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Tour de plaine
Maïs 2020 : des rendements attendus sous les 9 t/ha

Le fort déficit hydrique durant l’été a fait des dégâts, et le Sud-Ouest, après une bonne année 2019, verrait sa production décrocher.

© aitoff-Pixabay

Alors que la récolte de maïs 2020 serait réalisée à hauteur de 20-25 % en semaine 40, selon les analystes contactés, une tendance se dessine : les rendements nationaux tomberaient sous la barre des 9 t/ha, pas loin du scénario 2019. Agreste estimait la productivité nationale l’an dernier à 88,8 q/ha, et à 89,7 q/ha cette année mi-septembre. Le chiffre du ministère de l’agriculture semble un peu optimiste.

« Nous travaillons pour le moment sur une hypothèse tournant autour des 8,5 t/ha, incluant les cultures de maïs grains et semences, ce qui donnerait une récolte française à 13,8 Mt environ. Ce chiffre est inférieur à la moyenne quinquennale », indique Vincent Braak, analyste de Stratégie Grains. De son côté, Arvalis est un peu plus optimiste concernant les rendements, tablant sur un chiffre « inférieur à 9 t/ha, similaire à celui de l’an dernier pour l’instant », déclare Thomas Joly, animateur maïs de l’institut technique.

Bien entendu, il convient de rester prudent quant aux chiffres énoncés, car très provisoires, la récolte ne faisant que débuter, et actuellement ralentie par les pluies. Rappelons également que les agriculteurs ont pour habitude de couper les parcelles les plus mauvaises en premier.

Le Centre s’en sortirait mieux que l’an dernier

Si les rendements 2020 pourraient tomber au même niveau que l’an dernier voire en deçà, la situation suivant les zones de productions s'avérerait différente. En 2019, les moissons dans le Sud-Ouest (Aquitaine et Midi-Pyrénnées) étaient satisfaisantes, contrebalançant notamment les mauvais résultats dans le Centre. Cette année, la situation est quelque peu inversée. « Le Sud-Ouest a cumulé un peu tous les soucis climatiques : trop d’eau lors des semis, du froid au printemps et du sec en été, pénalisant la floraison. En revanche, les résultats dans le Centre sont pour le moment meilleurs que l’an dernier dans l’ensemble. Les restrictions d’irrigations sont survenues plus tard, ce qui a permis de mieux arroser dans le sud du secteur », témoigne Thomas Joly. Par conséquent, « pour fournir le marché espagnol, il faudra partir de plus loin, du Centre notamment », ajoute Vincent Braak.

Toutefois, la région Centre est grande, et la situation est très variable selon les zones. Par exemple, le nord de cette zone (Loiret, Eure-et-Loir voire un peu plus haut dans l’Essonne et les Yvelines), zone d’influence de la Scael, a reçu très peu d’eau en été, moins que le sud (Cher, Indre etc.). Et bien qu’il n’y ait pas eu de restrictions à l’irrigation, « les parcelles irriguées devraient donner de moins bons résultats que l’an dernier, la gestion de l’irrigation étant plus compliquée quand il n’y a pas d’eau naturelle. Nous observons pour le moment des pics à 130 q/ha, alors que nous allions jusqu’à 140 q/ha l’an dernier. Les secteurs non-irrigués ont beaucoup souffert, et ce surtout dans les situations de sols superficiels. En non-irrigué, les plus mauvais secteurs peuvent tomber à 25 q/ha, voire même dans le pire des cas, on laisse les cultures aux champs. Les meilleurs résultats atteignent 50 q/ha », déclare Lionel Gibier directeur du pôle végétal de la Scael.

Lionel Gibier précise que la coupe est faite à 15%, et que beaucoup reste à faire donc. Il n’empêche que pour le moment, l’expert table sur une baisse moyenne de productivité de 10% par rapport à l’an dernier. « On devrait collecter 60 000 t de maïs cette année, comme en 2019, mais en sachant que la sole a augmenté de 10% d’un an sur l’autre dans notre secteur ».

Sur la façade Atlantique et la Bretagne, la productivité devrait s'afficher dans la moyenne quinquennale, soit une situation globalement correcte. Le quart nord-est a été très sec, « mais ce n’est pas là où il y a le plus de maïs. Quant à l’Alsace, il y a beaucoup d’irrigation, la situation est bonne », précise Thomas Joly. Les Hauts de France s’en sortiraient plutôt bien malgré le déficit hydrique, alors que la situation en Rhône-Alpes s’avère très hétérogène. « On a des rendements à 160 q/ha dans la vallée de l’Isère, sans irrigation, les terres y étant très bonnes ! Mais dans d’autres secteurs, on peut tomber à 40 q/ha voire plus bas ! », précise Thomas Joly.

Baisse de potentiel dans les surfaces irriguées du Sud-Ouest

Les représentants de quelques organismes stockeurs de la zone Sud-Ouest confirment les difficultés. « Nous avions collecté 700 000 t de maïs en 2019 (600 000 t dans les installations de la coop, 100 000 t dans les silos d’agriculteurs adhérents). Cette année, alors que les surfaces ont grimpé de 5 à 10%, on pourrait collecter le même volume, alors qu’on tablait plutôt sur 860 000 t », regrette Michael Junqua, Chef de marché d’Euralis. Les parcelles irriguées subissent une baisse de potentiel, en raison notamment des basses températures au printemps, sachant que des phénomènes de tassement des sols (battance) ont également affecter les plantes, ajoute-t-il. Et le manque de pluies naturelles ne facilite pas l’irrigation.

Même son de cloche du côté de Nicolas Prevost, responsable collecte d’Arterris : « la situation est très hétérogène et décevante. Les résultats en non irrigués ne sont pas bons mais un peu meilleurs que l’an dernier. En revanche, les parcelles irriguées ont donné de moins bons rendements que l’année antérieure, du fait notamment d’une certaine pression pyrale ». Ainsi, il estime que « nous pourrions obtenir les mêmes volumes que l’an dernier, malgré la hausse des surfaces ».

Pour résumer, les résultats 2020 paraissent très hétérogènes, surtout au niveau des parcelles non-irriguées et superficielles. Des rendements entre 25 q/ha et 160 q/ha sont rapportés.Autre particularité de 2020 : « ceux qui ont semé tôt ont moins souffert du sec en été et s’en sortent souvent mieux, alors que c’était l’inverse l’an dernier », alerte Thomas Joly. « Nous devrions avoir plus de grains au mètre carré, mais plus petits », précise Vincent Braak.

Le tournesol résiste, le soja a souffert

Concernant les récoltes de tournesol et de soja : « nous prévoyons 23-24 q/ha en moyenne de rendement en tournesol cette année, contre 20-21 q/ha l’an dernier. La culture a mieux résisté que d’autres (soja, maïs). En soja, dont la sole dans notre secteur a progressé de 10-15% annuellement, nous tomberions à 27-28 q/ha, contre 35-37 q/ha enregistrés en 2019. Une année exceptionnelle ! », rapporte Michael Junqua. Du côté d’Arterris : « les récoltes en soja ont à peine débuté et sont très hétérogènes. En tournesol, la moisson est bien avancée, mais là aussi, les rendements sont très variables » souligne Nicolas Prevost.

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