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Nutrition animale
Le blocage des ports par les grévistes met à mal l’approvisionnement des Fab de l’Ouest

Le Collectif pour la libération des ports de commerce bretons dénonce une « prise en otage de l’outil de travail » par les dockers et grutiers qui met en péril l’ensemble de la filière

« LES BATEAUX arrivent mais ne déchargent pas ! Nous avons de grosses inquiétudes concernant des ruptures d’approvisionnement en tourteaux de soja non-OGM et standard dès la semaine suivante s’il n’y a pas de reprise » de l’activité normale des agents portuaires, alertait vendredi 4 février Thierry Renault, représentant des importateurs de matières premières au sein du Collectif pour la libération des ports de commerce bretons. Ce rassemblement dénonce le comportement des dockers et grutiers paralysant, par leurs opérations de protestation contre la réforme portuaire, l’activité des ports de Brest, Lorient, Saint-Nazaire et Saint-Malo, et asphyxiant ainsi la filière alimentation animale bretonne. « Sur un an, les pertes pour le secteur sont estimées à 52 M€ », indique un communiqué du 3 février. Face à cette « situation catastrophique (…) qui met en péril les emplois, les entreprises et les exploitations agricoles », l’organisation, initiée par les fabricants d’aliments du bétail bretons, les importateurs de la nutrition animale et les manutentionnaires des ports, appelle donc les pouvoirs publics à décréter l’état d’urgence.

Les cargaisons sont bloquées à quai pour un coût de 30.000 €/j minimum
    Plus de 4 Mt de matières premières (tourteaux de soja, de palmistes, graines, huiles et céréales), pour un montant de 10 M€, transitent chaque année par ces ports. Ils approvisionnent 50 usines d’aliments, de Bretagne et plus largement du Grand ouest, fournissant 50.000 éleveurs.
    Depuis 2009, ces sites portuaires comptabilisent 210 jours de blocage, selon le collectif « Un chiffre à multiplier par des dizaines de bateaux bloqués au port, à raison d’un coût journalier par bateau de 30.000 minimum » ! Pourquoi la filière a-t-elle tant attendu pour manifester son mécontentement ? Parce que le mouvement se durcit. D’arrêts de travail en pointillés jusqu’en décembre, le mois de janvier cumule dix-huit jours de grève à lui seul. Dans un contexte de cours des matières premières élevés et de baisse de rémunération de la production de viande, en particulier porcine en Bretagne, « la situation n’est plus tenable » pour la filière nutrition animale, rapporte Thierry Renault. Et ce d’autant plus qu’elle est cette année plus dépendante des importations de céréales fourragères. C’est notamment le cas pour le blé, avec une récolte française 2010 de qualité massivement orientée vers le débouché export pays tiers.
    Et, aux jours de grèves s’ajoutent des arrêts maladie en série, des mesures de sécurités injustifiées,… avec à la clef une sous-exploitation des outils. « Sur les trois jours de travail réalisés certaines semaines, les cadences ne sont assurées qu’à 40 %! C’est du sabotage ! »

Des inquiétudes sur les livraisons de tourteaux de soja
    Il y a quinze jours, « l’un de mes bateaux de 12.000 t de palmiste n’a déchargé que 8.500 t. Il a dû refermer la cale et repartir pour Rotterdam, où il était attendu », témoigne Thierry Renault. Bilan : un contrat d’approvisionnement qu’en partie honoré ; des frais supplémentaires de déchargement sur le port néerlandais à assumer ; des volumes à réorienter sur place ; une incapacité à prendre de nouvelles positions et un déséquilibre entre les entrées et les sorties sur le port. Les magasins sont vides ! Comme l’illustre le représentant des importateurs adhérents au collectif, « sur la semaine passée, nous n’avons débarqué que 20.000 t sur les 60.000 t théoriques sur les quatre ports bretons. Nous arrivons à des énormités ! » Les importateurs estiment perdre en moyenne 10 euro par tonne. Et, alors que « le gouvernement n’a pas cédé face à la France entière sur le dossier des retraites, il ne va pas abdiquer devant 680 personnes ». Le mouvement pourrait donc se poursuivre.
    Si aucune rupture d’approvisionnement des industriels n’était encore à déplorer vendredi 4 février, « chez les fabricants d’aliments du bétail cela peut se jouer en trois jours » et les opérateurs formulaient de grosses inquiétudes pour la semaine suivante notamment sur les arrivés de tourteaux de soja. S’ils se trouvaient en situation de rupture, les Fab n’arrêteraient a priori pas de tourner, mais seraient contraints de se réorganiser en ralentissant la production et reformulant. Et, une fois encore, cela a un coût.
    Le collectif appelle les autorités à débloquer la situation, qui a même immobilisé une cargaison durant un mois au lieu des 7 jours habituels. Il demande notamment au Premier ministre, François Fillon, de décréter l’état d’urgence et de réquisitionner les moyens humains et matériels nécessaires au bon fonctionnement de ces places portuaires. Le collectif en appelle aussi aux forces syndicales, la FNPD-CGT, les priant de « stopper de toute urgence cette grève perlée déguisée et de cesser son chantage qui menace les emplois et les installations ». Il demande que le droit de chacun à pouvoir exercer sa profession soit respecté. A défaut, des plaintes seront déposées pour entrave au travail d’autrui. Pour rappel, les dockers et grutiers reprochent au gouvernement de revenir sur la reconnaissance de la pénibilité de leurs tâches alors qu’un accord en ce sens avait été signé un mois avant la réforme des retraites.
    Le collectif entend rallier l’ensemble des utilisateurs des ports, bretons ou non, à leur initiative. D’autres industriels de la nutrition animale et la filière bois ont déjà salué l’initiative et rejoint le mouvement.

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