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Marché des grains et de l’énergie, un lien qui fait débat

Charles Arbuthnot, trader de Marex, estime que, bien que le lien entre prix des grains et de l’énergie se soit renforcé depuis les années 70, les fondamentaux propres aux marchés des céréales et des oléagineux restent les principaux influenceurs des cours.

© drpepperscott230-Pixabay

Une étude de la Banque des règlements internationaux (BRI ou BIS en anglais) de septembre 2022 indique que la crise inflationniste que nous vivons actuellement est différente de celle vécue dans les années 70. 

Elle explique, entre autres, que les prix de l'énergie, notamment du pétrole, et ceux des matières premières agricoles, maïs et soja tout particulièrement, sont de plus en plus corrélés. Ainsi, la hausse des premiers renforce davantage les seconds, en raison de la hausse de l'usage des biocarburants, produits à partir d'huile de maïs et de soja notamment. L'étude rappelle que depuis 2008, 40 % du maïs états-unien est incorporé dans les agrocarburants, alors que ce procédé n'existait pas dans les années 1970. Mais certains experts estiment que le document néglige certains aspects.

Un surplus de récolte de céréales peut peser sur les prix de l’énergie

Charles Arbuthnot, responsable sénior du commerce agricole de Marex à New York, est d'accord sur le fait que le lien entre marché des énergies et des grains s'est renforcé. Cependant, la BRI néglige un point important selon lui : « On observe qu'un surplus de récolte de soja, de maïs, de sucre, d'huile de palme... offre davantage de biodiesel disponible et permet de faire pression sur les cours de l’énergie. Aujourd'hui, quel serait son prix s'il n'y avait pas les biocarburants ? L’étude se focalise trop sur le phénomène suivant : hausse des cours de l'énergie engendre une hausse de ceux des grains. »

Certes, les décisions géopolitiques relatives au pétrole, notamment les déclarations des pays de l'Opep (organisation des pays producteurs de pétrole) peuvent engendrer de fortes variations des valeurs à court terme. « Mais le principal "driver" du marché reste l'offre en grains : une bonne récolte mondiale fera pression sur les prix tôt ou tard, une mauvaise aura l'effet inverse », rappelle le trader de Marex.

Si le lien peut encore se renforcer à l'avenir entre ces deux secteurs d’activité, avec des politiques favorables aux agrocarburants dans divers pays (Brésil, Argentine, Inde, Asie du Sud-Est, etc.), les fondamentaux propres aux marchés des grains finiront tôt ou tard par prendre le dessus, d’après Charles Arbuthnot. Sachant que l'augmentation de la demande en biocarburant peut stimuler l'offre en céréales et en oléagineux, au-delà de ses besoins nécessaires. Et plus de biodiesel ou de bioéthanol signifie plus de concurrence à l'énergie fossile, et donc baisse de son prix, d'après l’expert de Marex.

L’énergie coûte bien plus cher que les denrées alimentaires

Charles Arbuthnot rappelle par ailleurs que la hausse des prix des denrées alimentaires contribue certes à l'inflation, mais bien moins que la flambée des coûts de l'énergie : « Le prix des grains entrant dans la composition d'un paquet de céréales pour petit déjeuner ou d'une baguette de pain est faible, comparé aux frais d'emballage, de marketing et surtout d'énergie nécessaire au transport et à la transformation des matières premières (four, fonctionnement des machines etc.) ».

Marex devient le plus important compensateur non bancaire mondial après le rachat d'ED&F Man Capital Markets

Avec la finalisation du rachat d’ED&F Man Capital Markets fin 2022, entité experte dans la compensation d’opérations financières ou commerciales (« clearing » en anglais), Marex se targue de devenir le plus gros compensateur non bancaire (FCM – Futures Commission Merchant) au monde. Marex est à l'origine une société de courtage spécialisée dans les matières premières : énergie (électricité, gaz naturel, biocarburants, pétrole…), métaux, produits agricoles, dont les grains (rachat du cabinet Arfinco en 2022).

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