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Conjoncture / Observatoire du pain
Le pain, témoin fidèle et victime des mutations alimentaires de la “génération Y”

Les jeunes adultes se sont réappropriés le pain en adaptant leur consommation à un mode de vie de plus en plus nomade. Mais ils en consomment près de deux fois moins que leurs parents.

Si l’Observatoire du pain s’intéresse plus particulièrement à la génération Y, des 20/30 ans, c’est que « les adolescents et les jeunes adultes sont les populations clés pour l’avenir du pain », selon les derniers résultats du volet “pain” de l’enquête Crédoc “Comportements et consommation alimentaires des Français 2010”. « Les jeunes générations consomment beaucoup moins de pain que leurs aînés : les plus âgés, les plus de 65 ans, consomment ainsi 46 % plus de pain que les 20-24 ans. » Et si rien n’est fait pour inverser la tendance, la consommation de pain continuera de diminuer. Il est déjà « consommé moins fréquemment et une majorité de la population n’en consomme plus à chaque repas », relève le Credoc. Un espoir, cependant, dans ce sombre tableau : pour les jeunes adultes, le pain reste un référent dans leurs errances nomades, le sandwich étant préféré aux plats de fast-food.

Entre adolescents et adultes, un nouveau segment de population porteur d’avenir
Selon Benoît Heilbrunn, professeur en marketing et auteur de “La consommation et ses sociologies”, la génération Y se caractérise par un rapport interrogatif à la réalité : le “why” qui lui a valu son nom (en anglais, “y” se prononce “why”). Elle est également appelée la génération des “4i”, telles les initiales des quatre mots qui les définissent : interconnexion, inventivité, individualisme et impatience.
Ces caractéristiques comportementales conduisent à des modes de consommation alimentaire nouveaux, pour le pain y compris. La valorisation fonctionnelle de l’aliment pousse les 20-30 ans à rechercher praticité et gain de temps : ce critère motive la consommation d’aliments nomades, prêts à manger, comme le sandwich. Sa valorisation critique –recherche de l’essentialité et de l’économie– l’amène à valoriser des solutions alimentaires roboratives mais aussi des aliments naturels et santé, dont le pain fait parti. La valorisation utopique, au sein de laquelle la génération Y cherche à créer du lien sous toutes ses formes (sociale, générationnelle), conduit à une valorisation du repas à la française et à considérer le goût du pain comme une valeur à transmettre à ses enfants. Enfin, la valorisation hédonique (le partage, la convivialité) redonne à l’alimentation sa dimension de plaisir, faisant la part belle aux pains fantaisistes.

Le pain, véritable vecteur des messages d’équilibre alimentaire
Selon le point de vue de la diététicienne-nutritionniste Anne-Sophie Boulas, le pain est un aliment rassurant car hautement symbolique et identitaire : c’est l’élément structurant des repas à la française. « Grâce à un aliment comme le pain, porteur d’une polysémie dans le registre du lien, du partage et de la convivialité dans l’immédiateté, nous pouvons faire passer des messages de santé et d’équilibre alimentaire à cette génération. Car n’oublions pas l’intérêt nutritionnel du pain, dont les propriétés répondent aux objectifs de santé publique. »
Reste que les leçons de morale sont mal perçues par une génération habituée à remettre en question l’ordre établi. « En revanche, il est judicieux de leurs donner des “trucs” qui aideront les comportements à se modifier », souligne Anne-Marie Adine, diététicienne et nutritionniste. Afin d’amener la personne à prendre soin de son corps – « une préoccupation majeure dans cette tranche d’âge » –, on peut lui conseiller de privilégier, comme produit nomade, le sandwich/baguette de tradition avec jambon, viande froide, fromage et légumes crus, si possible accompagné d’un yaourt à boire et d’un fruit. Et pour les repas pris au restaurant universitaire (ou d’entreprise), choisir une viande ou un poisson avec légumes, accompagné de féculents ou de pain, et comme dessert : un laitage et un fruit.

Le travail de sensibilisation aux qualités nutritionnelles du pain doit se poursuivre
Mais ces bons conseils suffiront-ils à modifier les habitudes de cette génération Y. « Le fossé entre les recommandations nutritionnelles et les comportements alimentaires s’accentue particulièrement chez les jeunes », s’inquiète le Crédoc. En 2010, 54 % des enfants, 68 % des adolescents et 85 % des adultes consomment du pain quotidiennement mais seulement 1 % des enfants, 2 % des adolescents et 9 % des adultes en consomment à chaque repas comme recommandé par les autorités de santé, à savoir trois à quatre fois par jour.
Les recommandations en faveur de la consommation de pain n’engendrent donc pas à ce jour d’évolutions comportementales. « Le travail de sensibilisation et de valorisation des bénéfices nutritionnels de sa consommation doit se poursuivre », confirme le Crédoc.

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