France – Une conjoncture économique en demi-teinte
L’Insee vient de publier ses prévisions de conjoncture pour le premier semestre 2024. Tour d’horizon.
L’Insee vient de publier ses prévisions de conjoncture pour le premier semestre 2024. Tour d’horizon.
Dans sa nouvelle note de conjoncture, datée du 14 mars 2024 et sous-titrée « La reprise se fait attendre », l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) présente un tableau mitigé de l’économie française.
Croissance et inflation
Remise dans un environnement international, la France performe moins bien que les Etats-Unis mais va mieux que son principal voisin, l’Allemagne. La zone euro enregistre une activité économique « étale » depuis 2022. Cela donne une croissance économique (PIB) plutôt faiblarde : 0,5 % d’acquis de croissance à la fin du premier semestre 2024 avec un premier trimestre à 0 et une progression de 0,3 % au second, après +0,9 % en 2023 et +2,5 % en 2022.
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Globalement, l’activité hexagonale souffre encore des différents mouvements de resserrements monétaires décidés par le passé, au point que les entreprises freinent leurs investissements et les ménages conservent un taux d’épargne élevé par rapport à sa moyenne long terme. « En février 2024, le climat des affaires se situe un peu en deçà de sa moyenne de longue période », notent les spécialistes de l’Insee qui précisent aussi que « les enquêtes de conjoncture témoignent par ailleurs d’une divergence inédite des situations conjoncturelles entre secteurs ».
Un point nettement positif se situe du côté de l’inflation, qui continue de décroître. « En France, l’épisode inflationniste s’estompe : l’inflation, au sens de l’indice des prix à la consommation, est tombée à +2,9 % sur un an en février 2024 (selon l’estimation provisoire) contre +6,3 % un an plus tôt et ce reflux se poursuivrait à +2,6 % en juin. La composition de l’inflation a toutefois beaucoup changé : les prix alimentaires et des produits manufacturés tendent à se stabiliser et l’inflation est désormais majoritairement portée par les prix de services ».
L’inflation alimentaire a été en effet de façon inhabituelle la principale contributrice à l’inflation d’ensemble entre septembre 2022 et septembre 2023. Changement de cap en 2024 : « s’établissant à +3,6 % en février 2024 sur un an, elle poursuivrait en prévision son reflux entamé au printemps 2023, et atteindrait +1,2 % en juin 2024, soit le glissement annuel le plus bas observé depuis janvier 2022. Cette prévision s’inscrit dans le sillage du recul des prix à la production des industries agroalimentaires. En particulier, l’évolution des prix des produits alimentaires hors frais au mois le mois se normaliserait par rapport à la poussée inflationniste de 2022 et 2023. L’effet des renégociations commerciales, dont l’ampleur est susceptible d’être accrue à la suite du mouvement social des agriculteurs, reste toutefois un aléa de la prévision », précise la note de conjoncture.
Production et consommation alimentaire
La production agricole se maintient en ce début d’année au niveau des deux derniers trimestres de 2023 : +0,4 % pour janvier mars 2024 et +0,3 % pour avril juin 2024 après +0,4 pour juillet-septembre 2023 et +0,3 % pour septembre-décembre 2023. Quant à la production de denrées alimentaires (IAA), elle retrouve carrément des couleurs avec +1,2 % prévu au premier trimestre de cette année contre des replis de -1,2 % pour les deux premiers trimestres précédents.
Autre élément favorable, une toute petite hausse du pouvoir d’achat des ménages, qui pourrait conduire à une « timide remontée de la pente » pour la consommation des produits alimentaires, « après deux années de recul inédit ». Les prévisions de consommation alimentaire des ménages indiquent +0,3 % et +0,2 % respectivement pour le premier et le second trimestre 2024 contre des reculs de -3,1 % en 2022 et surtout -5,2 % en 2023.
Le cas de la Chine
Depuis quelque temps maintenant, il est acquis que l’activité économique de la Chine est bien moins dynamique que dans un passé récent. Le PIB ne devrait croître que de 5 % en 2024 selon les dirigeants du pays contre plus de 7 % en moyenne dans les années 2010. Le FMI prévoit + 4,6 % et les Chinois indiquent eux-mêmes que le niveau des 5 % sera difficile à atteindre. Tous ces niveaux sont de toute façon insuffisants pour assurer une réelle croissance. Et compte tenu de la taille commerciale de ce marché et de ses interconnexions avec le reste du monde, des inquiétudes ou des interrogations naissent en rapport avec ce ralentissement. A l’issue de sa session parlementaire annuelle, close le 11 mars, il ressort que la crise dans l’immobilier et l’augmentation du chômage en Chine sont les deux problématiques les plus ardues à régler dans l’année par le gouvernement chinois. Autre aspect potentiellement inquiétant : une consommation des ménages qui ne se redresse pas depuis début 2022. Couplé à cela, des prix de l’alimentation en chute libre depuis six mois (notamment sur le segment du porc) mais qui ont tendance à se stabiliser tout récemment. Le vieillissement démographique du pays est une question structurelle également de plus en plus prégnante. En théorie, un recul de 5 % de la demande en Chine pourrait provoquer une perte de 0,1 à 0,2 point de PIB en France (le double en Allemagne). Mais l’Insee précise cependant que le ralentissement de la demande chinoise, s’il pénalisait les exportateurs français, aurait un effet baissier sur les cours des matières premières : mauvaise nouvelle pour les céréales et le commerce extérieur de la France mais bonne nouvelle pour le pétrole et la croissance hexagonale.