Conjoncture économique
Perspectives économiques : optimisme avec prudence pour 2021 et 2022 pour l’OFCE
L’Observatoire français des conjonctures économiques a publié le 14 avril de nouvelles prévisions pour 2021… et pour 2022. Tour d’horizon avec quelques éléments pour les secteurs agricole et IAA.
L’Observatoire français des conjonctures économiques a publié le 14 avril de nouvelles prévisions pour 2021… et pour 2022. Tour d’horizon avec quelques éléments pour les secteurs agricole et IAA.
C’est la première fois depuis le début de la crise de la Covid-19 que l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) se projette aussi loin en matière de prévisions et perspectives économiques, à la fois pour l’économie mondiale et pour la France. Pour l’économie de cette dernière, l’OFCE parle du temps de la reprise pour 2021 et d’une problématique centrée sur l’épargne des ménages en 2022.
+ 5 % pour le PIB en 2021
En France, le début d’année est bien évidemment marqué par les nouveaux épisodes de contraintes et de reconfinement, avec des effets moindres cependant que les précédents épisodes. Mais les secteurs de l’économie des services dits contraints (soumis aux obligations créées par les mesures sanitaires) pèsent négativement sur les performances de l’économie hexagonale. C’est notamment le cas du transport aérien, de la culture ou encore de l’hôtellerie-restauration. Ces « services contraints représentent 15 % de la consommation territoriale ».
Le « calendrier sanitaire » retenu par l’OFCE pour l’année en cours est le suivant : déconfinement progressif avec phase de transition pour les secteurs jusqu’à présent fermés en mai et juin, atteinte de l’immunité collective et ouverture de l’ensemble des activités avec maintien de jauges dans les lieux clos avec forte interaction sociale à l’automne, retour à la normale des activités mais maintien de restriction aux déplacements hors UE fin 2021 – début 2022.
Au final, le PIB de la France devrait croître de 5 % en 2021 (stabilité au premier trimestre, recul de – 2 % au deuxième puis + 4 % et + 2 % aux troisième et quatrième trimestre). La consommation (+ 4 %) et les investissements (+ 7 %) seront les principaux contributeurs de cette hausse du PIB. En revanche, le PIB annuel en 2021 se situera encore 3,7 % en-dessous du niveau de celui de 2019.
Et 2022 ? Si l’optimisme est possible et l’OFCE table sur une reprise totale des activités sans aucune restriction aux déplacements internationaux lors du second semestre, c’est le comportement des ménages, notamment vis-à-vis du surplus « d’épargne-Covid » accumulé (64 Mrds€ en 2021 après près de de 100 Mrds€ en 2020), qui sera au centre du scénario macroéconomique. Ce qui a amené les analystes de l’OFCE a envisagé deux scénarios : l’un avec désépargne de 20 % de cet « épargne-Covid » et l’autre sans désépargne. Dans le premier cas de figure, la croissance du PIB atteindrait + 6 %, le taux de chômage 8,7 %, le solde public (déficit) – 4,6 % et la dette du publique 115 % du PIB. Dans le second, les mêmes indicateurs passeraient respectivement à + 4,3 %, 9,4 %, - 5,4 % et 117 %.
Parlons consommation du surplus d’épargne !
Toute la difficulté est de prévoir ce que les ménages pourront faire. Si l’on peut penser qu’une partie du surépargne sera consommée, rien n’indique le volume qui pourra être dé-épargné. On peut imaginer une certaine « libération » du fait de la fin des contraintes et un rattrapage par rapport à des dépenses différées. Mais d’autres éléments entrent en ligne de compte : la possible crainte d’une situation personnelle difficile (chômage, faillite…) peut pousser à conserver une partie de cet épargne. De même, si l’une des voies choisie pour rembourser la « dette Covid » est l’augmentation des taxes, impôts…, alors les ménages pourront avoir tendance à ne pas dépenser ce surplus. A titre d’exemple, aux États-Unis, on sait qu’une partie des chèques de 1 000 $ envoyés par l’administration Biden dans le cadre du plan de relance n’ont alimenté ni la consommation, ni l’investissement… ni l’épargne. Certains ménages ont plutôt choisi de se désendetter.
Et le monde dans tout ça ?
Pour l’OFCE, les hypothèses sanitaires pour l’économie mondiale sont les mêmes que pour la France (contraintes jusqu’en juin, levées progressives de celles-ci au deuxième semestre, retour à la normale mi-2022). Cet agenda est bien sûr soumis à la progression des campagnes de vaccination et de l’atteinte de l’immunité collective à travers la planète.
Du coup, fin 2021, la demande dépasserait son niveau atteint fin 2019 aux Etats-Unis et en Chine, retrouverait ce niveau de fin 2019 en Allemagne et resterait encore inférieur à celui atteint fin 2019 en Espagne, en France, en Italie et au Japon.
En termes de valeur ajoutée par secteur d’activité, seulement trois renoueraient avec un niveau supérieur à celui de fin 2019 (biens d’équipements, construction et autres biens industriels) au premier semestre 2021. L’agriculture et les IAA seraient très légèrement en dessous de ce niveau (tout comme les services immobiliers, les services non marchands et les services financiers). Tous les autres secteurs resteraient encore assez loin de ce niveau, notamment celui de l’hébergement restauration. Au deuxième semestre, tout cela s’arrange sauf pour les transports et entreposage, l’hébergement restauration et les services aux ménages. Tous les autres retrouvent un niveau de valeur ajoutée supérieur à celui de fin 2019
La croissance mondiale serait donc de + 5,5 % en 2021 après – 3,4 % en 2020 et + 2,6 % en 2019. Le Royaume-Uni et les Etats-Unis atteindraient + 6 % (+ 5 % pour le premier et + 5,9 % pour les seconds en 2022, en cas de désépargne), la Chine + 9 %. L’Allemagne se contenterait de + 3 % (+ 5, 5 % en 2022) mais l’Espagne afficherait un taux de + 5,5 % (+ 7,9 % en 2022). Comme en France, un surplus d’épargne lié à la Covid-19 perdure un peu partout dans le monde. Et comme en France, l’incertitude demeure sur l’emploi de ce surplus qui constitue quand même, de facto, une réserve de croissance potentielle pour 2022. Une différence toutefois, le taux d’épargne des ménages dans les principales économies comparables à celle de la France est bien moins important que dans l’Hexagone.
L’OFCE fait également l’hypothèse d’un prix du baril de pétrole Brent à 60 $ (51 €) en 2021 et à 63 $ (53 €) en 2022.