Port autonome de Rouen : cap sur la croissance et les objectifs
Le port autonome de Rouen a réalisé en 2006 l’un de ses meilleurs trafics annuels. Cette croissance est le reflet d’importants plans de développement initiés pour diversifier les activités et accroître la compétitivité
LOCALISATIONstratégique, traçabilité, qualité du service et coûts de fobing compétitifs continuent à ériger le port autonome de Rouen au premier rang européen pour l’exportation de céréales. Pourtant, l’année céréalière n’a pas été exceptionnelle, avec 5,6 Mt exportées (soit –4,6 % par rapport à 2005). En revanche, grâce essentiellement aux produits pétroliers raffinés dont les tonnages ont augmenté de plus de 17 %, le port de Rouen a réalisé en 2006 « l’un de ses meilleurs trafics annuels, avec un tonnage de 23,3 Mt, en augmentation de près de 6 % par rapport à 2005, » a indiqué jeudi 25 janvier M. Ghislain de Boissieu, président du conseil d’administration du port. Le cap des 23 Mt n’avait jusque-là été dépassé que quatre fois dans l’histoire du port (en 1999, 1993, 1992 et 1991), années qui avaient par ailleurs été marquées par un très fort trafic céréalier.
D’importants leviers de développement
Ces bons résultats sont à relier aux volontés ambitieuses de développement et surtout aux investissements stratégiques dont bénéficie la place portuaire rouennaise. En particulier, la démarche « Cap Développement » ayant permis une analyse pointue du positionnement concurrentiel du port, a bien progressé en 2006. C’est à la suite de ces réflexions que le conseil d’administration du port autonome a décidé de réduire de 31 % le droit de port marchandise s’appliquant au trafic céréalier, au 1 erjanvier 2007. En permettant une diminution du prix Fob des céréales, cette mesure permettra donc d’améliorer la compétitivité de la filière céréalière française. À ce sujet, Martine Bonny, directrice générale du port rouennais, a rappelé les véritables défis alimentaires et économiques à venir, et surtout la menace d’une concurrence accentuée auquel Rouen et plus généralement les ports français devront faire face. Il faut s’attendre notamment à ce que les exportateurs de la mer Noire, déjà compétitifs en termes de prix, augmentent très rapidement leurs capacités logistiques et de transport.
Martine Bonny a également énuméré les nombreux investissements tant publics que privés réalisés en 2006 (ayant permis des résultats visibles de productivité), ceux en cours et programmés pour 2007. Un des grands chantiers concerne un projet d’aménagement des accès maritimes qui permettra au port de recevoir des navires de plus grande taille, afin de maintenir et de développer « les grands trafics actuels du port de Rouen. » Le trafic céréalier est en effet confronté à « une évolution de la flotte des navires qui nécessite une adaptation de la capacité de ses accès maritimes, » a détaillé Martin Butruille, directeur commercial du port. Le projet d’aménagement du chenal (dont la fin est prévue pour 2012) permettra de gagner un mètre de tirant d’eau (profondeur), qui « donnera la possibilité de charger complètement un navire de type Handymax », pouvant transporter jusqu’à 60.000 t de port en lourd (contre 40.000t actuellement avec les navires de type « Handysize »). Pour ce faire, des aménagements très significatifs seront réalisés, « le projet s’inscrivant dans le plan de gestion global de l’estuaire. » Bilan : pas moins de 115 M€ seront alloués, complétés par un programme de mesures environnementales (35 millions supplémentaires), notamment pour un plan de réhabilitation des berges.
La question environnementale considérée
Contrairement aux années antérieures, le « souci » environnemental devient complètement intégré à la logique de développement dans les projets en cours et futurs du port. Les actions vont « du choix du transport fluvial pour le pré-acheminement de tel trafic, aux plantations d’arbres sur les sites portuaires… » a indiqué François Xicluna, directeur de l’aménagement et de l’environnement du port rouennais.
Sur un autre registre, puisque ce sujet intéresse notre secteur, ajoutons que dans le cadre de la filière biocarburant qui se développe, l’objectif sera d’accroître les exportations d’huiles raffinées à hauteur de 45 Mt en 2015, contre 18 Mt actuellement vers les USA, qui seront déficitaires. Ce, grâce à l’augmentation des capacités de trituration de l’usine Saipol (Diester) et de l’entrée en production de l’usine de bioéthanol à Lillebonne.