux ou les drêches, disponibles en grande quantité et bien maîtrisés par les fabricants d’aliments pour le bétail, ceux issus des seconde et troisième transformations représentent de faibles volumes et sont moins bien connus par les professionnels de la nutrition animale. De fait, il leur faut impérativement « une matière première d’un intérêt nutritionnel certain et correctement qualifiée, avec des garanties de sécurité sanitaire, de traçabilité, d’homogénéité des lots et de disponibilité », insiste Stéphane Radet, directeur du Snia. Il est en effet indispensable d’assurer une régularité dans le temps et l’espace, qui puisse justifier de monopoliser une cellule de stockage à ce coproduit, aussi intéressant financièrement et nutritionnellement parlant soit-il.
L’industriel de l’agroalimentaire peut se valoir d’une démarche durable
L’industriel de l’agroalimentaire qui s’engage à fournir des coproduits à la nutrition animale pourra « mettre en avant au niveau de sa communication que ses coproduits sont valorisés, dans une approche de développement durable », souligne le responsable d’Akiolis. De plus, quand il fait appel à un opérateur qui va collecter ses coproduits pour en faire de la matière première pour le fabricant d’aliment, il se dédouane d’une partie de sa responsabilité en termes de sécurité sanitaire et de traçabilité de ses coproduits. « Il y a un transfert de responsabilité relatif, dans le sens où l’industriel de l’agroalimentaire, soumis à la réglementation (CE) 178/2002 du “Paquet hygiène” doit nous informer des “vices cachés” s’il y a lieu », tempère Christian Roques.