Coop de France / Stockage
Plus de silos pour lutter contre la volatilité
Lors d’une conférence de presse, à Paris le 21 juin, Coop de France (CdF) Métiers du grain a fait le point sur la campagne se terminant. Les responsables de CdF ont donné quelques perspectives pour la prochaine campagne et ont indiqué des pistes pour lutter contre la volatilité, notamment au travers de la hausse des capacités de stockage. Une campagne 2010/2011 atypique, aux niveaux climatiques et politiques notamment, a amené CdF vers une réflexion au sujet de la baisse des capacités de stockage en France et sur la nécessité de relancer la construction de silos. « La fin de campagne française 2010/2011 arrive tôt, avec dix à quinze jours d’avance, en raison d’un climat atypique », a souligné Vincent Magdelaine, directeur de Coop de France (CdF) Métiers du grain. La nouvelle récolte de blé est attendue en recul de 10 à 15 % par rapport à l’an passé. Cependant, la production mondiale de blé est en hausse, avec une offre, productions et stocks, équivalente à celle de l’année dernière, a rassuré Anne-Laure Paumier, responsable marchés chez CdF. Cette dernière a présenté un bilan 2010/2011 et esquissé les tendances pour la prochaine .
Un plan silos pour lisser les variations de prix des céréales
Malgré une importante production mondiale cette année, les stocks devraient rester faibles, a souligné Coop de France. Ainsi, le stock français de fin de campagne en blé devrait atteindre un de ses plus bas niveaux depuis 1995 en approchant les 2 Mt. De plus, au niveau mondial, le ratio stock sur utilisation a tendance à se dégrader pour passer au-dessous des 20 % en ce qui concerne le total du blé et des céréales secondaires. Pour Vincent Magdelaine, directeur de CdF Métiers du grain, « la démographie est en hausse mais les disponibilités et les productions ont du mal à suivre. Des stocks bas couplés aux incidents climatiques font flamber les prix, ce qui a tendance à attirer les opérateurs financiers ». Selon lui, pour mieux gérer la volatilité, il est nécessaire de produire davantage, mais surtout d’avoir les capacités de stocker lors des bonnes récoltes. « Les capacités de stockage en France ont diminué de 3 Mt depuis le début des années 2000, alors que la collecte de grain progressait de 6 Mt dans le même temps », a indiqué Florent Varin, responsable technique sécurité/environnement chez CdF.
Une enquête sur les besoins en capacités de stockages
D’après une enquête réalisée par Coop de France pour structurer un plan de développement des capacités de stockage 1,1 Mt de capacité devraient disparaître dans les deux ans à venir. Pour 45 % d’entres elles, ces fermetures sont liées au vieillissement des installations, et 20 % à l’extension de l’urbanisation qui cohabite difficilement avec les silos. L’enquête a aussi identifié 156 projets en cours ou à venir pour une capacité totale de 2,3 Mt, ce qui compensera en partie les fermetures, mais ne satisfait pas les professionnels qui demandent une hausse des capacités de 5 Mt. Le coût estimé de ces constructions serait d’1 Md€. Face à l’importance de ces investissements, les professionnels du stockage demandent de l’aide aux pouvoirs publics. Ces demandes portent principalement sur la limitation de la concurrence de l’espace avec l’urbanisation, la simplification des procédures, l’accompagnement des coopératives dans le choix de leurs outils et l’apport d’une aide financière aux organismes stockeurs.
Une volatilité croissante sur 2010/2011
« Le moment fort de la campagne 2010/2011 est l’embargo russe qui a maintenu les cours au dessus des 200 €/t de blé tout au long de la campagne », a indiqué Anne-Laure Paumier. Puis, selon elle, « mi-décembre, la hausse s’accélère avec les révoltes arabes car les acheteurs pays tiers procèdent à des achats massifs pour sécuriser leurs approvisionnements ». Ensuite, « le weather market » s’en est mêlé. Les inondations en Australie ont ainsi tendu les marchés, inquiets de voir l’un des cinq principaux exportateurs mondiaux de blé perdre une partie de sa production. Et c’est ainsi que les cours du blé ont atteint leur plus haut niveau début février à 275 €/t. A cette date, la France a exporté 9 Mt de blé vers pays tiers soit autant que sur la totalité de la campagne 2009/2010. C’est là qu’une baisse s’est amorcée, accentuée par le retrait massif des opérateurs financiers après le tsunami japonais début février. A ce moment, la volatilité sur les marchés a atteint une de ses plus fortes amplitudes sur la campagne, l’incertitude incitant les opérateurs financiers à rendre liquide leurs positions face aux craintes d’un ralentissement temporaire de la consommation japonaise. Enfin, la sécheresse à la sortie de l’hiver a commencé à retendre les marchés des céréales, qui ont finalement été à nouveau détendu avec la baisse de la notation de la dette grecque, fin mai.