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Logistique
Moyens de transport : une pénurie structurelle pour le fret routier, conjoncturelle pour le fret maritime

Si le manque de camion à l’échelle européenne s’explique par un déficit de chauffeurs, la faible disponibilité en cale de navire au niveau mondial est à mettre sur le compte d’une désorganisation des échanges commerciaux en lien avec la pandémie de Covid-19.

Association professionnelle des chargeurs, l’AUTF représente les entreprises industrielles et commerciales dans leur fonction de donneurs d’ordre aux transports.
© AUTF

Les chargeurs de la filière agri-agro témoignent depuis le début de la campagne commerciale de difficultés logistiques tant sur la route que sur la voie d’eau. Une situation qui s’aggrave de semaines en semaines si l’on en croit les professionnels du secteur. A titre d’illustration, les fabricants d’aliments pour animaux ont vu le prix des issues de meunerie flamber, en raison entre autres de difficultés à trouver des camions disponibles. Les spécialistes du fret fluvial ont également souligné la complexité d’organiser des trafics, conséquence d’un manque de cale, de travaux d’entretien sur les infrastructures fluviales et, maintenant, de l’apparition des basses eaux sur le Rhin.

Cette problématique de manque de moyens de transport s’étend au fret maritime, selon les propos de Fabrice Accary, directeur général de l’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF), qui œuvre pour tenter de remédier à cette situation.

Fret routier : des actions pour rendre le métier plus attractif

« Le dossier relatif à la pénurie de conducteur de camion, nous préoccupe depuis plusieurs années. Aujourd’hui, en France, le déficit de chauffeurs routiers s’élève entre 40 000 et 50 000, voire entre 300 000 et 500 000 à l’échelle de l’Union européenne », insiste Fabrice Accary. L’AUTF a entrepris plusieurs actions pour tenter d’y remédier.

Le syndicat professionnel, en partenariat avec Aftral (organisme de formation en transport et logistique), travaille à la sensibilisation des jeunes pour façonner la future génération, au travers de nos relais d’information et notre réseau professionnel. « Nous participons également à l’adaptation des formations proposées pour les rendre plus attractives », ajoute Fabrice Accary.

Dans un autre registre, l’AUTF travaille à l’échelle de l’Union européenne pour améliorer l’accueil des chauffeurs routiers sur les plateformes logistiques et industrielles, mais également avec les collectivités locales pour qu’elles mettent en place les équipements appropriés. « Sur ce dernier volet, si la volonté est présente, peu d’actions sont entreprises », regrette le directeur général.

Fret maritime : des démarches aux résultats attendus sur le long terme

S’agissant du fret maritime, on observe également une pénurie de moyens de transport en France, mais également dans l’Union européenne et dans le monde. « Ce manque de cale disponible est davantage conjoncturel, en lien avec la pandémie de Covid-19 qui a désorganisé le transport maritime, et non la conséquence d’une pénurie de matériel », explique Fabrice Accary. Pour preuve, les volumes échangés au niveau mondial en 2019 ne sont pas plus importants qu’aujourd’hui. « Cependant, les armateurs en joue car cette pénurie engendre une hausse des coûts du fret maritime et, par ricochet, une augmentation de leurs marges », affirme le directeur général de l’AUTF. Selon ce dernier, entre fin 2019-début 2020 et aujourd’hui, pour les trajets Asie-Europe, la facture est deux plus chère pour les flux réguliers, voire dix fois plus onéreuse sur le marché du spot ; pour les voyages trans Atlantique, la hausse tarifaire est moins marquée, de l’ordre du double de prix. « Cette situation devrait encore durer plusieurs mois mais nous espérons que, dans le courant du premier semestre 2022, tout revienne à la normale. A terme, c’est plutôt la problématique de la disponibilité en matières premières agricoles qui va se poser, que celle en moyens de transport », estime Fabrice Accary.

Sur ce dossier, les moyens d’action de l’AUT sont limités. « Si les armateurs déclarent faire au mieux pour régler l’horloge des échanges mondiaux, à l’échelle européenne, nous essayons d’agir au niveau des prix mais personne ne sait vraiment comment faire : faut-il faire payer des amendes aux Américains [qui sont partie prenante dans ce problème de pénurie] ? » Les Etats-Unis, ayant redémarré leur économie avant les autres pays, ont saturé leur réseau portuaire. Conséquence, « à Los Angeles, par exemple, il faut trente jours en moyenne pour qu’un navire puisse être déchargé, au lieu de quelques heures en temps normal. Il suffit que 5 à 10 % des navires attendent de tels délais pour dérégler la bonne marche du fret maritime à l’échelle mondiale », souligne le directeur général de l’AUTF.

L’AUTF mène, avec d’autres organisations professionnelles, une action au niveau de l’Union européenne, qui vise à identifier la hausse de coûts subis par les chargeurs européens et les comparés à ceux supportés par leurs homologues à travers le monde, afin de prouver que le surcoût « imposé à l’Union européenne est exagéré par rapport à d’autres zones géographiques et, ainsi, qu’il existe une distorsion de concurrence à la défaveur des chargeurs européens », explique Fabrice Accary.

Par ailleurs, l’AUTF, via France Logistique*, siège au Cilog (Comité interministériel de la logistique), qui a pour objectif de dynamiser la logistique française à travers les ports hexagonaux, de lui redonner ses lettres de noblesse. Car, rappelons-le, la France, bien que la 5e puissance économique mondiale, occupe la 16e place en termes de performances logistiques. « C’est un travail de longue haleine qui portera ses fruits à terme », conclut le directeur général de l’AUTF.

* France Logistique réunit, autour des six organisations professionnelles fondatrices (Afilog, AUTF, CGI, FNTR, Otre et TLF), dix-sept entreprises de logistiques adhérentes. L’association s’est donné pour mission d’incarner les acteurs et promouvoir la filière, de construire avec les acteurs privés et publics la réponse aux enjeux de demain, de soutenir le dynamisme de la filière dans un environnement concurrentiel européen rude.

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