Non
Pour une fois, les sondages ont prouvé leur efficacité, eux qui annonçaient la victoire du «Non». Si l’on peut louer la tenue d’un référendum sur la Constitution européenne et le fort taux de participation, on peut en revanche regretter que les problèmes de politique intérieure soient venus perturber un vote purement européen. A qui la faute? Aux politiques bien sûr et à leurs petits calculs électoraux qui sont venus jeter de l’huile sur le feu. Quoi qu’il en soit, cette réponse négative des Français, qui a le mérite de remettre en question ceux qui nous gouvernent, ne va pas faciliter la tâche d’une Europe qui a du mal à trouver sa légitimité internationale. Les Etats-Unis seront bien sûr les grands gagnants de cette nouvelle fragilisation européenne. Pour la politique de George W. Bush, il est clair que le Traité de Nice constitue une bien meilleure alternative libérale que la mise en place d’une Constitution européenne qui aurait jeté les bases d’une légitimité politique du bloc européen. Au contraire, l’image de l’Europe se retrouve affaiblie face aux puissances asiatiques émergeantes et aux Américains. Même chose pour les Etats membres peu favorables à cette Constitution, jugée au contraire pas assez «libérale» à leur goût, comme le Royaume-Uni, la Pologne ou la République tchèque. Pour autant, tout n’est peut-être pas perdu. Mais il va falloir aux 25 réagir avec force persuasion pour remettre la construction européenne sur les bons rails. Pour l’agriculture, le coup est rude et d’autant moins compréhensible. Selon un sondage Ipsos à la sortie des urnes, pas moins de 70% des agriculteurs auraient voté non au référendum sur la Constitution européenne. Un vote contestataire qui prouve qu’ils ont la mémoire courte. Car même si Bruxelles a souvent été brocardé pour ses décisions parfois discutables, l’agriculture française à largement profité de la manne européenne. Mais là-aussi, les dirigeants agricoles français ont leur part de responsabilité.