Recherche et développement
L’agave pour produire du bioéthanol en Australie
Une équipe de chercheurs et une entreprise de sucre testent la possibilité d’utiliser l’agave bleu pour fabriquer de l’éthanol et d’autres coproduits.
Une équipe de chercheurs et une entreprise de sucre testent la possibilité d’utiliser l’agave bleu pour fabriquer de l’éthanol et d’autres coproduits.
La publication récente d’un article de chercheurs australiens et internationaux des universités de Sydney, d'Exeter et d'Adélaïde fait état de la possibilité d’utiliser l’agave bleu (plante de la famille des Asparagaceae, connue pour entrer dans la composition de la tequila au Mexique) comme base pour produire du carburant de type bioéthanol mais aussi des désinfectants pour les mains.
L’expérimentation est conduite dans l’extrême nord de l’Australie par MSF Sugar (un spécialiste intégré de la canne à sucre) et s’avère intéressante à plusieurs niveaux dans le processus de production de biocarburants. Tout d’abord, les agaves peuvent pousser en milieu semi-aride (comme au Mexique et dans le sud des Etats-Unis par exemple) et sont donc résistants à la chaleur (une qualité intéressante au temps du changement climatique). Ils ne nécessitent pas de système d’irrigation, ne rentrent pas en concurrence avec d’autres cultures vivrières et sont peu gourmands en engrais.
Intérêts multiples
Les auteurs de l’étude affirment que le rendement de l’agave s’élève à 7 414 l/ha/an contre 9 900 l/ha/an pour la canne à sucre brésilienne et 3 800 l/ha/an pour le maïs étatsunien. Toujours selon les chercheurs engagés dans ces travaux, l’agave se révèle bien plus intéressante que les deux autres matières premières agricole qui lui sont comparées en termes d’impacts sur le cycle de l’eau (eutrophisation des eaux douces, écotoxicité marine, consommation d’eau…). Il consomme 69 % moins d’eau que la canne à sucre et 46% moins d'eau que le maïs pour le même rendement, selon l’étude. L’agave, récoltée à 5 ans et à partir de 3 000 plants dans l’expérimentation actuelle (50 000 plants bientôt disponibles), présente aussi des avantages non négligeables en matière de cycle de l’utilisation en énergie carbone et d’impact sur le réchauffement climatique. En revanche, l’impact sur l’utilisation des sols (surface occupée par unité d’éthanol produite) est nettement plus important par rapport au maïs et quasi égal par rapport à la canne à sucre.
Pour l’heure, il s’agit bien de R&D et la production de bioéthanol d’agave ne serait pas viable économiquement sans soutien du gouvernement. « Seul l'Agave tequilana a été importé par nos collègues agronomes pour ce processus de recherche. Apparemment, A. tequilana utilise une levure spéciale appelée Saccharomyces (NDLR : levure de bière et levure du boulanger) tandis que les autres espèces d'agave nécessitent une souche de levure différente car elles peuvent être toxiques pour Saccharomyces. De plus, A. tequilana est censé être à haut rendement, en éthanol, selon la littérature » explique Daniel K. Y. Tan, professeur associé à l’école des sciences de la vie et environnementales de l’université de Sydney.
Côté industriel justement, les responsables de MSF Sugar expliquent qu’ils cherchent à trouver des débouchés industriels pour utiliser toute la plante. Des pilotes sont menés pour extraire la cire des feuilles pour fabriquer de la cire mais Agave Tequilana pourrait aussi être utilisé pour l’alimentation animale, le sucre, l’électricité… Masi attention, pour récolter l’agave, il faudra aussi adapter les machines de « moisson » et construire une usine d’extraction distincte de celles existantes pour la transformation de la canne à sucre en sucre.
Référence de l’article : “Agave : a promising feedstock for biofuels in the water-energy-food-environment (Wefe) nexus”. Publié dans le Journal of Cleaner Production. A découvrir (en anglais) sur : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0959652620313305?via…