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Filière légumineuse
Intact Regenerative et Axéréal lancent une filière protéine végétale dans le Loiret

Le projet doit démarrer en 2023 et être opérationnel pour la moisson 2024

Jean-François Loiseau, président d'Axéréal (à gauche sur la photo) et Alexis Duval, président d'Intact Regenerative (5è en partant de la droite) lors de la présentation du projet d'implantation de la filière légumineuse en vue de produire des protéines végétales dans le Loiret, en région Centre Val-de-Loire. Egalement sur la photo : Régine Engström, préfète de la région Centre Val-de-Loire et du département du Loiret (2è en partant de la gauche), François Bonneau, président de la région Centre Val-de-Loire (3è en partant de la gauche), Pauline Martin, maire de Meung-sur-Loire et présidente de la communauté de communes des Terres du Val-de-Loire (4è) et Patrick Echegut, maire de Baule (9è).
© Thierry Michel

Fondée en 2022 sur la base d’une technologie innovante en matière de traitement des légumineuses (en attente d’un brevet), l’entreprise Intact Regenerative a annoncé, ce lundi 16 janvier 2023, la signature d’une promesse de vente concernant l’achat d’un terrain de 10 hectares sur la commune de Baule (au sud-ouest d’Orléans) dans le Loiret, afin d’implanter son siège social et sa future usine de production de protéine végétale à partir de légumineuses.

Pour développer son activité, la jeune société a aussi signé un partenariat stratégique, en juin 2022, avec la coopérative Axéréal, actrice historique de l'agriculture dans cette région, qui lui fournira les légumineuses dont elle a besoin. Cette dernière mobilisera 65 000 hectares pour cela et devrait être en mesure d’apporter environ 30 000 tonnes (pois jaunes et féveroles) lors de la première campagne de production en 2024. Elle s’appuiera sur les 200 sites de collecte de son réseau et compte d’ores et déjà une base de 100 agriculteurs (en Beauce et en Champagne berrichonne) prêts à fournir les matières premières nécessaires.

Développement en 2023 et 2024

« La réinstallation de ces cultures est nécessaire mais il va falloir remettre de la génétique dans tout ça afin d’améliorer le rendement des cultures. A titre d’exemple, on espère pouvoir remonter à des productions de pois de 6-7 t/ha, comme il y a trente ans, alors qu’on est plus sur du 3-4/ha aujourd’hui », précise Jean-François Loiseau, président d’Axéréal. « La France a besoin de développer ces cultures et d’abaisser son niveau d’apport d’azote dans les sols ».

L’année 2023 sera une année charnière pour les deux entités : il s’agira, pour Intact, de finaliser les autorisations nécessaires pour l’implantation des constructions prévues (6 000 m2 dont un bâtiment qui atteindra 25 m de haut et qui nécessite une autorisation spéciale) et d’entamer la construction elle-même ; pour Axéréal, la moisson 2023 servira à produire les semences qui serviront à la première production effective de 2024.

Ce projet, « rayonnant pour les mois et années à venir » selon les propres mots de Jean-François Loiseau, implique un investissement de 50 M€. La coopérative, qui a pris 20 % du capital d’Intact, financera aussi le projet afin qu’il puisse prendre toute sa dimension. La jeune société a par ailleurs déposé un dossier de financement dans le cadre du plan France 2030.

Un projet filière et impliquant pour la région

Ce projet mobilise également fortement les acteurs institutionnels. Présente lors de la conférence de presse du 16 janvier, Régine Engström, préfète de la région Centre Val-de-Loire et du département du Loiret, a salué ce projet qui « répond aux priorités du gouvernement en matière de surfaces consacrées aux légumineuses et de faire de la France un leader des protéines végétales en Europe d’ici 2030 ». Elle a aussi souligné le caractère « innovation de rupture » du dossier pour lequel l’Etat « sera là pour le soutenir, à vos côtés ». Même volonté du côté de François Bonneau, président de la région Centre Val-de-Loire : « on change de braquet en prenant en compte les enjeux de sociétaux à travers une vision d’avenir et d’innovation de rupture ». Patrick Echegut, maire de Baule, et Pauline Martin, maire de Meung-sur-Loire et présidente de la communauté de communes des Terres du Val-de-Loire, parlent de la « concrétisation d’un rêve un peu fou » et du travail en commun fait très tôt avec les différentes parties prenantes. Le projet doit créer 60 emplois directs au démarrage en 2024.

Dans le détail, « les activités d’Intact permettent à la fois de valoriser les légumineuses sous forme de protéines végétales, avec de multiples utilisations possibles, notamment en alimentation humaine et animale, et sous forme de distillat afin de produire un alcool neutre bas carbone qui peut s’utiliser en pharmacie et en cosmétique », précise Alexis Duval, l’un des co-fondateurs et président d’Intact. La technologie de l’entreprise permet aussi de valoriser les matières premières en étant économe en eau.

Deux autres grandes idées ont présidé au lancement de ce projet : d’une part, la volonté d’appliquer le concept d’agriculture régénérative en cultivant des légumineuses et en faisant évoluer les assolements ; d’autre part, la production d’ingrédients s’inscrivant dans une logique de filière locale (les matières premières proviendront de 150 km maximum autour de l’usine).

A termes, probablement d’ici à 5 ans, Intact Regenerative devrait atteindre les 50 M€ de chiffre d’affaires et diversifier ses activités : traiter du blé pour fabriquer des ingrédients, fabriquer des isolats ou encore implanter des lentilles dans les activités de cette filière.

Dans le même temps et dans la région (à Chevilly, au nord d’Orléans), l’entreprise Happyvore (ex Les Nouveaux Fermiers), créée en 2019 par de jeunes ingénieurs (Cédric Meston et Guillaume Dubois), est en pleine installation de son usine de production d’analogues de viandes à partir de protéines végétales, avec à la clé la création d’une trentaine d’emplois.

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