Nutrition animale
Les éleveurs vont manquer de paille et fourrages
Le bureau commun des pailles et fourrages (BCPF) estime que les nouvelles récoltes françaises de paille seront plus faibles qu’en 2011, et celles d’herbe s’annoncent localement déficitaires. Même si la situation sera moins tendue que l’année passée, cela va peser sur la compétitivité de l’élevage.
La paille va manquer dans le Nord-Est
La production nationale d’orge d’hiver 2012 serait en nette régression à 5,7 Mt, soit 28 % de moins que la moyenne des 5 dernières années, selon Agreste. Cela fait suite aux nombreuses parcelles retournées après les épisodes de gel en février. En conséquence, la sole d’orge de printemps atteindrait un record de 885.000 ha. Un problème néanmoins: le rendement en paille des céréales de printemps est bien moindre que celui des céréales d’hiver. La sole de blé tendre baisserait également, de 270.000 ha par rapport à 2011 (-5 %). Les dégâts du gel sont surtout localisés dans le nord et l’est de la France. Les surfaces reculeraient de plus de la moitié en Lorraine et du quart en Champagne-Ardenne. « On anticipe des problèmes d’approvisionnement en paille sur le quart Nord-Est, ce qui pourrait engendrer une tension sur les prix. On constate déjà une demande de la Marne et de la Champagne-Ardenne. Le déficit se compte en centaines de milliers de tonnes, au minimum 500.000 t », affirme Pascal Auguste, du BCPF. Pour éviter les pertes, le bureau conseille aux céréaliculteurs d’établir des contrats, et non pas de se baser « sur les seules promesses d’achat » ainsi que « de favoriser au maximum les échanges paille-fumier ».
Une production fourragère à surveiller
D’après le bilan du printemps 2012 de MétéoFrance, les mois d’avril et mai ont été bien arrosés, avec des températures plus conformes aux normales de saison. Néanmoins, la situation est contrastée selon les régions. D’après Agreste, la majeure partie des régions fourragères ont une production normale. Mais celle-ci se serait ralentie en mai, et le nombre de régions déficitaires s’est accru, notamment dans le quart nord-est du pays. Au Sud, la situation s’améliore, mais la pousse n’a pas complétement rattrapé son retard, et risque de pénaliser la production annuelle, en particulier en Languedoc-Roussillon. Cependant, « le retour de l’eau ces dernières semaines a favorisé la pousse de l’herbe et rassuré les grands départements d’élevage, comme le Massif central ».
Controverse du droit de douane zéro
Pour soulager les éleveurs européens, le 14 juin, Bruxelles a voté un droit de douane zéro sur les quotas d’importations de blé fourrager, pour les six prochains mois. Cela concernerait essentiellement les origines ukrainiennes. Mais selon la Coordination rurale, ce blé ne profitera pas aux éleveurs hexagonaux, mais aux Allemands et aux Espagnols. « C’est encore un mauvais coup porté à la compétitivité des éleveurs français puisque ce sont leurs principaux concurrents qui vont bénéficier des prix bas des céréales ukrainiennes ». De plus, l’UE doit normalement se prononcer sur des mesures similaires pour l’orge. Affaire à suivre...