Guerre en Ukraine - L’UE, l’Ukraine et ses voisins à la recherche de consensus sur le commerce des grains
Les premiers échanges entre l’Ukraine et ses voisins se mettent en place, dans le cadre du plan déposé par la première auprès de l’UE. Des navires quittent à nouveau la zone portuaire d’Odessa.
Les premiers échanges entre l’Ukraine et ses voisins se mettent en place, dans le cadre du plan déposé par la première auprès de l’UE. Des navires quittent à nouveau la zone portuaire d’Odessa.
Après l’annonce par l’UE, le 15 septembre, de la fin des interdictions d’importations de quatre types de grain (blé, maïs, colza tournesol) en provenance d’Ukraine via la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie, les relations politiques et commerciales se sont un peu tendues entre ces différents pays. Pour mémoire, la Pologne avait décidé de façon unilatérale, tout comme la Hongrie ou encore la Slovaquie, de maintenir cette interdiction dans un premier temps, la Bulgarie et la Roumanie s’alignant sur la position de la Commission européenne.
Lire aussi : L'Ukraine porte plainte à l'OMC contre la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie
A noter que, depuis, le président Zelensky s’est entretenu, le 20 septembre, avec Ursula von der Leyen , président de la Commission européenne, le président roumain Iohannis et la vice-première ministre bulgare Mariya Gabriel sur les moyens de maintenir en place le principe de marché unique et sur l’accès des produits agricoles ukrainiens au marché de l’UE.
I held a meeting with 🇪🇺@vonderleyen, 🇷🇴@KlausIohannis, and 🇧🇬@GabrielMariya on ways to uphold the single market principle and access of Ukrainian agricultural products to the EU market.
— Volodymyr Zelenskyy / Володимир Зеленський (@ZelenskyyUa) September 20, 2023
The Joint Coordination Platform allows us to maintain active dialogue and solve all… pic.twitter.com/bwBGe3y5sw
Travailler ensemble pour contrôler les flux
Cependant, les positions évoluent depuis cette date. L’Ukraine et la Pologne, qui se sont sérieusement opposées après le 15 septembre, ont fait savoir depuis qu’un entretien entre leurs deux ministres de l’Agriculture avaient eu lieu jeudi 20 septembre, assurant que des discussions auront lieu « dans les prochains jours » sur le sujet des échanges agricoles. Robert Telus, le ministre polonais de l’Agriculture a cependant bien précisé que « l'intérêt de l'agriculteur polonais » était « le plus important » et a appelé les dirigeants ukrainiens à abandonner leur procédure à l’OMC.
La Slovaquie et l’Ukraine ont également échangé sur le sujet des flux de grains entre les deux pays, notamment via un entretien en ligne entre les deux ministres de l’Agriculture concernés (Mykola Solskyi pour l’Ukraine et Josef Bires pour la Slovaquie).
Des licences import/export
Un accord devrait être conclu « aussi vite que possible » selon les deux ministres, sur la base du plan présenté par l’Ukraine à la Commission européenne le 18 septembre et un mécanisme de licence à préciser. Pour l’heure, la Slovaquie maintient les interdictions d’importations sur les quatre types de grains visés, jusqu’à fin 2023 a priori. Les autorités slovaques auraient aussi demandé à l’Ukraine de stopper son action auprès de l’OMC.
La Roumanie, plaque tournante des sorties de céréales ukrainiennes depuis le début du conflit entre l’Ukraine et la Russie, a également indiqué, par la voix de son ministre de l’Agriculture Florin Barbu, qu’elle travaillait sur un plan de contrôle des exportations ukrainiennes en vue de « protéger les agriculteurs » de son pays. Là encore, l’idée est de mettre en place un système de licence à l’exportation, sous trente jours, dans le cadre des propositions faites par l’Ukraine à la Commission. Avec deux précisions importantes de la part du ministre : des licences d’importations seront accordées uniquement aux agriculteurs et aux industriels de la transformation roumains qui ont besoin de réapprovisionner leurs stocks mais en aucun cas aux intermédiaires ; des contrôles de sécurité alimentaire seront mis en place pour toutes les importations concernées.
Des bateaux quittent le port de Tchornomorsk
Alexandre Koubrakov, ministre ukrainien du Développement, des Territoires et des Infrastructures a annoncé que le bateau Aroyat, battant pavillon des îles Palaos (Micronésie) avait quitté le port de Tchornomorsk, dans la région portuaire d’Odessa, le 22 septembre avec à son bord 17 600 t de blé à destination du port égyptien d’El Dekheila. C’est le deuxième bateau à quitter les eaux ukrainiennes à partir de ce grand port maritime en eaux profondes (le premier était le Resilient Africa, sous pavillon également des Palaos, le 19 septembre, avec 3 000 t de blé vers l’Asie ; à l’ancre en Turquie actuellement et attendu le 27 septembre en Israël)). Depuis le début du conflit entre la Russie et l’Ukraine et l’abandon de l’accord Initiative grains en mer Noire par la Russie le 17 juillet, plus aucun bateau ne quittait les quais. Les nouveaux départs se font sous l’égide de corridors provisoires mis en place par l’Ukraine et sous la protection de sa propre force navale. Trois autres navires sont annoncés à l’arrivée à Tchornomorsk et Pivdenny (ou Youjne) dans les jours à venir pour charger un total de 127 000 t de marchandises (agroproduits et minerais de fer) à destination de la Chine, de l’Egypte et de l’Espagne. Il s’agit de l’Azara, du Ying Hao 01 et de l’Eneida.