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COT'Hebdo Céréales
Le manque de demande à l’exportation pèse sur les prix du blé français 

L’évolution hebdomadaire des prix des céréales (blé tendre, blé dur, orge fourragère, orge de brasserie et maïs) et des coûts du fret fluvial sur le marché physique français entre le 8 et le 15 janvier 2025, expliquée par La Dépêche Le petit meunier.

Image de céréales et courbes d'évolution de prix, générée par l'IA.
© Généré par l'IA

Les cours du blé européen se sont repliés sur Euronext entre le 8 et le 15 janvier, pénalisés par la faible demande de la part des pays tiers. Les chiffres d’exportations de l’Union européenne restent en net retrait d’un an sur l’autre. Les blés d’Argentine et d’Australie constituent une concurrence pour les céréales européennes. D’autre part, le marché algérien est désormais fermé au blé français, comme la filière céréalière française l’a rappelée à plusieurs reprises dernièrement. En outre, FranceAgriMer a fait état dans son bilan prévisionnel de stocks de blé tendre plus importants que prévu précédemment. L’absence de la Chine se fait ressentir sur les exportations françaises. Le chiffre d’importations chinoises de blé a d’ailleurs été révisé en baisse par l’USDA dans sa dernière publication. Seule la baisse des exportations ukrainiennes et surtout russes sur le début du mois de janvier apportait un peu de soutien aux cours. Le cabinet IKAR a d’ailleurs revu en baisse sa prévision d’exportations pour janvier à 2 Mt, soit 44 % de recul par rapport à janvier 2024.

Aux États-Unis, les cotations du blé s’inscrivaient en hausse sur les marchés à terme. Ce sont surtout les faibles températures constatées dans les Grandes Plaines qui ont inquiété les marchés, même si la couverture neigeuse a pu protéger une bonne partie des blés d’hiver. Plusieurs facteurs baissiers sont cependant à signaler. D’abord, les blés australiens sont aujourd’hui les plus compétitifs vers l’Asie et le Moyen-Orient. En outre, la progression du dollar par rapport aux autres monnaies pénalise les exportations états-uniennes. Enfin, l’USDA a signalé une hausse des surfaces de blé d’hiver dans le pays d’un an sur l’autre.

Sur le marché physique français, le volume d’affaires était habituel sur le portuaire. Les primes évoluent peu. Dans l’Est de la France, on signale des affaires en blé fourrager à destination des fabricants français, mais le marché reste globalement vendeur faute de demande belge. Dans l’Ouest, le marché est plutôt acheteur, mais les offres ne sont pour l’instant pas assez intéressantes pour attirer le blé de l’Est. En blé meunier, la prime recule légèrement sur les récoltes 2024 et 2025. Les prix restent hauts sur la nouvelle campagne mais des affaires se traitent néanmoins.

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Aucune visibilité à l'exportation

Les coûts du fret fluvial sur le bassin de la Seine n’ont pas évolué entre le 8 et le 15 janvier. L'activité sur Rouen est toujours atone, alors que l’ensemble des acteurs du transport par la voie d’eau sont opérationnels, après la longue trêve des confiseurs. En termes de qualité de la marchandise, il devient moins compliqué d’organiser des voyages, notamment de blé meunier à destination de la meunerie francilienne. Selon les derniers commentaires de Sénalia, il y a toujours aussi peu de navires à charger sur le port rouennais, avec en corolaire des stocks de grains élevés pour la période. Si les perspectives à l’exportation sur la fin janvier sont très pessimistes, il n’y a aucune visibilité sur les mois suivants. Sur le nord communautaire, on enregistre un petit dégagement de maïs mais dans des volumes limités par rapport à la normale.

Sur la Moselle, la navigation est fonctionnelle sur l’ensemble du réseau français, luxembourgeois et une partie du réseau allemand (de Neuves-Maisons à Trèves) mais le transit vers le Rhin reste impossible du fait des réparations en cours sur l'écluse de Müden en Allemagne, indique le Bulletin d’information hebdomadaire de situation du réseau au 10 janvier, publié par la Direction territoriale Nord-Est de Voies navigables de France (VNF). La remise en service de l’ouvrage par le WSA Moselle-Sarre-Lahn est toujours programmée dès début février, précise l’établissement public. Rappelons que, sur le réseau français, une modification des conditions de navigation est mise en place du 2 au 31 janvier : « Les passages de bateaux se feront en navigation libre de 07h30 à 17h30 en semaine, et de 09h00 à 18h00 les samedis, dimanches et jours fériés. En dehors de ces horaires, la navigation est assurée en régulation selon la procédure habituelle, à savoir sur annonce en contactant le CRA de Toul avant 15 heures », détaille VNF. Il est également à noter qu’à la suite des précipitations des deux derniers jours et de la fonte de neige dans les Vosges, des marques de crue ont été atteintes. Il est recommandé aux mariniers de consulter les avis à la batellerie régulièrement pour connaître la navigabilité de cet itinéraire. 

Sur le Rhin, les prix du transport fluvial sont également sans changement d’une semaine sur l’autre. Les niveaux d'eau sont satisfaisants, à la faveur des récentes pluies et autre fonte des neiges.

Adèle d’Humières et Karine Floquet

Maïs

La révision en baisse des stocks mondiaux par l’USDA tire les prix vers le haut

Les prix du maïs ont progressé sur Euronext, tirés principalement par leur homologue de Chicago. Le rapport de l’USDA sur l’offre et la demande mondiale a surpris en maïs, en révisant à la baisse l’estimation de production états-unienne. Le bilan fédéral se tendait donc, et cela se répercutait sur les bilans mondiaux. Les stocks prévisionnels mondiaux reculaient ainsi d’environ 3 Mt d’un mois sur l’autre. Autre soutien, la sécheresse persistante en Argentine continue d’inquiéter les marchés. Plusieurs analystes ont revu leurs prévisions de récolte en baisse : c’est le cas de ceux de la Bourse de Rosario, qui l’estiment à 48 Mt, et de Michael Cordonnier, à 49ؘ Mt. De son côté, l’USDA n’avait pas encore modifié ses prévisions de récolte pour l’Amérique du Sud. De faibles précipitations sont prévues en fin de semaine, mais elles risquent de ne pas suffire pour soulager les cultures. Du côté du Brésil, la Conab a également abaissé sa prévision de récolte à 120 Mt, de même que le cabinet AgResources à 122 Mt, contre 125 pour Michael Cordonnier et 127 pour l’USDA, qui ne les ont pas modifiées. Les prix ukrainiens progressaient en maïs, face à la rétention des agriculteurs et à une bonne demande intérieure et à l’exportation. En France, FranceAgriMer a revu en hausse les stocks fin de campagne en maïs, après un réajustement à la baisse des utilisations chez les fabricants d’aliment.

Le marché physique français reste globalement vendeur. La demande portuaire concerne des petits volumes. Une attention particulière est portée sur les mycotoxines, certains fabricants d’aliments bretons demandent des limites supplémentaires dans les contrats. Le même phénomène se produit pour l’exportation vers la Belgique et les Pays-Bas. Ce problème pousse les fabricants d’aliments bretons reformuler en faveur du blé dont l’écart de prix avec le maïs s’est réduit, même si des achats ont été réalisés. Du côté du Benelux, les acheteurs sont absents.

Orge fourragère

Baisse des prix sur le portuaire

Les prix de l’orge fourragère ont cédé du terrain sur les ports français malgré une petite remontée de la prime en début de semaine. Les vendeurs font pression sur les prix pour pouvoir avancer dans leur logistique. Le marché se concentre sur le portuaire. Des compléments se font dans l’Ouest sur le rapproché, avec la baisse du Matif. Les fabricants belgo-hollandais s’en désintéressent. En revanche, on constate une petite demande espagnole avec la hausse des prix ukrainiens. En effet, les prix de l’orge continuent d’augmenter en Ukraine depuis le début de l’année, grâce à une demande dynamique sur le marché intérieur et à l’exportation.

Orge de brasserie

Repli tarifaire

Les prix des orges de brasserie sur le marché physique français ont eu tendance à reculer entre le 8 et le 15 janvier, de manière plus marquée en variété d'hiver (-2 €/t environ) que de printemps (-1 €/t environ). Le marché est calme cette semaine ; tous les cours sont qualifiés de nominaux.

Blé dur

Des déclassements vers l’alimentation animale à prévoir

Dans son dernier bilan prévisionnel, FranceAgriMer a ajouté des utilisations chez les fabricants d’aliment à hauteur de 20 000 t sur la campagne. Tous les organismes stockeurs collectant du blé dur et disposant d’usines d’aliment ont utilisé du blé dur, car de nombreuses zones ont sorti du blé dur à 70 de PS inutilisable en alimentation humaine. Le marché physique est calme en qualité semoulière, il est compliqué de trouver des qualités qui intéressent les clients.

La rédaction

À surveiller

Blé tendre

  • Relations diplomatiques franco-algériennes et leurs conséquences sur les exportations françaises.
  • Besoin égyptien en blé; Mostakbal Misr annoncera-t-elle un appel d'offres ?
  • Compétitivité du blé français face aux céréales argentines et australiennes.
  • Quid de la demande chinoise ?

Orges 

  • Demande portuaire française.
  • Intérêt acheteur espagnol : débouchera-t-il sur des affaires ?
  • Relance des incorporations chez les fabricants d'aliment ?

Maïs 

  • Taxes mises en place après l'investiture de Donald Trump.
  • Les pluies prévues en Argentine suffiront-elles à soulager les cultures ?
  • Niveau de la récolte brésilienne.

Adèle d'Humières

Rédaction Réussir

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