Filière Blé
Le contrat innovant de Mc Donald’s France
La filière blé M cDonald's signe la 1ère contractualisation pluriannuelle à prix ferme de l’Hexagone.
La filière blé M cDonald's signe la 1ère contractualisation pluriannuelle à prix ferme de l’Hexagone.
Les acteurs de la filière blé de Mc Donald’s France ont signé le 14 février 2012 une contractualisation sur trois ans à prix ferme. L’accord porte sur 8.500 t de blé par an à partir de la récolte 2012. Ce volume correspond à 25 % des besoins annuels pour la fabrication des petits pains pour hamburgers, les buns. Si le prix garanti est nouveau, cela fait déjà dix ans que la filière blé est à 100 % contractualisée, mais sur la base du prix moyen de la campagne jusqu’en 2007, puis sur un prix indexé sur le marché Euronext. Cela fait suite à deux ans de concertation entre McDonald’s France et les coopératives Beauce Gâtinais Céréales (BGC) et Valfrance, les Grands Moulins de Paris/Nutrixo, et East Balt France. C’est « une pierre supplémentaire à l’édifice », précise Sébastien Bordas, directeur des achats chez Mc Donald’s France.
Pour une visibilité maximum
Cet accord arrive dans un contexte où « l’agriculture est devenue exponentiellement compliquée », explique Hubert François, président de Nutrixo. L’agriculteur a toujours manqué de visibilité sur ses volumes, mais avec la spéculation sur les marchés financiers, il manque aussi de visibilité sur les prix. « Lorsqu’on ne sait pas combien, quand et à qui l’on va vendre, on ne se préoccupe pas en premier de l’environnement ou de ses techniques culturales. » Et de renchérir, chez Nutrixo, « nous nous engageons à 0 % d’inflation et 0 % d’indexation sur les trois prochaines années » pour ce contrat. Les acteurs concernés espèrent passer à 50 % de contractualisation d’ici un à deux ans. Hubert François rappelle que ce n’est pas évident car « ce ne sont jamais 100 % des parcelles qui sont prédestinées à la production de blé de force ». Il y a des sélections au niveau des coops et de la meunerie.
Les prix d’achat aux producteurs sont basés sur leurs coûts réels moyens sur cinq ans, en prenant l’azote comme principal facteur de fluctuation des charges. Le prix départ coopérative a été fixé à 180 €/t pour les BPMF fournis par Valfrance et à 235 €/t pour les blés de force fournis par BGC. Les blés BPMF concernent 38 agriculteurs pour 7.000t, tandis que les blés de force concernent une centaine d’agriculteurs pour 1.500 t. Pour comparaison, le prix du blé meunier sur Euronext a fluctué entre 120 et 300 €/t entre 2005 et 2010.
Cependant, « le modèle français n’est pas transposable à tous les pays », précise Sébastien Bordas. Certains, comme les Etats-Unis, apprécient d’être en prise directe avec le marché. Et d’ajouter : « On reste une entreprise très locale, avec ses filières, et ses consommateurs. »
Mc Donald’s made in France
Il y a encore dix ans, seuls des blés américains (Canada et Etats-Unis) importés étaient utilisés. « Depuis trois ans, l’approvisionnement en blé de McDonald’s France est 100 % français », souligne Christophe Blaise, directeur général d’East Balt France. La demande croissante de traçabilité a contribué à ce changement. Un système d’enregistrements électroniques permet de retrouver la parcelle d’origine en trois heures.
Il y a trois ans, les buns étaient composés à 100 % de blés de force. Depuis, des farines de blés classiques, moins consommateurs d’azote, ont été incorporées. « Il existe de nouvelles pistes avec les apports de matières organiques, mais cela pose des problèmes au niveau de la maîtrise de la libération de l’azote », argumente Michel Bortolo, directeur général de BGC. « L’objectif est de faire évoluer les techniques culturales pour répondre aux préoccupations environnementales. » Un réseau de fermes références devrait bientôt voir le jour.