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Marché international des grains
Export mer Noire - Le retour de la Russie à la table de négociations détend les cours mais pas le marché

Les Russes peuvent changer d’avis du jour au lendemain, selon diverses sources publiques et privées. Près de 10 Mt de grains et coproduits ont quitté les ports ukrainiens depuis la signature de l'accord le 22 juillet.

© PublicDomainPictures-Pixabay

Après avoir nettement progressé, suite au refus de la Russie de prolonger l’accord du 22 juillet permettant la poursuite des
exportations ukrainiennes sur la mer Noire, les cours ont chuté mercredi 2 novembre avec le retour à la table des négociations de Moscou. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a confirmé la reprise, dès la mi-journée, des exportations sur la mer Noire grâce au couloir sécurisé. « La Russie considère que les garanties reçues jusqu’à présent semblent suffisantes et reprend la mise en œuvre de l’accord », a annoncé le ministère russe de la Défense sur l’application Telegram. Selon ce même ministère, six cargos auraient quitté les ports ukrainiens, se dirigeant vers le corridor humanitaire, jeudi 3 novembre. Le prochain sommet du G20 (15 et 16 novembre en Indonésie), pourrait être l'occasion pour le président russe, Vladimir Poutine, de signer la prolongation de l’accord de juillet, selon Refinitiv.

Malgré ce revirement des autorités russes, les marchés restent inquiets : la Russie va-t-elle de nouveau changer d’avis ? Est-ce que l’accord sera prolongé au-delà du 22 novembre ? Si non, est-ce que l’Ukraine pourra exporter ?

Les Nations Unies et l’occident poussent pour que la Russie ne change pas à nouveau d’avis, et de prolonger les termes de l’accord au-delà du 22 novembre prochain. Officiellement, les autorités russes ont affirmé que la Russie avait reçu des garanties écrites d’une démilitarisation du couloir maritime utilisé pour le transport de grains ukrainiens, justifiant leur volte-face. L’Ukraine a de son côté nié avoir promis quoique ce soit de nouveau, et explique n’avoir jamais eu l’intention d’utiliser les corridors à des fins militaires.

Le chantage des Russes a échoué selon les Ukrainiens

Les autorités ukrainiennes ont récemment déclaré que la suspension de la participation russe n’avait finalement pas empêché les exportations de grains via la mer Noire de se poursuivre. Mykhailo Podolyak, conseiller du président Volodymyr Zelensky, a par exemple expliqué à Reuters que les russes sont revenus dans l’accord car « leur chantage n’a pas fonctionné. Ils ont bien vu que les corridors pouvaient fonctionner sans leur participation ». D’autres évoquent les pressions turques qui auraient abouti.

La Russie de nouveau hors de l’accord ? Et alors…

Divers scénarios peuvent survenir quant à l’attitude que la Russie adoptera, et les effets sur le fonctionnement des corridors. Le média Reuters évoque par exemple la possibilité pour la Russie de quitter l’accord une nouvelle fois, mais tout en laissant les exportations vers la Turquie se poursuivre. D’autres sources expliquent que la Russie peut quitter l’accord, sans que les corridors ne soient perturbés… Enfin, certains craignent que les corridors puissent effectivement être fermés, avec dans le pire des scénarios des attaques sur les bateaux ukrainiens, mais l’image de la Russie s’en retrouverait détériorée, et pourrait perdre des alliés…

S’il est difficile de connaître les raisons qui ont poussé la Russie à suspendre sa participation à l’accord puis à y revenir, le rythme des exportations de grains et coproduits depuis l’Ukraine doit être surveillé de près, jouant sur l’évolution des cours mondiaux.

Dans une vidéo publiée sur Linkedin, Hélène Duflot, analyste du cabinet Stratégie Grains, confirme qu’il sera difficile de prévoir ce que la Russie fera, et si les exportations ukrainiennes se poursuivront normalement. Dans un scénario où l’Ukraine ne pourrait faire sortir de la marchandise en raison d’un accord sur les corridors non renouvelé, le marché des grains sera profondément affecté, rapporte-t-elle. Néanmoins, certaines matières premières ne seront pas pénalisées autant que d’autres. Par exemple, « le marché du blé est à peu près bien approvisionné, et la baisse des exportations ukrainiennes pourra être compensée. La Russie peut sortir 45 Mt, et l’Australie pourrait dépasser le record de la campagne commerciale 2021/2022 en termes d’exportation, malgré une dégradation de la qualité de certains lots liée aux pluies. Et l’UE connaît certes une baisse de production mais dispose de volumes. En revanche, les expéditions argentines devraient être inférieures à la moyenne quinquennale ». Le maïs pourrait en revanche manquer, tout comme le tournesol.

 

Les Nations Unies estiment que près de 10 Mt de céréales, d’oléagineux, d’huiles et de tourteaux sont partis des ports ukrainiens pour approvisionner le marché mondial lors des trois derniers mois (cf. graph).

 

 

 

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