COT'Hebdo Céréales
Les craintes d’escalade en Ukraine font grimper les prix du blé tendre
L’évolution hebdomadaire des prix des céréales (blé tendre, blé dur, orge fourragère, orge de brasserie et maïs) et des coûts du fret fluvial sur le marché physique français entre le 13 et le 20 novembre 2024, expliquée par La Dépêche Le petit meunier.
L’évolution hebdomadaire des prix des céréales (blé tendre, blé dur, orge fourragère, orge de brasserie et maïs) et des coûts du fret fluvial sur le marché physique français entre le 13 et le 20 novembre 2024, expliquée par La Dépêche Le petit meunier.
Les prix du blé tendre ont renchéri entre les 13 et 20 novembre 2024 sur Euronext et par ricochet sur le marché physique français, compte tenu des inquiétudes émergentes ces derniers jours au sujet d’une potentielle escalade en Ukraine.
Kiev a reçu l’autorisation par les États-Unis d’utiliser des missiles de longue portée pour frapper le territoire russe, et s’y est employé. De son côté, divers médias rapportent, sans confirmation néanmoins, que les Russes ont répliqué en faisant usage de missiles intercontinentaux sur l’Ukraine, sans ogive nucléaire. Mais pour l’instant, la circulation des céréales dans la région n’est pas perturbée. Un élément haussier à plus long terme est à signaler. Le média Reuters rapporte que les agriculteurs russes vont diminuer leurs assolements de blé cette année, en raison des déboires subis l’an dernier. Ils se tourneront vers des cultures jugées plus rentables. Les autorités russes pourraient ainsi revoir leurs quotas à l'exportation fortement à la baisse sur le premier semestre 2025 par rapport à l’an dernier. Sur le marché physique français, les primes portuaires renchérissent très légèrement, portées par l’intérêt des importateurs marocains. Dans ce contexte, un petit courant d’affaires est rapporté. Néanmoins, les échanges ne sont pas légion, en raison de la forte concurrence internationale. Sur l’intérieur, les meuniers restent demandeurs, sur le premier semestre 2025 mais aussi et surtout sur la prochaine récolte. Mais l’offre ne suit pas toujours. En effet, les lots de qualité ne courent pas les rues cette année, et les vendeurs ne se précipitent pas. Du côté des fabricants d'aliments pour animaux, quelques achats de complément sont rapportés. La nutrition animale bretonne a quelques besoins à couvrir.
Les coûts du fret fluvial n’ont pas évolué entre le 13 et le 20 novembre. Sur le bassin de la Seine, rien de nouveau à signaler par rapport à la semaine dernière. Les problèmes de qualité de la marchandise transportées sont nombreux, que cela soit en termes de charançon, d'ergot, de teneur en protéine et de poids spécifique. L'activité à l'exportation demeure morne. À tel point qu'on enregistre toujours des périodes de chômage technique chez des chargeurs sur les ports de Rouen et de Dunkerque. Depuis le 15 novembre, certains organismes stockeurs de leurs hinterlands n’allouent plus de créneaux de chargement jusqu’à la fin de l’année, soit un mois avant l’habituelle trêve des confiseurs. Sur le Rhin, le niveau du fleuve revient à la normale à la faveur des dernières précipitations.
Lors de la conférence de clôture de l’assemblée générale 2024 d’Entreprises fluviales de France (E2F) qui s’est tenue le 15 octobre au Salon Nework à Paris, son président délégué général, Didier Leandri, a dépeint une année 2024 en demi-teinte marquée par les jeux olympiques. Le trafic fluvial n’a pas été « forcément extrêmement florissante sur le plan des affaires » avec des trafics de marchandises plutôt orientés à la baisse par rapport à l'année dernière, en particulier pour les trafics de céréales et les trafics de matériaux, indique le communiqué. L’exercice a également été marquée par « un épisode climatique catastrophique dans le Nord, des grèves et un franchissement de l’Île-de-France rendu très difficile par l’accident du pont Sully » à Paris. Le trafic a cependant montré « une tournure plus favorable à partir du début de l’automne 2024, avec des signes de reprise dans le domaine du tourisme fluvial. « On s’attend à une année 2025 très bonne, voire exceptionnelle, probablement en raison de l’exposition liée aux Jeux Olympiques », a souligné Didier Leandri.
Dans le cadre de l’accord signé le 5 novembre entre l’État, la région Bourgogne-Franche-Comté et Voies navigables de France (VNF) pour renforcer la filière fluviale et la gestion des ressources en eau, des projets de modernisation vont être conduits, comme la téléconduite des écluses de l’Yonne, selon une information publiée sur le site ‘’info-chalon.com’’. Ils visent à réduire les émissions de CO2 et à optimiser les capacités de fret de la région. Ainsi, une étude sur les retombées économiques pour les ports de Pagny, Chalon-sur-Saône et Mâcon va être menée. Pour rappel, la Bourgogne-Franche-Comté dispose de 1 300 km de voies navigables dont 250 km de rivières à grand gabarit (Yonne et Grande Saône), adaptés au fret. Environ 2,3 Mt de marchandises sont transportées annuellement sur le réseau fluvial de la région Bourgogne-Franche-Comté, avec 0,8 Mt sur l’Yonne (port de Gron) et 1,5 Mt sur la Saône (ports de Pagny, Chalon et Mâcon).
Adèle d’Humières et Kévin Cler
Maïs
Les bons rendements en France se confirment
Les prix du maïs ont renchéri sur Euronext entre le 13 et le 20 novembre, conséquence des inquiétudes de l'escalade de la guerre en Ukraine. En France, les échos de rendements restent satisfaisants, rassurant les acheteurs quant à l’offre disponible. Le marché est ainsi davantage vendeur sur le rapproché et ce jusqu’à mars 2025. Attention toutefois : les FAB bretons sont prudents, en raison de cas de grippe aviaire rapportés. Les consommateurs du Nord-UE sont couverts, mais ceux au-delà des Pyrénées se positionnent. Le portuaire reste calme. Quelques achats de maïs dit vert sont rapportés sur Bordeaux. Notons que les rendements en sorgho seraient meilleurs qu’attendu dans certains secteurs. Signalons également que le manque de camions pour aller de la France vers l'Espagne, situation qui pourrait perdurer jusqu'à la fin 2024, pénalise les échanges.
Orge fourragère
Intérêt italien rapporté
Les cours de l'orge fourragère ont grimpé entre les séances d'une semaine à l'autre, dans le sillage du blé tendre. Les primes portuaires sont fermes, compte tenu d'un petit intérêt acheteur. Sur l'intérieur, l'information principale est la forte demande italienne.
Orge de brasserie
Évolution contrastée
Les prix de l’orge de brasserie sur le marché physique français ont suivi une tendance stable à légèrement baissière entre le 13 et le 20 novembre en d’orge d’hiver en récolte 2024. Mais un mouvement de forte hausse en récolte 2025 est observé. En variété de printemps, les cours ont également progressé, de façon plus marquée en récolte 2025 qu’en récolte 2024. Le marché n’est guère actif, la majorité des cotations étant nominales.
Blé dur
Cours peu évolutifs
Les cotations du blé dur restent stables d'une semaine sur l'autre. Un intérêt italien est toujours rapporté, mais l'offre se fait rare. L’Algérie s’est procuré entre 160 000 t et 180 000 t de blé dur, chargements janvier-février, à 348-360 $/t C & F. De l’origine canadienne serait comprise dans l’achat.
La rédaction
À surveiller
Blé tendre
- Déroulement des combats en Ukraine, craintes d’escalade du conflit.
- Maintien de la demande marocaine, stimulant quelque peu l’activité portuaire française.
- Conditions de culture en Argentine.
- Fin des travaux de semis en France.
Orges
- Maintien d’une succincte demande portuaire, cela va-t-il durer ?
- L’Italie se manifeste aux achats, pour combien de temps ?
- L’écart de prix en orge de brasserie entre récoltes 2024 et 2025 s’accroît, jusqu’où ?
Maïs
- Fin des récoltes en France, les échos de rendements resteraient bons.
- Déroulement de la guerre en Ukraine.
- Niveau des récoltes aux États-Unis.
- Déroulement des semis en Argentine.
Kévin Cler