La restructuration de la meunerie toujours au premier plan
Tendance – D’après les fiches statistiques 2009 de l’ANMF, face à un contexte difficile et un environnement qui tend à se complexifier, la filière doit continuer à s’adapter
POURSUITE de la restructuration, baisse des exportations de farines, recul du chiffre d’affaires... Voici quelques éléments clés de la filière meunerie, à l’occasion de la parution des fiches statistiques 2009 de l’ANMF.
Poursuite de la restructuration en 2009
L’intensification de la restructuration du secteur de la meunerie était l’un des points marquants de l’année 2008. 25 % des 100 premières entreprises meunières françaises avaient ainsi changé de main sur les 18 derniers mois. « En 2008, une entreprise très importante du secteur a été cédée par ses propriétaires. En 2009, nous n’avons pas d’entreprise aussi importante qui a changé de main », assure Joseph Nicot, président de l’ANMF. « Mais notre profession poursuit sa restructuration. D’une part, nous sommes toujours confrontés à des difficultés de transmission, et d’autre part la répercussion de la nouvelle donne sur le marché du blé (fluctuation) implique un mode de gestion plus risqué pour certains meuniers. » Néanmoins, en 2009, on recense plus d’unités de production qu’en 2008, à 454 contre 451. Une augmentation due, rappelons-le (cf. La dépêche du 23 juillet), à l’évolution de la réglementation concernant le contingent en meunerie.
La production de farine est restée stable à 4,42 Mt pour 5,69 Mt de blé écrasé. Du côté de la consommation et des débouchés sur le marché français, les changements sont infimes. La panification reste bien entendu le débouché primordial sur le marché intérieur, avec 65,2 % des utilisations, soit 2,63 Mt grignotées. A noter, la bonne progression de la farine biologique, qui gagne 28 % sur l’année. Même si les volumes, qui atteignent 52.984 t en 2009, soit plus de 1,3 % du volume du marché intérieur, restent encore faibles. « La demande sur les farines biologiques est très soutenue, et on peut s’attendre à un maintien de cette tendance puisque les industriels seront très présents sur le marché. Pour illustration, les rayons bio dans les grandes surfaces qui prennent de l’importance », ajoute Joseph Nicot.
Complexification du marché africain
Quelque 661.605 t de farines françaises ont trouvé preneurs à l’export en 2009, contre 687.525 t en 2008. Un repli de 3,8 % qui s’explique par une demande moins présente de la Lybie, qui a totalisé 3,8 % des envois contre 11,9 % en 2008. La concurrence locale africaine est en effet exacerbée. La Côte d’Ivoire, le Mali et la Guinée se sont équipés de nouveaux moulins qui ont pu pour certains perturber fortement les marchés. La concurrence turque, de retour avec une meilleure récolte, peut expliquer également cette perte de tonnage.
Malgré cette tendance à la baisse sur les marchés africains, quelques pays restent des valeurs sûres pour l’offre française, comme l’Angola, qui a pratiquement doublé ses importations de farines françaises, passant de 15,9 % en 2008 à 30,9 % en 2009. Concernant les exportations de pain, les ventes soutenues de la boulangerie industrielle en 2009 contribuent à la croissance de 6 % de ce marché, à 180.363 t contre 170.244 t en 2008. « L’exportation des pains précuits, surgelés ou en conservation sous vide, a connu une forte augmentation ces dix dernières années. Les tonnages sont désormais connus plus précisément. Les pains français, reconnus dans l’ensemble comme des produits de luxe, sont exportés essentiellement vers les pays de l’UE et nordiques. Le pain français connaît donc un intéret à l’export, y compris sous forme industrialisée », indique Joseph Nicot.
Un chiffre d’affaires en repli
Autre fait marquant de 2009 : le chiffre d’affaires à 1,90 Md€, contre 2,18 Md€ en 2008, tout de même au-dessus de la moyenne quinquennale. « Nous constatons une légère augmentation des volumes en 2009, notamment des farines pour la panification. Selon les indices Insee, la baisse du chiffre d’affaires s’explique par celle du prix de vente des farines, consécutive au repli des prix du blé », précise Joseph Nicot.
Le début de la campagne 2010/2011 est pour le moins explosif, avec notamment les inquiètudes sur les pays de l’Est. Mais comme le remarque Joseph Nicot, « qui peut prévoir aujourd’hui le marché à la fin de l’année ou au printemps ? La meunerie devra s’adapter aux données économiques qui lui seront imposées. Tout comme elle n’a pas ménagé ses efforts pour proposer, à la suite du choc 2007-2008, diverses mesures concernant les marchés physique et à terme : la constitution de stocks de réserve et la demande d’informations complémentaires qu’Euronext ne délivre pas, dont les données sur les intervenants financiers sur le marché. Le premier dossier n’a pas évolué. Le second progresse régulièrement, mais tout le monde pourrait convenir que les informations seraient les bienvenues. »