Consommation d'énergie
La nutrition animale recherche plus de sobriété énergétique
La nutrition animale, consommatrice d’électricité mais aussi de gaz pour la granulation, cherche des solutions pour une plus grande sobriété et craint les annonces des rationnements voire de délestage.
La nutrition animale, consommatrice d’électricité mais aussi de gaz pour la granulation, cherche des solutions pour une plus grande sobriété et craint les annonces des rationnements voire de délestage.
Les fabricants d’aliments pour animaux estiment que la hausse des coûts de l’énergie est durable, même si la multiplication par 8 ou 10 des prix pourrait se tempérer en 2024. Le coût de l’énergie, qui pesait entre 20 et 30% des couts de fabrication en 2020 pourrait bien en représenter plus de la moitié l’an prochain. « Le surcout à la tonne va bientôt représenter le cout de la fabrication de l’aliment », avertit Franck Ducatel (Cargill), président de Tecaliman lors du congrès que le centre technique tenait la veille du Space. Il faudrait y ajouter le carburant pour les approvisionnements et les livraisons.
0,4% de la consommation de l’industrie française
Les 310 usines de la nutrition animale française consomment ensemble environ 1 300 GWh/an selon Tecaliman (60% d’énergie électrique, 40% d’énergie thermique en 2020-2021). Cela représente 0,4% de la consommation de l’ensemble de l’industrie nationale et environ la consommation de 81 000 foyers soit la ville de Nantes explique François Lucas, spécialiste de l’énergie au sein du centre technique de la nutrition animale. Avec 57% des consommations, le gros poste en fabrication c’est la granulation. Un aliment granulé nécessite environ 32 kWh pci/t en gaz et 33 kWh/t en électricité. Réduire ses consommations pourrait dire cesser simplement de granuler mais une telle solution aurait des conséquences sur la sécurité sanitaire (élimination des bactéries, notamment des salmonelles), la performance zootechnique (digestibilité des nutriments), voire les transports (volume).
De réels changements de pratiques en usine
Les entreprises s’adaptent de multiples manières: « On voit de réels changements de pratiques avec de plus en plus d’usines en prébroyage ou lieu des prémélanges car elles peuvent broyer la nuit donc aux tarifs plus avantageux », illustre Franck Ducatel.
L’appareillage des usines pour une conduite en temps réel avec des débitmètres vapeur, la formation des opérateurs, l’évolution des matériels comme les presses à un rouleau présentées lors du récent Victam à Utrecht (Pays-Bas), l’automatisation pour chasser toute marche à vide, la
systématisation des variateurs de vitesse, mais aussi des chaudières plus efficaces sont autant de solutions technologiques comme la lutte contre les fuites du circuit d’air comprimé. Si cela ne suffit pas, il faudra « entrer dans le dur » en revoyant les gammes pour réduire au maximum les traitements technologiques. L’usage des acides organiques pour la maîtrise des contaminations sur certaines gammes, testé il y a 10 ans par Tecaliman retrouve de l’intérêt.
Ca n’empêchera pas des difficultés d’un autre ordre : les triturateurs de soja envisagent déjà de réduire leur production, comme les déshydrateurs de pulpes de betteraves, déjà courtisés par les méthaniseurs.
La question des économies d’énergie est donc déjà posée par les cours et l’objectif global de réduction de 40% des consommations d’ici 2025. Et un certain nombre de solutions vers plus de sobriétés sont engagées pour répondre à l’injonction générale de -10%.
Des demandes d’exemption en cours de négociation
Les industriels sont peut être encore plus inquiets par le risque de coupure, que l’administration leur impose un rationnement ou des délestages. Lors du Carrefour des matières premières, organisé le 16 septembre par Nutrinoë et Feedstim avenir, Anne-Hélène Leroy (responsable des affaires économiques, Snia) est revenue sur le cadre règlementaire qui pourrait s’imposer aux entreprises : toutes celles qui consomment plus de 30 MWh/an (soit 80% de la profession) vont être obligées rationnées avec une baisse de 7% de leur consommation de gaz sauf si l’administration répond favorablement aux demandes d’exemption portées par les syndicats. Et c’est sans compter le délestage prévu pour toutes les entreprises consommant plus de 5GWh de gaz (toutes les usines de plus de 150 000t soit 10% des sites) avec une obligation d’arrêt dans les deux heures sauf exemption définie par les préfets.