Matières premières
Les Fab belges intègrent du soja responsable
Jugeant la mise en route des filières soja durable RTRS trop lente, les Belges ont pris les devants
Les fabricants d’aliments du bétail belges ont développé des filières d’approvisionnement en tourteaux de soja responsables. 100.000 t ont ainsi alimenté leurs usines en 2009. Yvan Dejaegher, le directeur du Bemefa, qui fédère les 170 fabricants belges, a profité de son intervention à l’assemblée générale du Snia (Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale), le 4 juin au Mans, pour chercher à rallier les Français à la démarche. Le soutien à la production d’un soja durable RTRS (Round Table Responsible Soy) fait à ce sujet partie des dix engagements (cf. Un indicateur prix adossé à Euronext pour le pois) pour pérenniser les filières d’élevage françaises adoptés à cette occasion par les adhérents du Snia.
Un approvisionnement voué à monter en puissance
Les fabricants d’aliments du bétail belges cherchent depuis 2006 à mettre en place des filières d'approvisionnement en matières premières durables pour leurs usines. Ils ont ainsi adhéré à l'association internationale RTRS, une initiative lancée en 2004 qui se focalise sur le soja. L'objectif de cette démarche est de créer un standard de production répondant à un cahier des charges intégrant des impératifs agronomiques, sociaux et environnementaux définis par l'ensemble des parties prenantes. En tout, ce ne sont pas moins d'une centaine de critères qui ont été fixés. Mais « nous trouvions que le dossier n'allait pas assez vite. Nous avons donc retenu 20 des 85 critères du RTRS et les avons appliqués », explique Yvan Dejaegher. Parmi eux, le soja doit par exemple être cultivé sur des régions qui n’ont pas été déboisées après 2006 ; les producteurs doivent recevoir des salaires décents... Des impératifs liés à la biodiversité et les assolements y figurent également. A la clef : un soja dit sociétalement responsable. Des filières d’approvisionnement en tourteaux ont ainsi été mises en place depuis le Brésil et l'Argentine. « Nous travaillons avec deux huiliers dans chaque pays. Des filières sans OGM peuvent être garanties depuis le Brésil. Cela constitue en effet une condition supplémentaire qui ne fait pas partie des critères que nous avons établis », précise le directeur du Bemefa.
Quelque 100.000 t de ces sojas certifiés sociétalement responsables ont donc été achetées par les Fab belges en 2009. Les approvisionnements sont expertisés par Control Union. En 2010, le Bemefa table sur un flux de 150.000 t. « Et en 2015, nous pensons que tout le soja que nous achèterons pourra être responsable et même complètement compatible avec les 85 critères du RTRS », anticipe Yvan Dejaegher. Pour peser davantage sur le marché, les Belges tentent de fédérer d’autres professionnels du secteur : « Les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède et la Finlande avaient mis en place des cahiers des charges durables, mais moins aboutis, ne prenant en compte qu’un ou deux critères. Nous leur avons demandé de se joindre à nous. »
Un surcoût de 0,75 €/t
La mise en place de filière soja responsable ne devrait pas tomber dans les écueils rencontrés par le non-OGM. Entre certification et gestion dans l’usine de deux approvisionnements, conventionnels et non, le surcoût des filières tracées sans OGM est important. D’autant que cet atout ne peut être valorisé que sur une partie de la production animale. Sur le produit fini, la hausse, assumée par l’industriel, peut atteindre 5 à 10 %, indique Yvan Dejaegher. Dans le cas des filières soja responsable, le surcoût serait de 0,75 €/t, toujours à la charge des Fab. Mais la massification des volumes et la réduction de la fréquence des audits une fois les filières rodées devraient faire baisser la note. 80 % des surfaces argentines seraient certifiables, tout comme 60 % des terres agricoles brésiliennes, où 1 Mha sont encore défrichables… Reste à convaincre un maximum d’industriels européens. L’AG de la fédération européenne, la Fefac, qui se tenait du 9 au 11 juin, devait être l’occasion d’un ralliement général.