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Coopération agricole
Le nouveau directeur général d’Arterris reste optimiste en ces temps de Covid-19

Officiellement nommé à la tête de la direction générale d’Arterris le 1er octobre, Christian Reclus expose les axes stratégiques du groupe coopératif du sud de la France, qu’il a fallu adapter en cette période de crise sanitaire liée à la Covid-19.

Christian Reclus a été officiellement nommé directeur général du groupe coopératif Arterris depuis le 1er octobre.
© Arterris

Jusque-là directeur général adjoint d’Arterris, Christian Reclus a été officiellement nommé au poste de directeur général du groupe coopératif depuis le 1er octobre. Il remplace, après une période d’intérim, Jacques Logie, dont Arterris s’est séparé le 31 mars, après neuf années de mandat, « à la suite de divergences de vues entre le conseil d’administration et la direction générale sur le fonctionnement de la gouvernance » du groupe coopératif agroalimentaire, avait-il alors indiqué dans un communiqué.

Le conseil d’administration et le président d’Arterris, Jean-François Naudi, assurent que ce changement de gouvernance ne remet pas en cause la stratégie "Arterris, vision et ambitions 2025", mise en place depuis deux-trois ans. « Nous sommes dans la poursuite de la recherche d’axes de diversification, et d’investissements dans l’aval, avec le souhait de consolider la valeur au service de nos sociétaires », affirme Christian Reclus.

Le groupe coopératif s’est attaché à développer depuis 2014-2015 une croissance importante sur l’aval. « Aujourd’hui, 40 % du chiffre d’affaires consolidé d’Arterris [qui s’élève à 998 M€] s’effectue sur l’agroalimentaire et la distribution au grand public. Nous pensons clairement qu’en tendance, ce rapport d’activité va progresser en faveur de l’industrie agroalimentaire et de la distribution alimentaire », précise le directeur général.

Perte de 20 % de la collecte de grains

Le groupe coopératif a fait le « triste constat » que les métiers historiques - que sont l’agrofourniture, la collecte de grains et la production de semences - sont sous contraintes d’évolutions réglementaires et sociétales ainsi que d’une baisse de rentabilité pour les agriculteurs. Dans ce contexte où le territoire ne génère plus d’activités créatrices de valeur, Arterris se doit de développer d’autres sources de revenu pour ses adhérents. « Le premier enjeu en amont consiste à lutter contre l’arrêt de la production agricole en se diversifiant vers aval, par croissance externe ou mise en place de partenariats stratégiques », explique Christian Reclus. Et d’ajouter : « Les fondamentaux économiques d’Arterris, tant par ses fonds propres que par sa dette, permettent d’envisager des actions de croissance. Mais nous resterons vigilants sur la pertinence économique de ses actions de diversification. »

Concernant l’activité Grandes cultures, de 2014 à 2017, la coopérative collectait en moyenne 1 Mt à 1,1 Mt de grains annuellement. Aujourd’hui, ce ne sont que 800 000 t à 900 000 t qui sont récoltées chaque campagne. Cette baisse de 20 % en volume est à mettre sur le compte, d’une part, de la conversion de nombreuses exploitations agricoles vers le bio, « qui est certainement une nécessité que nous accompagnons mais dont les effets Rendement et Assolement conduisent à la division par quatre des volumes produits », souligne le directeur général d’Arterris. Cette perte de tonnage s’explique, d’autre part, par l’effondrement des prix des céréales, « qui ont tendance à conduire certains agriculteurs à se détourner de ces cultures, notamment du blé dur ». Il faut dire que « sur la région méditerranéenne sur laquelle s’étend le territoire d’Arterris, il existe des zones où l’on ne cultive plus rien, en raison du handicap naturel que représente le climat local », déplore Christian Reclus.

Développement de la production de fruits et légumes

Cette perte de rentabilité des métiers historiques oblige le groupe coopératif à poursuivre sa croissance vers l’aval et la diversification de ses activités, « en particulier en production végétale vers les légumes et, pourquoi pas, les fruits », indique le directeur général d’Arterris.

L’activité Légumes qui existe depuis quelques années au sein du groupe coopératif est considérée comme « un potentiel socle de développements significatifs ».  Arterris envisage ainsi « d’accroître sa production d’asperge et de légumes racines de 40 % » et « d’assurer une croissance externe avec plusieurs projets d’alliances définis à ce jour », selon Christian Reclus. Quant à l’activité Fruits, elle doit être prise en compte car elle présente « des opportunités de développement s’agissant des fruits à noyaux, avec des coconstructions possibles avec d’autres acteurs du secteur », confie-t-il.

Lancement de la marque "Mon Bon Bio"

« Nous n’avons pas la volonté aujourd’hui de sortir du territoire historique de nos adhérents, en lien avec notre programme "Arterris, vision et ambitions 2025" », à savoir les régions Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur. Rappelons qu’Arterris fédère plus de 25 000 agriculteurs sur de plus de 350 000 ha, autour de trois pôles (agricole, agroalimentaire et distribution grand public).

Cependant, « nous avons effectué une relecture de notre stratégie car un certain nombre de sujets sont venus perturber notre environnement, comme la séparation de la vente et du conseil ou encore les deux accidents climatiques de 2018 et 2020 », souligne le directeur général d’Arterris. Ces derniers ont considérablement affecté les résultats des exploitations agricoles, « dont certaines sur les territoires à plus faible productivité, ont dû arrêter leur activité, avec à la clef une réduction du potentiel de production », déplore-t-il.

Il faut aussi prendre en compte le développement de la consommation de produits biologiques. Dans ce cadre, Arterris a lancé en avril une nouvelle marque "Mon Bon Bio", qui « revisite des recettes incontournables de notre gastronomie, concoctées à partir d’ingrédients bio, dont 90 à 99 % sont d’origine France », selon un communiqué.

Quid des impacts de la Covid-19 ?

La crise sanitaire liée à la Covid-19 a conduit Arterris à faire évoluer la stratégie de développement de son activité Viande ovine labellisée, dont la production était préférentiellement écoulée sur la restauration hors foyer francilienne, aujourd’hui fortement perturbée par les décisions gouvernementales de réduction d’activité voire de fermeture des restaurants. « Nous avons été obligés de réaffecter nos ressources en viande ovine labellisée sur des marchés plus locaux », indique Christian Reclus.

Plus largement, la pandémie de coronavirus a eu un impact sur l’organisation du groupe coopératif. Notamment en ce qui concerne l’approvisionnement en blé dur des industriels de la semoule et des pâtes, dont l’activité a augmenté pendant le confinement. « Cette situation a nécessité la mise en place d’une logistique exceptionnelle qui a bien fonctionné : nous avons réussi ce challenge », se félicite le directeur général d’Arterris.

Cependant, cette réussite ne doit pas effacer les impacts négatifs de la Covid-19, comme « l’effondrement de la consommation de blé tendre dans nos moulins, dont l’activité a été considérablement réduite », en raison de la baisse de la consommation de pain, mais également de viennoiserie et de pâtisserie durant le confinement. « Certaines semaines, nous enregistrions des réductions de 50 % de l’activité meunière, voire des journées sans prise de commande ! Nous avons dû adapter nos ressources et nos outils, en recourant au chômage technique, malheureusement », regrette Christian Reclus.

Au final, « le bilan économique est assez négatif, mais nous avons mis en évidence des synergies encore non exploitées entre l’amont et l’aval », tempère le directeur général d’Arterris, avant d’ajouter : « Nous allons tirer des enseignements de cette crise, tant en termes d’organisation que de consolidation Amont/Aval. Nous réfléchissons, notamment, à ce que nous pourrions faire demain en transformant progressivement nos jardineries en sites de vente de produits agroalimentaires. »

Arterris possède actuellement 11 magasins spécialisés en agroalimentaire en centre-ville, sur lesquels le groupe coopératif souhaite capitaliser pour développer l’activité de distribution agroalimentaire. « Ce réseau de distribution alimentaire permettrait de valoriser la production de nos adhérents », insiste Christian Reclus.

Et de conclure : « Si le contexte est globalement morose, pour autant, nous voyons encore des opportunités de développement. Car c’est en ces moments difficiles que naissent les bonnes idées ! »

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