Les luzernes accumulent les preuves de leur durabilité
La filière des luzernes déshydratées se remet d’une période difficile en mettant l’accent sur l’impact environnemental positif de ces cultures
LA DURABILITÉ de la filière luzerne déshydratée continue à faire ses preuves. Le président de Coop de France Déshydratation et de Désialis, Jean-Pol Verzeaux, s'est d’ailleurs déclaré « confiant en l’avenir malgré une récente période difficile » suite à sa rencontre avec le ministre de l'agriculture Bruno Lemaire. Selon lui, « les droits à paiement unique n'incitant plus les producteurs à se tourner vers la luzerne ont entraîné une baisse des surfaces. Cependant, en 2009, les hectares en culture se sont stabilisés ». La France enregistre tout de même une baisse de 7 % de ses volumes cette année, mais le président a affirmé, à l’occasion de la conférence de presse organisée le 9 novembre par Coop de France Déshydratation, que « les causes sont principalement climatiques ».
Une filière soutenue politiquement
Suite au bilan de santé de la Pac, la France a obtenu le maintien des aides couplées à la transformation en luzerne jusqu’en 2011. Pour 2012, la filière devrait intégrer le plan protéines et bénéficier des aides qui en découlent, « une parole de ministre » sur laquelle compte Jean-Pol Verzeaux. Bruno Lemaire a d’ailleurs reconnu les vertus agro-environnementales de la luzerne en termes de réductions des intrants, de lutte contre l’érosion et de conservation de la biodiversité. Selon lui, la culture doit conserver sa place dans les assolements. Les innovations techniques de la filière ont aussi eu des effets bénéfiques en terme d’emplois, selon Coop de France Déshydratation. Le préfannage au champ, une technique de séchage à plat avant usine, a permis la création d’une centaine d’emplois en Champagne-Ardenne, ainsi qu’une réduction des consommations d’énergie lors de la déshydratation. Ceci renforce les convictions du ministre quant au bien fondé d’un soutien public à la filière, afin qu’elle continue à s’engager dans une trajectoire durable.
Un raffermissement attendu des cours
L’union des coopératives Alfaluz et Euroluz sous la bannière Luzéal durant l’été 2009, permet à Désialis de commercialiser 80 % de l’offre française en luzerne déshydratée. Un opérateur de poids qui tente de réguler au mieux ce marché ayant subi quelques difficultés. En effet, « suite aux fortes progressions de prix en 2008, la correction de 2009 est douloureuse pour les producteurs », affirme le directeur commercial de Désialis, Gérard Desvignes. Ce dernier poursuit en expliquant que « les stocks de report en luzerne sont moindres en 2008/09 que précédemment, notamment grâce aux débouchés vers l’Allemagne ou la Belgique favorisés par une activité principalement centrée en Champagne-Ardenne. Des prix très attractifs sur septembre 2009 ont aussi incité au retour des prises de position longues par les utilisateurs ». Pour Gérard Desvignes, ceci devrait permettre d’alléger le marché et de regagner, en fin de campagne, les 10 €/t nécessaires à la rentabilité des producteurs de luzerne.
Chiffrer les aménités de la luzerne
Si les aides à la production en luzerne sont maintenues jusqu’en 2011, qu’adviendra-t-il de la filière à partir de 2012 ? Au niveau français, la luzerne pourrait intégrer le plan protéines végétales dès 2012, et bénéficier d’un soutien financier permettant de pérenniser l’activité. Au niveau européen, Éric Guillemot, directeur de Coop de France Déshydratation, évoque « la possibilité pour la filière d’aller vers le second pilier de la Pac, afin que soient remboursées les aménités environnementales et sociétales des cultures de luzerne ». Ces externalités positives concernent, pour la luzerne, l’amélioration de la biodiversité, de la qualité de l’eau ou de l’emploi sur certaines zones. « Mais, avant toutes choses, il s’agit de fournir des preuves techniques et scientifiques solides de la production d’aménités par la luzerne » lance Éric Guillemot en introduisant la présentation des partenariats réalisés avec la filière en ce sens. Ainsi, différents organismes allant des associations de protection de la nature aux institutions, en passant par des organismes scientifiques, sont actuellement partenaires de Coop de France Déshydratation afin de déterminer les critères permettant de rétribuer les aménités des cultures de luzerne. Ceci donnerait lieu à la contractualisation des pratiques vertueuses des cultivateurs de luzerne sur quatre ou cinq ans. La mise en place du système pourrait suivre le modèle des mesures agro-environnementales qui valorisent les bonnes pratiques des agriculteurs en compensant les surcoûts induits.