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Marché mondial
Potentielle hausse des prix du blé australien à venir, selon une analyste d’AgriCensus

La récolte australienne est en cours et s’annonce abondante, justifiant en partie la bonne compétitivité actuelle du blé australien. Mais la demande internationale se positionne massivement et est loin d’avoir couvert tous ses besoins lors de la présente campagne, et l’attitude des Russes sera à surveiller pendant le premier semestre 2021.

© Chickenonline-Pixabay

La situation australienne est suivie de près par le marché. « Je ne vois pas les prix au départ de l’Australie régresser, malgré le fait que la récolte est en cours, réalisée à hauteur de 20-25% actuellement. Ils pourraient même grimper », déclare Masha Belikova, analyste du cabinet AgriCensus, lors d’une visioconférence organisée par le Global Grain le 19 novembre.

Récolte Australienne à 30-32 Mt?

Pourtant, la récolte australienne s’annonce importante pour la campagne commerciale 2020/2021. Selon une enquête d’AgriCensus, elle pourrait atteindre 30 à 32 Mt, contre un plus de 15 Mt seulement l’an dernier ! « Si ce chiffre se confirmait, il s’agirait d’un plus haut depuis 2016/2017, qui avait constitué un record », alerte Masha Belikova. Le disponible exportable du pays s’en verrait bien entendu doublé, compris entre 16,5 Mt et 22 Mt. Les récentes pluies dans l’Est ont suscité quelques inquiétudes de la part du marché quant à la qualité des lots, mais l’analyste assure que « les dégâts sont localisés, et la qualité est bonne dans l’ensemble ».

Encore d'importants besoins à couvrir au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie

Une bonne qualité, une bonne récolte, un disponible exportable en hausse… Autant de signaux baissiers pour le marché australien. Malgré cela, Masha Belikova en a une vision plutôt haussière. Pourquoi ? La réponse est à chercher du côté de la demande. L’analyste d’AgriCensus admet que la récolte nationale démarre, et qu’une petite pression sur les prix liée à la récolte est possible à court terme. Mais elle estime que « les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique n’ont, à l’heure actuelle, même pas couvert la moitié de leurs besoins. Et la situation est encore pire en Asie », très important client australien. Masha Belikova souligne la très intense demande pakistanaise, iranienne… Confirmant les dires d’Andrée Defois, dirigeante de Stratégie Grains. « Le Vietnam, l’Indonésie, les Philippines et la Thaïlande ont acheté des quantités significatives de blé australien sur décembre-février », ajoute-t-elle. Enfin, l’origine australienne s’avère très compétitive à destination du Bangladesh.

Les exportateurs internationaux ont déjà beaucoup vendu

Si le disponible exportable australien est en hausse, les chiffres peuvent être trompeurs, car une bonne partie des volumes du pays « est déjà réservée », alerte-t-elle. Et ce phénomène peut s'observer chez d’autres pays exportateurs. « L’Ukraine est très avancée dans son programme d’exportation. L’UE aussi, avec les Pays-Baltes notamment, sans oublier la France, profitant de la demande chinoise », souligne Masha Belikova. Cette dernière ajoute que les besoins de l’alimentation animale au sein de l’UE pour du blé tendre est attendue en hausse, compte tenu de la hausse des prix du maïs.

Autre élément haussier : la situation en Argentine. « Il se pourrait que la récolte du pays soit la plus faible depuis 2016/2017, à cause de la sécheresse. Et environ la moitié du disponible exportable est déjà réservé », indique Masha Belikova. Le Brésil est gourmand, et a l’habitude de se fournir auprès de l’Argentine, dans le cadre des avantages apportés par le Mercosur. « Le Brésil aurait déjà acheté 3 à 4 Mt de blé tendre argentine », précise l’analyste. En conséquence, l’Argentine ne se montrerait guère agressive sur le marché mondial pendant la présente campagne, estime-t-elle.

Peu d'effet des quotas d'importations attendus en Russie 

La Russie pourrait être moins agressive lors du premier semestre 2021, analyse Masha Belikova. « Le pays implantera des quotas d’exportations de grains sur février-juin de 15 Mt. Cela pourrait inciter les exportateurs russes à exporter massivement avant février, laissant la place aux autres origines, dont l’Australie, lors de la seconde partie de campagne », soutient-elle. AgriCensus estime que les Russes ont exporté 19 Mt de blé tendre environ depuis le début de la présente campagne (contre 17 Mt l’an dernier sur la même période), pour un objectif de 38 Mt. L'analyste d'AgriCensus ne croit pas en l'implantation de taxes à l'export sur les blés russes. De son côté, Swithun Still, ancien dirigeant du cabinet de trading Solaris, ne croit pas à une interdiction d'exporter du blé tendre russe lors de la présente campagne. Toutefois, il faut rester prudent quant à ces hypothèses, la Russie ayant surpris par le passé, et la campagne est encore longue. 

Peu d'impact des tensions Chine/Australie sur le blé australien

Les tensions commerciales Australie/Chine n’inquiètent pas outre-mesure Masha Belikova quant aux exportations australiennes. Elle explique que la Chine ne constitue pas le plus gros client pour le blé australien, qui trouve preneur ailleurs dans le monde. Ensuite, « environ 600 000 t de blé australien aurait été vendues à la Chine depuis le début de la campagne. Mais on ne sait pas si ces volumes ont déjà été livrés, ou s’ils ont été revendus à d’autres pays », détaille-t-elle. De plus, les tensions Chine/Australie sont un mal pour un bien concernant les coûts du fret. L’analyste rappelle que la Chine a drastiquement réduit ses importations australiennes d’orges, mais aussi de caoutchouc, de charbon… faisant pression sur les coûts de transport au départ de l’Australie.

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