Mouvements sociaux
L’export céréalier et la nutrition animale aux abois
La poursuite des grèves dans le secteur portuaire inquiète sérieusement les professionnels qui redoutent des pertes de parts de marché et de cheptel.
La poursuite des grèves dans le secteur portuaire inquiète sérieusement les professionnels qui redoutent des pertes de parts de marché et de cheptel.
La filière Grains a de nouveau fait face à une semaine à l’opération « Ports Morts » prévoyant le blocage de l’activité du mardi 20 à jeudi 23 janvier. L’acheminement des marchandises au sein des ports et vers les navires a une fois de plus été très perturbé, mettant à mal les exportations de blé notamment mais aussi les approvisionnements en matières premières importées, tourteaux de soja en tête.
Risque de pertes de marchés pour le blé hexagonal
Au-delà même du coût généré par les paralysies ponctuelles observées ces deux dernières semaines, c’est la réputation de la filière française qui est en jeu. « Des bateaux que nous aurions dû charger fin janvier, début février commencent à se positionner sur d’autres ports que les ports français », a déclaré Jean-François Lepy, directeur général de Soufflet Négoce et référent logistique Intercéréales, le 21 janvier à l’AFP, citant en premier lieu l’Allemagne, ainsi que les pays de la Baltique et de la mer Noire. Selon ses estimations, 500 000 à 700 000 t pourraient être perdues au terme de ces trois nouvelles journées de grève. « On est à un point d’inflexion : si la grève se prolonge la semaine prochaine, des flux à l’export seront perdus », a-t-il indiqué deux jours plus tard. Une grève qui tombe d’autant plus mal que la France a engrangé une belle récolte et que la filière est « en phase de reconquête au Maroc, en Afrique de l’Ouest, face à la concurrence de la Russie qui avait gagné des parts de marché ces deux dernières années », regrette-t-il.
La nutrition animale à la peine
Concernant l’industrie intérieure, les approvisionnements en tourteaux de soja sur la façade Atlantique ont été particulièrement difficiles. Pour autant, les industriels de la nutrition animale ont réussi à sauver le principal, c’est-à-dire les livraisons à destination des élevages qui jusqu’ici n’ont pas été privés d’aliments. La semaine dernière, 6 usines auraient été contraintes d’arrêter la production. Mais les sites concernés ont pu rattraper une partie du retard le week-end et les jours suivants. « Les industriels ont beaucoup travaillé » pour remédier à l’absence matières premières protéiques importés, notamment les tourteaux de soja, explique Stéphane Radet, directeur du Syndicat des industriels de la nutrition animale. « Nous avons mis en place une cellule téléphonique avec le Snia, Coop de France, Nutrinoë et le Synacomex pour partager nos informations et anticiper au mieux ». Concernant d'éventuels surcoûts, « il est trop tôt pour les chiffrer au niveau des Fab, mais il y en aura malgré tout », estime-t-il. Et ce d’autant que les cours sont actuellement haussiers et que des reformulations ont été nécessaires pour se passer des tourteaux de soja, forçant ainsi les industriels à racheter des matières premières, parfois éloignées, sur le marché spot.
Du côté des meuniers en revanche, l’impact des grèves des transports en règle général reste très limité, l’essentiel des livraisons étant assuré par des flottes de camions internes aux entreprises. « Nous n’avons pas noté de complications particulières tant à autour de Paris qu’en région », a déclaré Aurore Bescond, secrétaire générale adjointe de la Meunerie française (ANMF).