COT'Hebdo Céréales
Le prix du blé tendre frôle les 220 €/t en spot sur Euronext, sous la pression des récoltes et de la concurrence étrangère
L’évolution hebdomadaire des prix des céréales (blé tendre, blé dur, orge fourragère, orge de brasserie et maïs) et des coûts du fret fluvial sur le marché physique français entre le 19 et le 26 juin 2024, expliquée par La Dépêche Le petit meunier.
L’évolution hebdomadaire des prix des céréales (blé tendre, blé dur, orge fourragère, orge de brasserie et maïs) et des coûts du fret fluvial sur le marché physique français entre le 19 et le 26 juin 2024, expliquée par La Dépêche Le petit meunier.
Les prix du blé tendre se sont une nouvelle fois effrités entre les séances du 19 et 26 juin sur Euronext et, par ricochet, le marché physique français, frôlant la barre des 230 €/t en livraison septembre sur Euronxet. Les principaux éléments baissiers : la pression récolte et la forte concurrence internationale.
Les coupes avancent bien et dans de bonnes conditions aux États-Unis. En Russie, les premiers échos de moissons seraient positifs. Toutefois, il convient de rester prudent : d’autres secteurs touchés par les aléas climatiques n’ont pas encore été moissonnés. La Chine devrait également engranger une bonne récolte, et les surfaces ont été revues à la hausse en Argentine.
Du côté de la concurrence internationale, la preuve la plus tangible est le dernier achat égyptien. Les origines du pourtour mer Noire se sont appropriées l’intégralité de l’appel d’offres. La France a fait des propositions, qui se sont avérées plus chères. Au total, l’Égypte a acquis 470 000 t, dont 180 000 t de Russie, 180 000 t de Roumanie, 60 000 t d’Ukraine et 50 000 t de Bulgarie. Néanmoins, des éléments potentiellement haussiers sont à signaler à plus long terme. Tout d’abord, la récolte en France ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. En effet, des pluies sont attendues dans les prochains jours. En Inde, après avoir nié en bloc, le gouvernement pourrait finalement alléger les taxes sur les importations. De plus, il limite désormais les stocks détenus par les négociants.
Sur le marché physique hexagonal, les meuniers procèdent à quelques achats de couverture (également sur Euronext), tout comme les fabricants d'aliments pour animaux, profitant du bas niveau des prix, et ce, sur de longues périodes. L’origine française manque toujours de compétitivité vers les clients européens (Espagne, Belgique, etc.).
Fret fluvial : création d’une commission d’indemnisation des préjudices liés à Paris 2024
Les coûts du fret fluvial n'ont pas évolué entre le 19 et le 26 juin, en raison d'une activité désespérément calme. Sur le bassin de la Seine, les transports à destination du port de Rouen sont inexistants. En l'absence de navires à charger, les silos de stockage des installations portuaires sont encore à moitié plein, ce qui inquiète grandement les opérateurs en ce début de moisson sur l'hinterland rouennais. Le marché nord-communautaire est toujours inscrit aux abonnés absents. Les exportateurs manquent de visibilité sur les perspectives d'expéditions, alors que les premiers lots d'orge devraient arriver sur le port de Rouen dès la semaine prochaine. "Nous risquons d'avoir un coup de feu puis un faux départ, avec les Jeux olympiques Paris 2024 qui vont désorganiser le transport fluvial de grains sur la Seine", commente un spécialiste du fret fluvial.
Par ailleurs, pour « examiner la réponse à apporter aux préjudices » en lien avec les « situations exceptionnelles » engendrées par les Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024 (JOP 2024), le Premier ministre a décidé de créer une « commission d’indemnisation », indique un communiqué de son service de communication en date du 24 juin. Ce dernier précise qu’avant les JOP 2024, cette commission établira « les lignes directrices relatives aux préjudices et à leur indemnisation » et, qu’après les JOP 2024, elle « sera saisie des demandes des intéressés et formulera des propositions d’indemnisation aux ministères compétents ». Depuis le 7 juin, la présidente de la commission, Dominique Laurent, conseillère d’Etat et ancienne présidente de l’Autorité française de lutte contre le dopage, rencontre les représentants des professions concernées, dont font partie les acteurs du transport fluvial et les chargeurs de grains, afin de leur exposer le dispositif. La commission peut être contactée à l’adresse suivante : indemnisations-etat-jop2024@finances.gouv.fr
Kévin Cler et Karine Floquet
Maïs
Les cours en nouvelle récolte s’effritent
Les prix du maïs ont reculé entre les 19 et 26 juin sur Euronext et le marché physique français en nouvelle récolte, à l’image de Chicago. Le marché table sur un relèvement des estimations d’assolement aux États-Unis entre mars et juin 2024. À ce sujet, le rapport de l’USDA du 28 juin prochain sera à suivre. Une autre étude sur les stocks sera publiée le même jour. Au niveau français, la graine jaune perd en attractivité en formulation, mais des couvertures sont tout de même rapportées, spécialement sur juillet. En revanche, le marché serait plus calme sur août-septembre.
Orge fourragère
Début de récolte plutôt décevant
Les cours de l’orge fourragère ont régressé d'une semaine sur l'autre, comme le blé tendre. La marchandise est assez compétitive en formulation, déclenchant quelques transactions sur le marché intérieur. La demande des pays de l’UE n’est pas débordante en revanche, la graine nationale manquant d’attractivité par rapport à ses concurrentes. Le début des récoltes est jugé plutôt décevant pour l’instant. Les rendements seraient assez faibles, et les poids spécifiques petits. Néanmoins, il reste encore beaucoup de parcelles à faucher.
Orge de brasserie
Stabilité des cours
En orge de brasserie, les prix n’ont guère évolué entre le 19 et le 26 juin sur la nouvelle campagne, la récolte 2023 n’étant que ponctuellement cotée. Côté affaires, acheteurs et vendeurs se regardent en chiens de faïence. Les premiers échos des cultures font état de petits calibrages.
Blé dur
Des prix toujours sous pression
Les cotations du blé dur sont en léger repli d’une mercuriale à l’autre, toujours en raison de la forte concurrence internationale. Seule l’Italie se montrerait quelque peu intéressée. Au Canada, des analystes privés évoquent une bonne récolte de blé dur, dépassant les 6 Mt. Certains évoquent un chiffre compris entre 6,5 Mt et 7 Mt.
La rédaction
A surveiller
Blé tendre
- Avancée de la récolte en Russie, pour le moment meilleure qu’attendu.
- Avancée de la moisson aux États-Unis dans des conditions favorables.
- Rapport USDA à paraître le 28 juin et celui de StatCan ce 27 juin.
- Que va décider l’Inde concernant ses importations ?
Orges
- Premiers échos de rendements décevants dans l’Hexagone.
- Quid des précipitations en France dans les prochains jours ?
- Maintien de la faible demande internationale.
Maïs
- Rapport USDA du 28 juin : sole de maïs attendue en hausse aux États-Unis.
- Rapport USDA du 28 juin : quel niveau de stock aux États-Unis ?
- Avancée des récoltes au Brésil et en Argentine.
Kévin Cler